Coups et blessures, attentats à la pudeur : un couple de Sainte-Ode a fait vivre un enfer à plusieurs enfants durant des années
Un couple de Sainte-Ode et leur fille se retrouvent devant le tribunal correctionnel de Neufchâteau pour des faits de mœurs et de violence.
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Publié le 10-03-2023 à 06h00
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Voici le contexte: un couple originaire de Sainte-Ode élève ses 3 enfants biologiques. Il accepte, en 2008, d’accueillir quatre enfants originaires de Bruxelles et placés par le tribunal de la jeunesse qui ne sont autres que les enfants du frère de la mère de famille de Sainte-Ode. Ce placement faisait suite à des faits de maltraitance.
Dans ce schéma familial complexe et un climat particulièrement malsain, la fille biologique du couple accuse son propre père d’attouchements sexuels et d’attentat à la pudeur. Selon elle, il lui aurait léché les seins, se serait réchauffé les mains entre ses cuisses et aurait collectionné ses propres poils pubiens et cela durant plusieurs années. Les faits auraient commencé lorsqu’elle était âgée de 5 ou 6 ans.
Quant à sa mère, elle l’accuse d’accès de violences physiques et morales à son égard. C’est suite à l’arrivée de ses cousins et sa rencontre avec son petit ami de l’époque que la fille du couple a souhaité faire part de sa situation vers 2012. "Ma cliente, aujourd’hui âgée de 31 ans, a déposé plainte en 2014 ou 2015, mais les faits se sont produits entre 1996 et 2007. Elle se reconstruit difficilement et souffre de dépression. Le psychologue a assuré sous serment face au juge d’instruction que le père l’a violée, que la mère l’a violentée et qu’elle présente un état de stress post-traumatique. Plusieurs documents attestent les déclarations de ma cliente", explique Me Balaes, l’avocat des parties civiles, assisté par Me Danneels.
Un cadre de vie glauque
La substitute Charlotte Saint est revenue sur le climat général glauque d’une famille vivant en autarcie (pas de télévision, pas d’internet, aucune visite d’amis). 18 mois de prison avec sursis pour le père, 8 mois de prison avec sursis pour la mère ; c’est ce que requiert le Parquet. Me Peraux, l’avocate des deux parents avec Me Mouton, a pointé la personnalité difficile de la victime présumée. " La jeune fille a toujours été la forte tête de la famille. Elle mettait à bout sa mère, elle était violente, elle hurlait, elle était provocatrice. Personne n’a observé de maltraitance sur les enfants, y compris les médecins généralistes qui les ont fréquentés. Monsieur a eu l’habitude d’accueillir des enfants chez lui, son père l’a déjà fait dans le passé", déclare Me Peraux qui a demandé un acquittement.
Et les enfants d’accueil dans tout cela ? Sur base d’une nouvelle décision de justice, 3 quittent finalement la maison de Sainte-Ode et sont replacés chez leur cousine (qui n’est autre que la plaignante dans cette affaire) à la seule différence qu’ils vivaient en internat et non chez celle-ci. Le dernier enfant restera sous la responsabilité du couple. La victime présumée s’est exprimée en fin d’audience en affirmant que ses frères et sœurs souffrent de cette situation, certains étant d’ailleurs pris en charge par des services de santé mentale. Et son avocat, Me Balaes de conclure: "Je suis triste d’entendre tout cela. Vous n’avez manifestement rien compris. Je rappelle qu’un psychologue s’est exprimé sous serment devant le juge d’instruction".
18 et 6 mois de prison
Le jugement de cette affaire nébuleuse a été rendu ce jeudi 9 mars. Le père est reconnu coupable d’avoir accompli, à plusieurs reprises entre 1996 et 2007, un acte à caractère sexuel non consenti sur sa propre fille, mineure de moins de 16 ans à l’époque. Le tribunal le condamne à une peine de 18 mois de prison assortie d’un sursis probatoire de trois ans.
Quant à la mère, le tribunal la reconnaît coupable de coups et blessures comme auteure ou coauteure sur sa fille mineure, mais également sur trois des enfants accueillis dans une période comprise entre 2009 et 2012. Dès lors, la mère et tante des victimes est condamnée à une peine de 6 mois de prison assortie d’un sursis probatoire de trois ans.
Les deux parents devront payer la somme de 3 569,45 euros à titre de frais. En outre, leur fille touchera la somme de 11 650 euros (conjointement 1 650 euros, la mère: 2 500 euros et le père: 7 500 euros). Précisons que l’un des enfants accueillis bénéficiera, au moment de sa majorité, de l’euro provisionnel.