Julien Watrin, convaincu de pouvoir aller plus vite
À quelques jours de ses 30 ans, le Gaumais Julien Watrin parle de son récent record, de corrections techniques et bien sûr de ses deux grands rendez-vous estivaux.
Publié le 15-06-2022 à 14h57 - Mis à jour le 16-06-2022 à 13h38
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Julien, ce record de Belgique du 400 haies (48.90) que vous avez récemment battu à Berne, vous l’attendiez si tôt?
Après mes courses à Hengelo et Genève, j’étais convaincu de pouvoir le battre dans de bonnes conditions et à Berne, c’était parfait. Je ne suis donc pas surpris, mais en revanche particulièrement soulagé d’avoir ainsi réussi le minimum pour les Mondiaux d’Eugene (NDLR: dans l’Oregon, du 15 au 24juillet). Je ne suis donc plus contraint désormais d’enchaîner les courses afin de me qualifier via le ranking et je vais pouvoir me concentrer sur le travail technique à l’entraînement. Je ne pouvais pas rêver mieux comme timing après la petite blessure encourue en mai. Il s’agira de mes premiers grands championnats internationaux outdoor sur un plan individuel et c’est une grande joie pour moi.
Et quand on y regarde bien, vous y parvenez et vous battez ce record national vieux de 26ans alors que vous n’avez pas encore énormément couru sur 400haies…
C’est vrai. Je suis convaincu d’avoir encore de la marge, de pouvoir aller plus vite. Je ne suis pas sorti de la course en me disant que tout était parfait. Il reste des corrections à apporter.
Parlons-en justement.
D’abord, au niveau vitesse, je n’ai pas encore retrouvé toute l’explosivité qui était la mienne cet hiver (NDLR: avec le record de Belgique du 400m à la clé). Concernant les foulées, le but, c’est d’aller en 13 foulées jusqu’à la 6ehaie. D’un point de vue biomécanique, ce n’est pas si facile. À Genève (NDLR: trois jours avant), je n’ai pas osé attaquer la haie suivante de la mauvaise jambe. Du coup, j’étais moins facile dans mon 2evirage. À Berne, c’est la dernière ligne droite qui a été plus difficile. En fait, c’est à Hengelo (NDLR: 6juin) que j’ai le mieux fini parce qu’il y avait un gros vent de face dans le 2evirage et j’avais donc pris moins de risques. Ce travail sur les 13foulées, je ne l’ai pas assez fait à l’entraînement à cause de ma blessure et parce que c’est encore nouveau pour moi. Je dois gagner en maîtrise. En fait, à ce stade-ci, chaque course reste encore pour moi une exploration, une sorte d’entraînement dont je dois tirer des enseignements. Toutes mes courses sont filmées et on analyse ça avec mon entraîneur spécifique haies, Bernard Leroy.
Votre coach François Gourmet évoque la possibilité de courir en Diamond League, face à des adversaires plus forts…
Je suis d’accord avec lui. Affronter des gars proches des 48 ou 47 secondes, ce serait idéal pour me préparer aux grandes échéances qui m’attendent. On songe à Stockholm le 30juin, mais je n’y crois pas trop; c’est difficile d’obtenir un couloir dans une telle course.
Et les prochains championnats de Belgique?
Je ne pense pas y aller. Il ne sert à rien d’enchaîner les courses désormais et la concurrence ne serait pas la même. Si je ne peux pas aller à Stockolm, je pourrais me rabattre sur le meeting international de Liège voire les championnats de France.
«Jamais été aussi forts»
Avec votre récent chrono, vous êtes désormais 4eau ranking européen, cela ouvre des perspectives pour le championnat d’Europe, prévu en août à Munich? Une finale par exemple?
Dans les trois athlètes qui me précèdent, il y en a même un que j’ai battu deux fois cette année. Mais Munich, c’est encore loin. Je ne pense pas vraiment à la place que je pourrais viser, mais plutôt à la manière d’abaisser mon chrono. Et puis avant de penser à Munich, on verra d’abord comment je vais me comporter à Eugene. Une de mes préoccupations sera aussi de récupérer au mieux entre ces deux rendez-vous distants de moins d’un mois. On va d’ailleurs solliciter un spécialiste en matière de récupération pour voir comment enchaîner au mieux les épreuves.
D’autant qu’il y aura le relais aussi?
C’est vrai. L’avantage avec ma qualification sur 400haies, c’est qu’on peut se déplacer à sept pour le relais; je peux être ajouté à la liste des six sélectionnés. Et comme il y a une belle densité d’athlètes de 400m en Belgique, Jacques Borlée devrait avoir du choix pour composer des équipes différentes en série et en finale. Les trois Borlée ont très bien couru à Berne mardi, Alexander Doom et Christian Iguacel viennent bien et j’espère que Jonathan Sacoor va pouvoir retrouver sa vitesse après ses pépins hivernaux. Quand on observe les chronos individuels, j’ai l’impression que nous n’avons jamais été aussi forts à ce moment-ci d’une saison. C’est de bon augure.