Un plan en 4 points pour sauver l’abbaye de Saint-Hubert (vidéo)
Un plan a été cogité par un collectif d’experts apolitiques pour faire renaître le quartier abbatial de Saint-Hubert suivant 4 axes.
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Publié le 28-04-2023 à 20h24
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Nos lecteurs vont sans doute penser qu’il s’agit encore d’un plan dont on va parler et qui va se perdre, comme les précédents, dans les tiroirs du temps. Nous avions déjà exposé dans ces colonnes divers projets pour dynamiser le quartier abbatial de Saint-Hubert. Ces bonnes idées sont toutes restées lettre morte.
Voici quasi un an, le secrétaire d’État Mathieu Michel, en charge de la Régie des bâtiments, chargeait Idélux de trouver des investisseurs pour transformer le palais, cour des Tilleuls, ancien pénitencier et arsenal plus les terrains, propriétés de l’État fédéral. Le problème, et il n’est pas mince: l’État ne vend pas mais cède ces biens par emphytéose d’une durée de 30 ans. L’autre souci, et il n’est pas moins gros: on vote dans 14 mois aux législatives, et donc l’initiative de M. Michel risque bien de rejoindre elle aussi la cohorte des coups d’épée dans l’eau.
Le projet des experts aura-t-il plus de chance ? On l’espère. Tout d’abord, il est le fruit d’une réflexion de gens d’horizons divers, sans attache politique. Leur but est de sauver ce patrimoine wallon. Comment ? À travers 4 axes qu’on découvre ci-dessous. En quoi sont-ils légitimes ? Ils ne le sont pas, mais ils ont dévoilé leur plan à M. Liebens chez Idélux Projets publics, au DNF, aux experts de Michamps, au collège communal, à une entreprise spécialisée dans les coopératives, dans l’habitat partagé. Eux n’ont aucun mandat pour aller trouver des investisseurs. Ce n’est pas leur job. Ils ne sont pas à la manœuvre, c’est le job du politique qu’ils interpellent. Ils donnent des pistes et elles sont concrètes. Là, ils ont fait le job. C’est maintenant aux experts de jouer.
Voici le plan pour dynamiser le quartier abbatial situé en plein centre-ville de la cité capitale européenne de la chasse et de la nature.
1. L’axe culturel: on transfère le musée Redouté Le quartier abbatial et son prolongement dans la cour des Tilleuls pourraient accueillir les œuvres du musée Redouté, à l’étroit où il se trouve. On y ferait de la place pour d’autres personnalités locales comme Nestor Martin. On créerait un musée de la vénerie et des événements liés à la chasse. Des expos, aussi de dimension internationale, seraient organisées là où l’on prévoit aussi des salles de conférences, séminaires, réceptions lors d’événements tels que fêtes de la musique, concours de sonneurs de trompe… On prévoit une cafétéria et des magasins de produits artisanaux locaux.
2. L’axe économique: parfumerie, orfèvrerie, horlogerie, stylisme Les bâtiments spacieux peuvent abriter, comme au temps de l’abbaye, de l’artisanat: brasserie, restauration collective, vente de produits locaux, parfumerie, orfèvrerie, horlogerie, pharmacie, herboristerie, restauration d’œuvres d’art, stylisme… On peut y faire de l’économie sociale (formation par le travail, insertion professionnelle par la construction, menuiserie, rénovation, etc.).
Les espaces en friche couverts d’arbres pourraient être transformés en potagers, jardins des simples, vergers et viviers par une entreprise horticole. On pense aussi faire référence à Pierre-Joseph Redouté, en cultivant des roses dans des serres où l’on peut produire aussi de nouvelles espèces de roses.
3. L’axe du logement: habitat groupé et résidence d’artiste Le quartier abbatial au centre-ville est idéal pour du logement groupé notamment dans l’ancien pénitencier et dans les locaux des ex-classes vertes. D’autres parties pourraient être dédiées à une résidence d’artiste, à du logement conventionnel avec ponctuellement quelques logements "kangourous" (habitat groupé solidaire).
4. L’axe citoyen: maison des jeunes, centre d’accueil L’ancien arsenal des pompiers abriterait une maison des jeunes, un centre d’accueil et de délassement pour les personnes âgées ou isolées, des locaux pour des ASBL existantes, d’autres destinés à développer de nouvelles initiatives citoyennes. Des espaces pour les services communaux ou régionaux, aujourd’hui à l’étroit, pourraient aussi être disponibles le cas échéant.
Richard Jusseret, historien et archéologue : "L’état de l’abbaye est inquiétant"
M. Jusseret, comment s’est composé le groupe de réflexion pour imaginer le plan de sauvetage du quartier abbatial ?
Tout est parti de José Léonard, artiste et très impliqué dans diverses ASBL de Saint-Hubert. Nous sommes une vingtaine de personnes d’horizons divers qui ne veulent qu’une chose: sauver ce fleuron du patrimoine wallon qu’est le quartier abbatial avant qu’il ne soit trop tard. Son état nous inquiète fortement parce que des bâtiments sont délabrés, et le fait qu’ils soient vides n’arrange rien.
Vous avez contacté pas mal d’acteurs et vous dites que ce plan ne laisse pas indifférent.
Oui, et on est aussi allé voir comment ça fonctionne ailleurs. Il faudrait que le quartier abbatial soit cédé pour un euro symbolique par l’État fédéral et qu’on puisse développer des activités comme à Stavelot. On pourrait, en parallèle, ressortir le projet muséal en connexion avec l’abbatiale via les combles que les visiteurs peuvent découvrir. ce plan avait eu le feu vert du Patrimoine et Idélux le portait. La Ville n’en avait pas voulu à l’époque. Peut-être est-ce le moment.
Et maintenant ?
Les étapes sont encore longues. Il faut chiffrer le coût des transformations, mobiliser les acteurs locaux ; obtenir un soutien des autorités publiques ; impliquer plusieurs entreprises et mécènes pour réaliser les travaux. À ce sujet, certaines entreprises et coopératives d’économie sociale se sont déjà montrées intéressées.