Jean-Sébastien Legros est entré dans l’histoire du foot luxembourgeois
Nommé à la tête de Seraing fin octobre, le Salmien Jean-Sébastien Legros est le tout premier Luxembourgeois à gagner un match en tant qu’entraîneur principal en Division 1 belge.
Publié le 14-01-2023 à 12h40 - Mis à jour le 17-01-2023 à 14h44
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Certes, il y a bien eu Michel Renquin en D1 suisse, Sébastien Grandjean, Pascal Carzaniga, Jean-Pierre Grandjean ou Francis Angonèse en D1 grand-ducale. Mais avant Jean-Sébastien Legros, nommé fin octobre à la tête de Seraing, aucun entraîneur originaire de la province de Luxembourg, n’était parvenu à remporter un match en tant qu’entraîneur principal d’une équipe de l’élite belge. Certes, le Martelangeois Étienne Delangre a-t-il officié à la tête des Zèbres de Charleroi au début de la saison 2002-2003, mais les onze rencontres qui ont précédé son limogeage se sont soldées par des défaites (7) ou des partages (4). Originaire de Grand-Halleux, Jean-Sébastien Legros, qui fêtera ses 42 ans en février, est donc entré dans l’histoire du football luxembourgeois lorsque ses Métallos ont pris la mesure d’Ostende le 7 janvier dernier. Nous l’avons rencontré au lendemain d’un derby face au Standard disputé dans des conditions dantesques.
Jean-Sébastien, vous savez que vous êtes le premier entraîneur natif de la province de Luxembourg à gagner un match en D1 ?
Non, j’ignorais complètement cette statistique. J’entre un peu dans l’histoire alors (rires).
Une histoire qui s’est sérieusement accélérée fin octobre quand êtes passé du statut de T2 à celui de T1 à Seraing. Vous avez hésité à reprendre le rôle de José Jeunechamps quand celui-ci a été remercié ?
Cette proposition, je ne l’ai pas vue arriver. C’était une surprise totale, mais aussi une belle opportunité. J’étais toutefois mal à l’aise à l’idée de prendre la place de José car notre duo fonctionnait bien et c’est lui qui m’a fait venir à Seraing en juin alors que je pensais poursuivre à Dison. J’en ai donc parlé avec lui et il m’a dit de foncer.
« Ce n’est pas non plus Anderlecht ou Bruges »
Sans penser que cela pouvait être un cadeau empoisonné pour quelqu’un qui venait à peine de découvrir le football de l’élite ?
C’est vrai que tout a été très vite ces derniers mois. Je suis conscient qu’aux échelons inférieurs, ils sont nombreux à attendre aussi leur tour, mais comme lorsque j’étais joueur, j’ai envie de retirer le maximum de ma carrière, de repousser mes limites même si je n’ai pas de véritable plan de carrière. Je n’ai jamais voulu m’installer dans le confort.
Et puis, ce côté meneur d’hommes, vous l’avez en vous depuis longtemps, non ?
Effectivement, j’ai souvent été capitaine là où j’ai joué. Et mon regard sur le foot n’a pas changé, c’est toujours l’intérêt collectif qui prime. Je ne supporte pas l’excès d’individualisme.
Composer désormais avec une pression nettement accrue, cela ne vous dérange pas ?
C’est clair qu’il y a une différence, notamment avec la médiatisation. Surtout à l’approche des matches et juste après. Mais ce n’est pas non plus Anderlecht ou le FC Bruges. Le challenge est difficile vu notre classement et notre budget, le plus petit de D1, mais je suis bien entouré et je me sens capable de le relever. Je ne sais pas si cela débouchera sur un échec ou une réussite, mais c’était une chance à saisir.
Et quand on y a goûté…
Je le répète, je suis ambitieux et je prends du plaisir tous les jours dans cette nouvelle fonction. Même si nous détenons la lanterne rouge et même si au quotidien, il y a des petits détails qui seraient susceptibles d’énerver un coach du top niveau. Moi qui viens de plus bas, cela ne me tracasse pas, je m’adapte sans rechigner car je n’ai pas connu le confort des grands clubs. Et pour mes joueurs, c’est un peu pareil.
Il y a des choses qui vous ont surpris depuis que vous avez découvert les coulisses du foot parmi l’élite ?
Pas spécialement, si ce n’est, comme je l’ai dit, cette médiatisation plus importante.
Devenir entraîneur, c’était un objectif que vous aviez en tête depuis longtemps ?
Oui. Dès l’âge de 22 ans, après mes études en éducation physique, j’ai suivi les cours pour décrocher le diplôme UEFA-B. Et vers la fin de ma carrière de joueur, j’ai poursuivi pour obtenir l’UEFA-A. Comme prof, je donnais cours dans un foot-études, donc j’étais déjà un peu amené à manager. À 38 ans, je me sentais encore capable de jouer, j’avais encore les jambes, mais j’ai pris la décision d’arrêter car je ne voulais pas me lancer dans le coaching trop tard.
Maturité tardive
Votre frère Guillaume continue, lui, de claquer des buts à 40 ans, avec Dison. Quand vous voyez évoluer les attaquants de D1 aujourd’hui, vous pensez qu’il aurait pu y faire carrière ?
J’en suis convaincu, oui, avec son sens du but. Il a eu deux ou trois opportunités pour le faire, mais il a privilégié son travail d’ingénieur et n’a pas saisi la balle au bond. Maintenant, lui comme moi sommes arrivés un peu plus tard à maturité dans le foot. Notamment parce que nous ne sommes pas passés par de véritables centres de formation. Peut-être que cela aurait pu changer certaines choses, mais c’est sans le moindre regret.
Quatre Luxembourgeois
Jean-Sébastien Legros n’est pas le seul Luxembourgeois de Seraing puisque trois joueurs de notre province font partie du noyau A. Le T1 des Métallos livre un avis sur chacun d’eux.
Timothy MARTIN. "Il a profité des blessures des autres gardiens pour saisir sa chance. Et sans avoir l’air d’y toucher, il signe de bonnes prestations. Il a beaucoup évolué de surcroît, dans son jeu, sa présence, alors qu’il avait quelques difficultés en début de saison pour s’adapter à l’intensité et aux charges de travail."
Valentin GUILLAUME. "Un garçon que j’apprécie et que j’ai beaucoup soutenu dans un début de saison compliqué. Il doit encore se développer, physiquement, en résistance, mais il a un réel potentiel. Il lit et sent le jeu plus vite que d’autres. En fait, il n’évolue sans doute pas dans l’équipe idéale pour lui car il est plus à l’aise en possession de balle. Mais j’espère l’utiliser davantage dans le futur."
Mathieu CACHBACH. "Il a un peu plus d’expérience que les deux autres. De par sa formation à Metz et le fait qu’il a déjà évolué en D1 la saison passée. Il a gagné en maturité, en confiance, en régularité. C’est quelqu’un qui devient important dans l’effectif."
VITE DIT
Clubs liégeois Originaire de Grand-Halleux, Jean-Sébastien Legros a vécu dans ce village de la commune de Vielsalm jusqu’à ses 23 ans. Avant de s’établir à Lierneux après son mariage, puis à Banneux. Au football, quasi invariablement comme milieu de terrain, il a débuté à Grand-Halleux, avant de passer par Stavelot, le FC Liège, La Calamine, Eupen, Visé, Dudelange, Liège encore et Hamoir pour y finir sa carrière de joueur.
Double montée Dans la foulée, il a pris les rênes de Dison en 2019. Il a hissé le club disonais de P1 en D2 ACFF avant de rejoindre Seraing, comme T2, au début de cette campagne. Le 31 octobre, il a pris le relais de José Jeunechamps après le limogeage de ce dernier.
BasketIl était prof de sports au foot-élite de l’institut Saint-Michel de Verviers avant de passer dans le foot professionnel cette saison. Son épouse, une ex-basketteuse, travaille au centre Adeps d’Engreux. Ses deux enfants, âgés de 6 et 10 ans, jouent au basket aussi.