Jérôme Martiny, 32e du Dakar : "Vais-je y retourner une troisième fois?"
Jérôme Martiny, seul pilote belge au départ du Dakar 2023, hésite à participer une troisième fois.
Publié le 16-01-2023 à 16h21 - Mis à jour le 16-01-2023 à 16h31
:fill(000000)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/4XY5XHCAQNDAXEGKZW4GFZVPFE.jpg)
Jérôme Martiny, avec une nuit de recul, comment jugez-vous votre Dakar 2023 et cette 32e place au classement général ?
Ma course a été bonne, je suis arrivé au bout, ce qui est l’objectif principal, et puis je termine tout proche de la 30e place que j’espérais accrocher. J’ai perdu 1h30 à cause de deux ennuis mécaniques. Sans cela, je serais 28 ou 29e. J’ai néanmoins bien géré ces soucis grâce à une bonne connaissance de la moto ; les conséquences auraient pu être pires.
Vous étiez le seul pilote belge, vous l’avez ressenti ?
Oui, j’ai reçu des tonnes de messages tout au long de l’épreuve, j’en ai lu énormément dimanche soir, à l’hôtel, à la fin de la course. L’engouement était beaucoup plus grand que l’an dernier. C’est agréable de se sentir suivi à ce point.
Et si vous deviez analyser votre course ?
Déjà, le Dakar 2023 était beaucoup plus corsé que le 2022. Par la longueur des étapes, par les journées éreintantes, par la météo avec des étapes sous la pluie pendant des heures. J’ai terminé trempé trois ou quatre fois au moins. Au quatrième jour, je me suis demandé ce que je faisais au Dakar tellement c’était dur. Mais sur la fin, j’étais mieux. Je n’aurais pas dit non à un jour ou deux de plus de course.
Ce Dakar a connu 60 abandons environ, comment l’expliquez-vous ?
Par la difficulté. C’était le retour du vrai Dakar, rude, la météo n’a rien arrangé. Les pièges étaient nombreux, il faut être concentré en permanence.
Qu’est-ce qui est le plus dur ?
La fatigue, le passage des dunes. Il y a des dunes cassées, c’est-à-dire un trou béant au bout d’une ligne droite. Là, il n’y a qu’une seule chose à faire, freiner et prier pour ne pas tomber lourdement. J’ai évidemment eu de nombreuses frayeurs avec ces dunes ou avec des pierres que vous heurtez à 150 km/h.
Dans quel domaine avez-vous progressé par rapport à 2022 ?
La navigation, qui était plus simple certes, mais je n’ai commis aucune erreur cette fois. Mes expériences en Andalousie et au Maroc ont été précieuses. J’étais plus serein également, moins stressé au départ.
Que vous manque-t-il pour grappiller des places au général ?
Je ne peux pas rivaliser avec les meilleurs, qui sont professionnels : ils roulent toute l’année pour préparer le Dakar avec des motos hyperbien préparées. C’est leur métier et je ne voudrais pas avoir leur vie.
Pas sans l’accord de Cynthia
Vous n’avez jamais voulu devenir pilote professionnel ?
Comme tout le monde, plus jeune, j’en ai rêvé. Mais désormais, c’est trop tard et je pense qu’il ne faut pas avoir de famille pour ce métier car vous êtes à l’étranger tout le temps, vous prenez des risques tous les jours. Bref, terminer deux fois le Dakar pour un pilote comme moi, c’est mieux que ce que j’avais espéré. Même si je pourrais gagner quelques places avec une moto neuve et encore plus d’expérience.
Vous êtes partant pour une troisième participation ?
Je ne sais pas du tout, je suis lessivé après ce Dakar. Je dois me remotiver et trouver un nouveau défi peut-être. De toute manière, la condition numéro une est l’accord de Cynthia, ma femme. Si elle dit non, on ne va pas plus loin. Mais si elle dit oui, on réfléchira ensemble. Et il faut aussi que les sponsors me suivent encore. J’ai eu beaucoup de chance de compter sur eux d’ailleurs.
Vous avez vécu dans le bivouac pendant 15 jours, souvent sans réseau et donc de communication : ce n’était pas trop dur ?
Si, j’ai eu quelques coups de blues quand je ne pouvais pas appeler ma femme et mes enfants. Je devais m’arrêter au milieu d’une liaison pour avoir du réseau. Mais je pense avoir bien géré l’aspect émotionnel d’un tel voyage. Je suis content de rentrer pour les voir, avec la médaille de finisher.
Vous parlez de fatigue, de coup de blues. Vous avez néanmoins apprécié ce Dakar ?
Oui, oui, évidemment. Et encore plus à l’arrivée (sourire). J’ai pris mon pied, mais tout n’est pas rose non plus. Rouler 8 000 km dans des conditions pareilles, il faut être solide mentalement.
Quel est le programme du reste de la saison ?
Je vais continuer à rouler à l’AMPL. Sans pression, juste avec l’envie de m’amuser. Ce n’est pas le même sport du tout.