Saint-Hubert: bienvenue dans la capitale européenne de la chasse et de la nature
Peu de gens le savent, pourtant la cité borquine est, depuis 1990, la capitale européenne de la chasse et de la nature. Rien que ça! L’entité recèle mille trésors naturels et culturels à découvrir; à commencer par la basilique.
Publié le 22-07-2021 à 13h29
Chaque année, ils sont des dizaines de pèlerins à rallier Saint-Hubert par touts les moyens de locomotion et même à pied au terme d’une longue marche à étapes depuis les proches régions, mais aussi parfois d’Allemagne et de Pologne!
En atteste une coquille Saint-Jacques, la cité médiévale fut aussi une étape ardennaise pour les pénitents en route vers Compostelle.
Mais c’est pour un tout autre saint qu’on faisait et que l’on fait encore le voyage depuis le haut Moyen-Âge. Saint Hubert, s’il est vénéré par les chasseurs, l’a été surtout pendant des siècles par des fidèles persuadés qu’un pèlerinage jusqu’à la basilique les guérirait ou les protégerait de la rage.
Il subsiste d’ailleurs dans la merveilleuse église, des vestiges rappelant l’importante dévotion à Hubert dont la tradition rapporte qu’il aurait rencontré le cerf crucifère non loin d’Andage (ancien nom de la ville du temps d’Hubert) et qu’il se serait converti. Cela s’est produit à la Converserie de Tenneville qui tient plutôt son nom non pas de la conversion, mais de la présence de moines convers à cet endroit.
Les restes du saint ont été transportés, en 825, de Liège jusqu’à la basilique. Plus tard, les moines de l’abbaye auraient caché la dépouille du saint pour éviter qu’elle ne soit profanée lors d’invasions. Le mystère plane toujours sur l’endroit où seraient localisées les reliques d’Hubert; certains n’hésitant d’ailleurs pas à avancer et à écrire les thèses les plus farfelues à ce sujet.
La basilique recèle nombre d’histoires et anecdotes fantastiques. Une petite visite s’impose et on ne manquera pas d’admirer le jeu de la lumière qui pénètre par les vitraux et qui ricoche sur les marbres de divers coloris. Il faut voir aussi les stalles en bois et les bas-reliefs, les statues, l’étole qu’on attribue à saint Hubert, la crypte, la statue du dernier abbé Nicolas Spirlet. Le tour de la basilique peut prendre une bonne heure, avec ou sans guide.
Phénomène du 21 juin et chapelle musicale
On notera que chaque année, le 21 juin à l’aube, depuis l’inauguration de l’actuelle basilique en 1564, le 1er rayon de soleil éclaire le bas-relief de saint Hubert situé dans une des stalles en bois sculptées en 1733, par Pierre Martiny et Jean-François Louis. Un nombreux public s’inscrit pour assister au phénomène qui dure 8 minutes. Des laudes sont alors chantées par la chapelle musicale Saint-Hubert d’Ardenne, créée par Jean-François Jung en 2019.
Elle propose des chants et morceaux de musique originaux, revisite les partitions plus anciennes. La Chapelle a récemment produit un CD inédit qu’on peut se procurer à la basilique. Un édifice qui se dévoile petit à petit. Une dernière manifestation originale liée aux phénomènes lumineux naturels? Elle a lieu cette fois le 3 novembre, jour anniversaire de la mort d’Hubert et donc de la Saint-Hubert, le soleil se couche vraiment dans l’axe de la basilique jusqu’au Christ ressuscité sur le grand autel.
Le magnifique palais abbatial, qui jouxte la basilique fut une prison au siècle dernier et abritait les archives de l’État jusqu’il y a peu. Il ne se visite pas. Il a été mis en vente par l’État fédéral auquel il appartient.
Pour se rafraîchir, on se dirigera vers le Saint-HuBar juste à deux pas (352 sortes de bières à la carte!). Pour casser la croûte: le Romain des Bois, le Basilic, L’Ancien Hôpital ou la Table des Champions.
Pierre-Joseph Redouté, le Raphaël des fleurs
Des personnalités ont porté haut le nom de leur ville. Outre Nestor Martin, Pierre-Joseph Redouté, surnommé «le peintre des fleurs», né à Saint-Hubert en 1759 est de ceux-là. Il vécut avec sa famille au sein d'une petite maison toujours située en face de l'actuel musée qui lui est dédié.
Son talent fut tel qu'il donna de nombreuses leçons d'art et de dessins à de grandes dames de la noblesse telles que Joséphine de Beauharnais (1763-1814) ou encore la future reine des Belges Louise-Marie d'Orléans (1812-1850).
Ses œuvres sont connues dans le monde entier et sont parfois prêtées pour des expositions jusqu'au Japon où des tableaux ont été acheminés voici quelques années, pour les besoins d'une expo dans un musée de Tokyo.
Aujourd'hui, le musée Redouté, qui conserve maints souvenirs personnels de l'artiste et ses réalisations artistiques (estampes, gravures, lithographies, etc.), présente une toute nouvelle scénographie au rez-de-chaussée où sont exceptionnellement présentés les portraits originaux des trois derniers abbés de Saint-Hubert ainsi que le récit de la vie à Saint-Hubert et à Paris des trois frères Redouté. À l'étage, on découvre Pierre-Joseph Redouté, les roses et la rosomanie.
Le musée propose aussi une présentation plus large des 18 et 19e siècles à Saint-Hubert, dans une scénographie plus contemporaine.
061 61 14 67; info@museepjredoute.be et www.museepjredoute.be/
Pour prolonger la visite, on peut déambuler dans la roseraie située dans le bas de la ville et qui abrite quelques espèces de fleurs chères au peintre.
Il ne manque qu’un couple de loups pour que le bonheur soit complet

Le parc à gibier de Saint-Hubert attire un peu plus de 20 000 visiteurs par an. Il est idéalement situé en pleine forêt, offre un parcours de 3 kilomètres avec des tronçons où les animaux sont en semi-liberté. On côtoie allègrement une harde de biches emmenée par un fier cerf dévalant à toute vitesse la colline vers l’Étang du prieur, où, nous dit Fabrice Englebert, le préposé du parc, les moines de l’abbaye venaient se délasser jadis. Le chemin est parfois escarpé et n’est pas accessible sur certains tronçons aux PMR ou aux poussettes. La Ville de Saint-Hubert y travaille toutefois et d’ici 2023, tout sera restauré, rénové et modernisé puisque ce sont deux millions d’euros qui y seront investis. Il est prévu de découper le futur parc en 3 zones: une d’accueil, une pédagogique et une d’observation aux confins du parc; rendre tout le cheminement accessible à tout le monde, etc.
Cela n’empêche pas de profiter pleinement de cet endroit en sirotant sa boisson préférée sur une terrasse surplombant une partie des deux cents animaux de 20 races différentes. Le cerf est bien sûr l’animal roi de ce parc; spécialement le blanc, en rapport avec la légende de saint Hubert. Le parc rêve d’accueillir un couple de loups. Pour cela il faut prévoir un à deux hectares de plus. Parmi les projets dans les cartons, il y a la possibilité d’un partenariat avec un privé spécialisé dans du logement insolite près des loups et ou des cerfs. On pense aussi à un cheminement dans la canopée pour écouter les cerfs bramer.