« Je ne reçois plus les coups, je les donne »
Revenu à un point du leader, Couvin, Givry peut rêver du titre. «Comme quatre ou cinq équipes», tempère le capitaine des Canaris, Jérôme Hinck.
Publié le 12-01-2016 à 05h00
Jérôme Hinck, Givry se pose désormais en favori dans la course au titre?
(rires). Non, non. Cette saison, il n’y a pas de favori. Personne ne se dégage et quatre ou cinq équipes peuvent croire au titre.
Dont Givry…
Nous sommes deuxièmes à un point du premier, à treize journées de la fin, donc ce serait mentir de dire que nous ne croyons pas en nos chances. Quand on regarde le classement, les statistiques, on se dit qu’on a un bon coup à jouer. Nous avons le meilleur goal-average (+17) et nous sommes la seule équipe de la série à avoir perdu moins de trois fois.
C’est la première fois que Givry se retrouve dans une telle position, depuis son accession à la Promotion…
Effectivement. Nous avons quasiment toujours terminé aux portes du Top 5, les années précédentes. On peut espérer davantage cette saison. Il reste treize finales à jouer. Mais je le répète, beaucoup d’équipes peuvent tenir ce discours.
Vous sentez plus de pression que les années précédentes?
Il n’y a pas de pression, à Givry. Vous connaissez beaucoup de petits clubs de village qui enchaînent sept saisons de rang en Promotion? C’est déjà un très beau bail.
Certes, mais cette année diffère des précédentes du fait qu’elle sera marquée d’une réforme. Si Givry n’intègre pas la D2 amateur, ce sera une sacrée déception, non?
Il est évident qu’on préfère affronter le FC Liège devant 3 000 spectateurs qu’un montant de P1 devant 50 personnes. On le sait, il s’agit d’une saison importante pour Givry. Si le club reste en D3 amateur, dans une série composée pour moitié de promus de P1, il fera un pas en arrière. Et si on rate le train cette année, ce sera compliqué de le rattraper, car sortir de la D3 amateur dans les prochaines années sera très compliqué. Bref, on connaît le deal: il faut terminer dans les trois premiers pour assurer le coup. Je pense que c’est important, pour la province, d’être représenté dans cette future D2 amateur. Derrière Virton, qui reste le porte-drapeau luxembourgeois, mais qui aligne peu de joueurs de la province, il y a une belle place à prendre.
Encore pouvoir parler de podium et surtout de titre en janvier quand on n’a remporté aucun de ses six premiers matches de championnat, c’est inespéré?
C’est clair. Voici deux mois, nous comptions douze points de retard sur Couvin. Si vous m’aviez dit, à l’époque, qu’on serait deuxième à un point du leader le 11 janvier, je ne l’aurais jamais cru. On a réalisé beaucoup de partages, mais prendre un point à Couvin ou à Solières, après avoir été mené 2-0, ce n’est pas un mauvais résultat. En revanche, le nul concédé contre Tamines me reste en travers de la gorge. J’espère qu’on ne regrettera pas, dans quelques mois, les deux points perdus ce jour-là à la maison, alors que nous menions 2-0 à 25 minutes du terme.
Ce dimanche, contre Couvin, vous auriez signé pour un point, à la mi-temps?
Oui, des deux mains. Quand tu es réduit à dix dès la 20e minute face au leader, tu ne peux pas te montrer trop gourmand.
Le tournant du match, c’est l’exclusion de Lenoir à un quart d’heure du terme, ou l’occasion énorme qu’il rate juste avant la pause?
L’occasion ratée. Car si l’attaquant de Couvin fait 1-2 juste avant le repos, on prend une sacrée claque. Revenir dans le match à dix contre onze aurait été très, très compliqué.
Vous apparaissez seulement au 14e rang dans notre classement individuel des cotations. On ne peut pas attendre mieux d’un Soulier d’or?
(rires). Comme l’équipe, je n’ai pas démarré la saison sur les chapeaux de roue, mais globalement, je n’ai pas l’impression de livrer une moins bonne campagne que l’an passé.
On est devenu plus exigeant avec vous, depuis votre consécration?
C’est possible. Certaines réflexions venues du bord du terrain me le laissent d’ailleurs penser. On me pardonne moins facilement une passe ou un contrôle raté, mais ça va, je le vis bien.
Éric Picart vous a confié le brassard en début de saison. Ça change un joueur, le capitanat?
J’essaye de parler plus. Par exemple, lors de notre déplacement à Arlon, j’ai parlé devant le groupe pendant au moins dix minutes, avant la rencontre. Je ne l’aurais jamais fait auparavant.
Vous avez dit quoi?
Que notre début de saison ne répondait pas à l'attente et qu'on devait se reprendre. Et aussi qu'il n'était plus question de chanter «Double prime» comme on l'avait fait à Waremme, après notre victoire 0-4 là-bas. Mais bon, je m'inclus dans la remarque, puisque j'ai participé aux chants (rires). Par ailleurs, je dois dire que les anciens m'aident beaucoup. Samuel Bodet, l'aîné de l'équipe, est autant capitaine que moi.
Vous avez récolté votre sixième carton jaune, dimanche. Une mauvaise habitude…
C’est vrai que je suis souvent jauni, mais plus pour les mêmes raisons que par le passé. Avant, j’étais averti pour rouspétances, parce que je me plaignais de prendre des coups. Aujourd’hui, je ne récolte plus des cartes parce que je prends des coups, mais parce que j’en donne (rires).
L’effet Picart?
En partie, oui. Avant qu’il n’arrive, je crois que je n’avais jamais taclé de ma vie. J’ai musclé mon jeu. Je crois d’ailleurs que je ne suis jamais rentré au vestiaire avec un maillot aussi sale que ce dimanche.