Le jour où Yves Quevrin a fait gagner Vesqueville
Le 3 mai 2009, Vesqueville s’imposait 0-1 à Vecmont grâce à un but d’Yves Quevrin. La dernière victoire de l’histoire du club! Un exploit pour certains, mais pas pour l’intéressé, champion vingt ans plus tôt avec les Vesseux.
Publié le 11-12-2020 à 06h00
Yves, vous vous souvenez de ce match à Vecmont?
Oui, très bien, nous avions gagné 0-1. J’étais parti seul au but sur un ballon en profondeur et j’avais dribblé le gardien. J’étais joueur-entraîneur à l’époque. Nous avions quelques bons petits jeunes dans l’équipe: Bruno Henquinet, Quentin Huberty, mon fils Jeffrey… Parmi les cadres, on retrouvait notamment Fabian Palizeul.
Vous aviez gagné 0-4 à Arville, et même 0-9 à Forrières cette saison-là, vous aviez pris 17 points au total, mais vous aviez encaissé 123 buts malgré tout. Les casquettes 13-0 à Bourdon et 10-1 à Waha vous restent à l’esprit également?
Non, cela ne m’a jamais blessé car j’ai toujours considéré qu’il n’y avait aucune honte à perdre contre plus fort que soi. Quel que soit ton niveau, et quel que soit le résultat, tu peux te regarder dans le miroir à la fin d’une rencontre si tu as donné ton maximum de la première à la dernière minute. Cela a toujours été ma philosophie. J’ai 57 ans et je joue toujours en réserves, à Saint-Hubert. Eh bien, s’il faut tacler pour empêcher une balle de sortir à la 91’, je le ferai toujours.
Que dit-on à ses joueurs, avant le match, quand on sait d’avance qu’on va ramasser une raclée?
Rien, je n’étais pas un grand causeur. À quoi bon faire de grandes théories en P3? À ce niveau, avec un minimum d’envie et de condition physique, tu peux déjà ennuyer beaucoup de monde. Je me souviens d’ailleurs du dernier match de la saison 2007-2008. Nous nous déplacions à Nassogne, qui devait gagner pour être champion. Eh bien on les a fait stresser jusqu’au bout! Ils ont marqué le 1-0 dans les derniers instants sur un coup franc chanceux de 40 m de Bra Santos.
Vous n’avez pas connu les années à 0 point?
Non, je suis retourné à Awenne en 2009. Et au risque d’étonner les plus jeunes, il faut savoir que j’ai même décroché un titre avec Vesqueville. Nous avions été sacrés en P3 à l’issue de la saison 89-90, sous la houlette d’Alain Philippe. J’avais terminé meilleur buteur de toutes les séries provinciales avec 32 roses cette année-là. Nous avions gagné 1-2 chez notre rival, Redu, au dernier match, grâce notamment à un but de Guy Stoz. On retrouvait, entre autres, Marc Hotton, Benoît Collignon, Laurent Dabe, les frères Paulus et les frères Pinson dans l’équipe. Nous n’avions encaissé que 22 buts sur l’ensemble du championnat et l’année suivante, nous avons terminé 6e en P2. Puis je suis parti à Roy et Vesqueville, lui, est redescendu.
Il y avait beaucoup de derbies, à l’époque…
Il y avait cinq clubs dans la commune (Arville, Awenne, Poix, Saint-Hubert et Vesqueville), il n’en reste que deux aujourd’hui dont Awenne, qui n’aligne qu’une équipe réserve. Mais notre victoire 0-2 à Saint-Hubert devant 400 personnes, en P2, reste un grand souvenir. C’était le jour du cortège historique. À l’époque, les gens faisaient des paris dans les bistrots la veille des derbies. Je revois encore le libéral Louis Devaux, qui était notre président, taquiner le socialiste Claude Bonmariage, son rival politique de l’époque, et inversement. C’était l’événement du week-end en quelque sorte.
Cela dit, les matches restaient relativement corrects en général. J’ai joué des duels Awenne – Bure qui étaient bien plus chauds que les derbies de Saint-Hubert, mais toutes ces rivalités se perdent un peu.
Qu’est-ce qui pousse un homme, comme vous l’avez fait en 2008, à prendre les rênes de Vesqueville comme joueur-entraîneur? C’est tout de même un sacré défi!
Il est clair que les installations ne faisaient pas rêver. Un seul spot pour s’entraîner, ce n’est pas le paradis. Et encore, quand le groupe électrogène tenait le coup jusqu’au bout! Mais quand j’ai quitté Vesqueville en 91, je m’étais juré d’y revenir. J’ai donc tenu parole et je ne le regrette pas. Pourquoi vient-on jouer à Vesqueville? À la fin de ma carrière, je voulais simplement retrouver des copains. Mine de rien, les entraînements étaient plutôt bien suivis quand je coachais. Et on s’ennuyait rarement lors des troisièmes mi-temps. C’est avant tout pour cela qu’on fait du foot, à notre niveau. Nos voisins de vestiaire sont des copains avant d’être des coéquipiers. On dit parfois que son équipe de foot est sa deuxième famille, c’est vrai. On tapait le clou, on buvait un verre…
Vous allez encore au football?
Comme je l’ai dit, je joue encore en réserves à Saint-Hubert. Et il m’arrive d’aller voir l’équipe première, mais j’y vais un peu moins depuis que mon fils est parti à Bras. Le club a retrouvé de l’ambition, tant mieux, mais cela durera ce que cela durera. Quand on dépend d’un seul homme, on monte parfois rapidement dans la hiérarchie. Mais quand il part, on redescend tout aussi vite. Je ne le souhaite pas, mais cela arrivera inévitablement un jour.