Ousmane Sow (Durbuy) : « Je peux faire disparaître le club de Libramont »
Quelques heures après les incidents à Libramont – Durbuy, Ousmane Sow était toujours aussi remonté.
Publié le 09-01-2023 à 18h31 - Mis à jour le 09-01-2023 à 18h32
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Les Durbuysiens ont pété les plombs dimanche à Libramont. Ils évoquent des insultes racistes de la part de Samuel Bodet, mais aussi de plusieurs autres personnes. "Depuis que je suis arrivé dans ce championnat, j’entends tout le temps des injures sur mon équipe, commence Ousmane Sow. Tant que cela vient du public et que cela reste correct, je m’en moque. Parfois, cela me fait même rire. Je sais que Paris, la ville d’où nous venons, n’est pas l’endroit préféré de France. Mais quand l’entraîneur adverse lâche à deux reprises qu’il espère que ‘‘les sales noirs vont dégager’’, je ne peux pas laisser passer. Au match aller, la rentrée avait déjà été chaude. Des propos racistes avaient été prononcés. Je n’ai rien dit, j’ai laissé passer, je pouvais comprendre leur frustration. Mais des gens de l’ACFF et des journalistes de la RTBF étaient là et ils ont également tout entendu. Le coach adverse assure qu’il n’a pas tenu de tels propos ? C’est sa parole contre la mienne. Mais j’ai 48 ans, pourquoi aurais-je inventé tout cela ? Pourquoi aurais-je pété un plomb alors que nous prenions un point après avoir été menés 3-0 et en étant à dix ?"
Et lorsque Ousmane Sow entend "que c’est toujours la même chose avec Durbuy", il monte au créneau. "Allez interroger les gens de Habay, Aywaille, La Calamine, Ciney, Rochefort, Herstal, Mormont, Sprimont ou même Marloie, dit-il. Il ne s’est jamais rien passé. Quand je lis qu’on crie au racisme dès qu’on perd un match, je rigole. Je rappelle que face à Marloie, nous n’avons rien demandé, c’est l’arbitre qui a sifflé la fin de la rencontre. Mais, même avec les dirigeants, le coach et les joueurs de Marloie, tout s’est bien passé. Nous sommes repassés à la buvette. Chez nous, nous ne pouvons rien vendre car nous n’avons pas de buvette. Nous offrons donc tout aux adversaires. Et croyez-moi, les tables sont bien pleines. Nous avons terminé des matches à dix, nous avons parfois pris dix buts, mais tout s’est toujours bien passé. Tout ce que je dis, c’est factuel."
« Tout a été filmé et ce qu’on entend, c’est honteux »
Un peu plus tard dans la conversation, Ousmane Sow assure qu’il ne ment pas et qu’il peut le prouver. "J’ai pris mes dispositions depuis les événements face à Marloie, lance-t-il. J’avais des personnes avec une caméra dans les tribunes et j’avais une caméra à côté du banc (NDLR, celle qui suivait le Youtubeur Loris Giuliano ). Tout a été filmé et ce que j’ai entendu sur la bande sonore, c’est une honte. On ne parle plus de football ici, mais d’humain. Des gens de Libramont sont venus demander à Loris Giuliano pourquoi il nous défendait alors qu’il était blanc. Nous pourrions réaliser un buzz extraordinaire. Nous pouvons attaquer des gens pour propos racistes. Est-ce que je vais le faire ? Non. Mais c’est fini, nous n’allons plus rien laisser passer. Nous sommes des humains, nous avons le même sang que les autres, nous méritons le respect. Les vidéos de Loris Giuliano sont vues par trois millions de personnes. C’est le tiers de la Belgique. Je peux faire disparaître le club de Libramont. Je me garde aussi le droit de porter plainte contre l’entraîneur adverse. J’ai appris qu’il bossait comme kiné à Virton, le club de mon ami François (sic !) Bracconi. Nous sommes des éducateurs, nous sommes là pour éduquer avant tout."
Mais alors, si Ousmane Sow dispose de preuves concernant les faits de racisme dont lui et ses joueurs ont été victimes, pourquoi n’a-t-il pas encore diffusé les vidéos ou la bande-son ? Nous lui avons posé plusieurs fois la question avec le même résultat: il botte en touche. L’homme fort de Durbuy dit attendre une décision de la Fédération. "Nous ne sommes même pas encore fixés sur l’avenir de la rencontre face à Marloie. Cela s’est passé voici plus d’un mois et l’ACFF n’a pas encore tranché. Qu’attend la Fédération ? C’est à cause de cette non-décision que les gens peuvent continuer à faire des bêtises. Une réponse claire et des sanctions adéquates auraient calmé tout le monde dans la série. Ici, en laissant passer des choses pareilles, les autres clubs, comme Libramont dimanche, peuvent continuer. La Fédération n’ose pas prendre ses responsabilités. Des gens de l’ACFF étaient présents au match aller contre Libramont, d’autres étaient là à Marloie et je sais que des visionneurs étaient en tribune dimanche à Libramont. Moi, ce que j’attends, c’est un geste fort de la Fédération. S’il faut rejouer le match à Marloie, nous n’irons pas. Il faut taper fort. Si les mecs insultent et ne sont pas punis, pourquoi arrêteraient-ils ? C’est la Fédération qui organise les compétitions, elle doit prendre ses responsabilités. Que les gens continuent à éduquer leurs enfants à être racistes et il y aura une guerre civile. Cela peut arriver."
« Du racisme anti-blancs ? Ma femme est blanche ! »
Quand on fait remarquer à Ousmane Sow que du côté de Libramont, on évoque du racisme anti-blancs de la part des Durbuysiens, il soupire. "Mais pourquoi cela serait-il arrivé ? Mon épouse est blanche, je suis marié avec elle depuis 1991 et mes enfants sont métisses, répond Ousmane Sow. Notre gardien est blanc, il vit avec nous et il est super bien intégré. Demandez à Marco Onesti s’il a déjà été victime de racisme anti-blancs, vous verrez sa réaction. Je ne comprends pas comment on peut dire cela. Nous avons voulu faire du buzz avec la présence de Loris Giuliano ? Non, Loris est un partenaire. Il a compris ce qui se passait ici et il a été très choqué par les propos entendus et par le fait que rien ne bougeait. Mais avec lui, nous allons faire bouger les choses. Notre président, Naza, n’est pas content du tout. Je l’ai dit dimanche après le match et je le répète, nous avons la capacité de mobiliser beaucoup de monde. Les clubs qui vont nous héberger vont se faire de l’argent, mais ils vont devoir tout dépenser en stadiers. Je suis capable d’amener beaucoup de monde." Les clubs ne se feraient probablement pas autant d’argent qu’il ne le prétend: dimanche à Libramont, les ‘‘supporteurs’’ de Durbuy ont forcé l’entrée, refusant de payer leur ticket…