Sam Lefèbvre invité dans le salon d’Iniesta
Samuel Lefèbvre, responsable sportif de Marloie, a rencontré l’une de ses idoles, juste avant le Nouvel An. Il a pu échanger quelques passes… et boire quelques verres de vin avec Andrés Iniesta dans son village natal.
Publié le 04-01-2023 à 21h31 - Mis à jour le 05-01-2023 à 15h37
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Sa compagne a passé le réveillon du Nouvel An sans lui. Ce n’était pas prévu, et elle a un petit peu fait la moue. Mais quand on vous appelle le 23 décembre pour vous annoncer qu’un champion du monde vous invite chez lui la semaine qui suit, vous ne cogitez pas pendant des heures: vous réservez votre billet d’avion dans la seconde. C’est, en résumé, l’incroyable histoire qu’a vécue Samuel Lefèbvre en cette fin d’année 2022. Avec un cadeau de Noël inespéré: une rencontre avec Andrés Iniesta. Il raconte: "En 2010, Iniesta a investi dans un vignoble dans son village natal, Fuentealbilla. Et, personnellement, je me rends régulièrement en Espagne. J’avais découvert son vin dans une boutique et, depuis, je commande régulièrement des bouteilles. Plus d’un millier depuis un an et demi. Pas pour ma consommation personnelle, rassurez-vous ! J’ai fait découvrir ce vin à plusieurs copains, dans le monde du football, et beaucoup ont apprécié. Je passe donc des commandes groupées assez souvent."
« Un garçon à part »
Quelques jours avant les fêtes, la "Bodega Iniesta", nom du vignoble de l’ancien international espagnol, a lancé un concours sur Internet. En jeu ? Dix tickets pour participer à un tournoi amical avec Andrés Iniesta en personne. Près de 400 participants ont tenté leur chance. Mais quand son téléphone a sonné, le 23 décembre pendant le temps de midi, l’ancien T1 de Marloie a directement compris: "Voyant un numéro espagnol s’afficher, j’ai vite fait le rapprochement. On m’a dit que j’étais attendu à Fuentealbilla le 29 décembre, à 10 h".
Un rendez-vous que Samuel Lefèbvre n’aurait raté pour rien au monde. Il a même embarqué ses deux fistons de 17 ans dans l’aventure. "On a atterri à Alicante, j’ai loué une voiture et on s’est rendu dans le petit village où Iniesta a grandi, à 150 km de l’aéroport. Alors que je montrais la maison familiale à mes fils, Iniesta en est sorti en jonglant, avec son gamin. Et il s’est rendu, en toute simplicité, au lieu de rendez-vous, sans l’ombre d’un garde du corps."
Simplicité, le mot qui résume le mieux un Andrés Iniesta qui a passé toute la journée avec ses hôtes. "Assurément un garçon à part dans le monde du football professionnel, poursuit Samuel Lefèbvre. Alors qu’il a tout gagné dans sa vie, il dégage une humilité impressionnante. On sent qu’il n’aime pas attirer la lumière. Il préfère faire briller ceux qui l’entourent." Sur les terrains, comme en dehors. "En matinée, avec les autres invités et leurs enfants, on a pu jouer un peu avec lui, dans des matchs à cinq contre cinq. Le niveau n’était pas terrible. Sans me vanter, je pense que j’étais le meilleur footballeur parmi les invités (rires). J’ai joué contre Iniesta, puis avec lui. Ce qui m’a le plus marqué ? Le nombre de fois où il prend l’information. En deux secondes, alors qu’il n’y avait quasiment pas d’opposition, il a scanné dix fois ce qui se passait autour de lui. On sent que c’est naturel chez lui. Si je fais pareil, je chope un torticolis dans les deux minutes. Sa vision du jeu est telle qu’il joue presque tout le temps en une touche."
« J’ai voulu le faire marquer: impossible »
Comme Xavi ou Messi avant lui, Samuel Lefèbvre aura eu l’immense d’honneur de faire un double une-deux avec le génie espagnol. Et même de recevoir l’une ou l’autre passe décisive de l’ancienne légende du Barça. "J’aurais bien voulu lui rendre la pareille, mais il est tellement altruiste qu’il ne tire jamais au but. Même quand il n’avait plus qu’à pousser le ballon au fond, il faisait marquer quelqu’un d’autre. À sa place, Neymar aurait certainement enchaîné 17 coups du sombrero, cinq petits ponts et marqué d’une talonnade."
Après s’être fait servir le caviar par Iniesta le matin, place au pinard l’après-midi, avec une dégustation au menu. "Le matin, il y avait pas mal de monde, beaucoup de gens du village notamment. Mais l’après-midi était réservée exclusivement aux dix invités. Iniesta nous a invités, chacun notre tour, dans son salon personnel. C’est plus lui qui m’a posé des questions que l’inverse, au final. Il était même étonné que je sois venu de Belgique juste pour cette journée. Je n’avais pas du tout l’impression de parler avec un type qui a marqué en finale de Coupe du monde et qui a gagné quatre fois la Ligue des champions. Je lui ai fait signer deux, trois trucs, notamment mon brassard de coach, et il a réalisé une petite vidéo à destination de mes U9 de Marloie. C’était sympa. On a un peu parlé du centre de formation qu’il a lancé au Japon et il a même pris mes coordonnées pour m’envoyer de la documentation sur sa méthodologie. Je ne sais pas si je recevrai un mail un jour, mais cet homme transpire la générosité par tous les pores. Ce n’est pas un acteur, un type qui vit pour les caméras. Il aime la tranquillité, la discrétion. Il ne roule pas dans un bolide tape-à-l’œil. Ceci explique d’ailleurs son choix de terminer sa carrière au Japon. Il nous a expliqué que, là-bas, les gens sont très respectueux. Il peut vivre normalement. S’il se promène dans les rues de Barcelone, c’est l’émeute dans la seconde. Il n’aime pas cela."
L’inverse de CR7
L’ancien numéro 8 du Barça fait vivre tout un village, aujourd’hui. "Fuentealbilla doit compter 150 habitants à tout casser. Avec son vignoble, il fait vivre autant de familles. Il veut rendre au village ce que le village lui a donné. Il reste dans le top 10 des joueurs les mieux payés du monde, mais il en fait profiter les autres, loin des strass et des paillettes. Vous avez vu la présentation bling-bling de Cristiano Ronaldo dans son nouveau club en Arabie saoudite ? Eh bien Iniesta, avec son petit verre de vin à la main, c’était tout l’inverse."