Tous l’assurent: Arnaud De Lie brillera sur les classiques
Gaëtan Bille, Boris Dron et Thomas Deruette ont tous trois eu la chance de rouler chez les pros. Ils ne cachent pas leur admiration devant les exploits d’Arnaud De Lie.
Publié le 22-02-2023 à 10h34 - Mis à jour le 22-02-2023 à 10h35
Gaëtan Bille (de 2011 à 2017), Boris Dron (de 2012 à 2016) et Thomas Deruette (de 2016 à 2018) ont, tous trois, derrière eux une expérience au plus haut niveau.
Professionnellement, ils sont restés dans le milieu du vélo. Gaëtan comme entraîneur diplômé Uci et spécialiste de la position sur le vélo ; Boris et Thomas, comme employés dans des magasins de cycles, à Tintigny et au Grand-Duché. Les deux derniers pratiquent toujours la discipline pour le plaisir.
Ils sont, évidemment, très attentifs aux exploits d’Arnaud De Lie, dont ils sont de fervents supporteurs. Et comme tous les aficionados du leader de la Lotto Dstny, ils ne cachent pas leur impatience de découvrir ses grands débuts au Nieuwsblad, à Paris-Nice et Milan – San Remo face à la crème du WorldTour.
À quelques heures de l’ouverture de la saison en Belgique, nous avons souhaité connaître leurs avis, leurs analyses, leurs attentes aussi sur l’entame de carrière professionnelle du prodige lescheretois.
Nous leur avons posé cinq questions.
1. Quel sentiment vous inspire le début de saison d’Arnaud ?
2. Votre avis sur sa double participation aux Flandriennes ce week-end: Het Nieuwsblad et Kuurne-Bruxelles-Kuurne ?
3. N’est-ce pas prématuré de le lancer sur les 300 km de Milan – San Remo ?
4. Quelle sera la première classique à figurer à son palmarès ?
5. À quel crack du cyclisme vous fait-il penser ?
Boris Dron : "Un mix de Boonen et de Gilbert"

1. Je m’attendais à ce qu’il ouvre rapidement son palmarès. Mais de là à en gagner neuf et avec la manière… Je retrouve cette fulgurance cette année. Je pense même qu’Arnaud a passé un cap, tant il est impressionnant. Or je me disais qu’au vu de sa notoriété, cela risquait d’être plus compliqué avec une concurrence aux aguets.
2. Un Jasper Stuyven a remporté Kuurne après avoir disputé le Nieuwsblad la veille, mais à 27 ans. Je ne me fais pas de souci pour Arnaud sur le Nieuwsblad. La distance (207 km) n’est pas très longue. Il a le niveau pour passer les bosses avec les meilleurs. Bien entendu, Kuurne correspond davantage à ses qualités. S’il n’est pas trop émoussé, il franchira sans souci le Kwaremont. Il restera alors aux Lotto à le protéger.
3. Je suis très content de le savoir retenu pour la Primavera. Bien sûr, on verra dans quelle condition physique il ponctuera Paris-Nice. Ce sera sa première grosse course par étapes et là-bas, on ne rigole jamais. Un jour, je pense qu’il pourra lever les bras au ciel sur la Via Roma. La distance ne doit pas lui poser problème. Milan – San Remo n’est pas la plus dure des classiques, mais elle se joue au placement. Ce sera un bon apprentissage.
4. Il inscrira la plupart des classiques à son palmarès. Les Flandriennes surtout. Gand-Wevelgem, À travers la Flandre… Mais Paris-Roubaix pourrait bien être son premier monument. En plus de sa puissance et de toutes ses qualités, c’est une tête brûlée quand il est sur son vélo.
5. Il a le gabarit d’un Tom Boonen mais aussi la résistance d’un Philippe Gilbert. Si on fait un mix des deux, on arrive peut-être à un Peter Sagan.
Thomas Deruette : "Kuurne 2023, Gand-Wevelgem 2024"

1. Personne ne pouvait imaginer pareille entrée en matière. Arnaud a toujours été un gagneur et s’est situé un cran au-dessus, mais là, on découvre qu’en plus de sa vitesse et de sa puissance, il passe les bosses. C’est un phénomène, tout simplement.
2. Je reste perplexe. N’était-il pas préférable de ne l’aligner que sur Kuurne ? D’un autre côté, on peut comprendre la décision de Lotto, qui tient en Arnaud un candidat à la victoire, sachant aussi que les deux courses tournent autour des 200 km. Cela aura aussi valeur de test, car samedi, Arnaud franchit un palier avec toutes les grosses formations au départ.
3. La distance ne me fait pas peur. À Milan – San Remo, tout se résume souvent à une question de placement. S’ils sont trente au sommet de la Cipressa, je suis sûr qu’Arnaud sera présent. Dans le Poggio, ça risque d’être plus compliqué si un Pogacar place une mine très tôt, mais qui sait ? Dans la descente, il ne doit craindre personne.
4. Une Flandrienne. Kuurne ou À travers la Flandre dès cette année. Gand – Wevelgem l’an prochain. À mes yeux, au vu de son âge, ce serait déjà extraordinaire, mais on sait qu’Arnaud constitue une exception. Avec lui, on peut s’attendre à tout. Comme il le démontrait déjà chez les jeunes, notamment en venant gagner toutes les étapes de l’Arden Challenge…
5. Comme beaucoup, je vois en lui une ressemblance avec Tom Boonen. Il est capable de tenir bon sur un sprint long. Mais au vu de ce qu’il démontre, il est clair qu’Arnaud s’apparente à un champion bien plus complet qu’un pur sprinter.
Gaëtan Bille : "Où était van Aert à 20 ans ?"

1. Qui pouvait rêver d’une telle entrée en matière ? C’est inouï. On doit chercher parmi les superlatifs pour le décrire. Et là, on voit qu’il a encore franchi un palier. Arnaud est bien plus qu’un sprinter.
2. J’espère me tromper, mais je ne comprends pas sa direction. Ces deux courses ne sont pas très longues, mais terriblement exigeantes. Il ne faut pas oublier que le Nieuwsblad, c’est un petit Tour des Flandres. Son programme initial avec le Samyn dans la foulée de Kuurne me séduisait davantage. Il allait surtout aborder Kuurne avec un gros avantage sur la plupart de ses adversaires: de la fraîcheur. En plus, il s’attaque à Paris-Nice quelques jours plus tard. C’est vraiment du lourd !
3. Pour Milan – San Remo, j’applaudis des deux mains. Ce sera un bon exercice. Rapidité et stratégie sont les mots-clefs de l’épreuve avec le placement. S’il reste au contact dans la Cipressa et le Poggio, tout est possible.
4. Je miserais bien sur Kuurne, mais pour un coureur, toutes les victoires sont bonnes à prendre. Il faut rester calme, ne pas lui mettre trop de pression. Il faut aussi savoir tenir compte des circonstances de course. N’oublions pas qu’il n’a que 20 ans et se frotte à des Pogacar, Evenepoel, van Aert, van der Poel et d’autres cracks en pleine maturité. Où était Wout van Aert sur la route à 20 ans ?
5. Beaucoup le comparent à Sagan. Notamment par sa manière de courir. C’est sûr qu’il est davantage qu’un sprinter. Mais comme il est parti là, je pense qu’on ne devra plus le comparer à quelqu’un d’autre. Ce sera du De Lie, point final.