20 mois de prison requis à l’encontre de l’ancien Premier échevin de Saint-Léger
Malgré les aveux du prévenu, les échanges ont été très musclés entre accusation et défense au procès de l’ancien Premier échevin de Saint-Léger
Publié le 22-06-2022 à 21h17 - Mis à jour le 23-06-2022 à 07h22
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Hier après-midi, pendant trois heures et demie, un quatuor d’avocats et une substitute du procureur du roi se sont évertués à faire passer leur vérité dans l’affaire de Philippe Lempereur, l’ancien Premier échevin de Saint-Léger, qui répond devant le tribunal correctionnel de coups et blessures sur son épouse, sur ses enfants et sur un citoyen léodégarien.
Les différents intervenants ont tous plaidé avec leurs tripes et les coups ont volé bas durant toute l’après-midi.
Il a reconnu la majorité des faits
Pourtant l’affaire est assez simple puisque Philippe Lempereur, après s’être muré dans le déni et avoir passé quelques jours en détention préventive, a reconnu la majorité des faits. Ce dernier a, depuis, entrepris une introspection sur lui-même pour tenter de comprendre les raisons de ses accès de violence. Il continue à chercher avec des professionnels le meilleur moyen pour s’en sortir.
La première à prendre la parole a été M Joëlle Saussez, l’avocate de l’ex-compagne. Elle a raconté par le menu, le calvaire enduré par sa cliente, expliquant son silence de femme battue par sa volonté de protéger ses enfants. "Le 21 avril 2020, suite à une dispute encore plus violente que d’habitude, elle a enfin osé dire stop. Le prévenu explique ses gestes violents sur ses enfants (13, 10 et 6 ans au moment des faits) par des méthodes éducatives, les coups sur sa compagne comme des réponses à ses erreurs de comportement. Il n’assume rien, il trouve toujours une justification à tout."
Pendant toute la plaidoirie de MeSaussez, le prévenu a souvent fait des petits signes de la tête pour faire part de son désaccord avec les arguments avancés, levant les yeux au ciel en signe d’exaspération.
Dans la foulée, MeCécile Deville, avocate ad hoc des enfants, a été la plus calme des intervenants du jour, expliquant que, malgré tout, la situation familiale avait trouvé une forme d’équilibre, les enfants étant gardés alternativement par les deux parents déchirés, sauf l’aîné qui a rompu avec sa maman et qui préfère vivre avec son papa.
Un rapport psychiatrique inquiétant
Stéphanie Brandt, la substitute du procureur du roi représentant le ministère public, a longuement requis dans le même sens que l’avocate de la partie civile. "Un jour où vous avez jeté un robot ménager vers votre compagne, s’adresse-t-elle au prévenu, vous avez déclaré qu’il valait mieux cela que de lui casser la tête. Les policiers racontent dans leur PV que vos enfants terrorisés, réfugiés chez un voisin, ne voulaient pas retourner chez eux parce que vous leur faisiez vivre un calvaire. C’est vraiment inquiétant."
Avant de requérir sur les peines, Stéphanie Brand a ouvert le rapport d’expertise psychiatrique qui considère Philippe Lempereur comme un narcissique, souffrant d’un trouble de la personnalité, borderline au caractère pervers. Le rapport précise que c’est un être superficiel, égocentrique, qui a une haute idée de lui-même, qui ne supporte pas être contrarié et qui ne se remet pas en question. "C’est vraiment très interpellant" , s’inquiète la magistrate.
Jugement prononcé le 10 août
Elle a requis vingt mois de prison et 800 € d’amende sans s’opposer à un sursis pour ce qui dépasse la détention préventive, à condition que ce soit sur un délai très long et qu’il soit accompagné de mesures probatoires très strictes. Le jugement du président Jordant sera prononcé le 10 août.