Jacques Meeus assigne l'État belge
L'ancien directeur de la prison de Saint-Hubert, Jacques Meeus attaque l'État belge en Justice. Il demande réparation pour 7 ans de calvaire.
- Publié le 16-08-2010 à 08h38
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Le 7 mars 2003 restera à jamais gravé dans votre mémoire ?Nous avons dû précipiter notre retour. À plusieurs reprises sur le chemin, le responsable de l'enquête nous appelait pour avoir notre position.
Depuis la Barrière de Champlon, nous avons été escortés par la police jusqu'à notre domicile où huit autres policiers nous attendaient pour fouiller notre habitation.
Après quoi, nous avons été embarqués au palais de Justice pour une nuit d'interrogatoire. Nous étions en plein délire.
Comment tout cela a pu se produire, que vous reprochait-on ?Tout et n'importe quoi !
La fabrication de meubles à usage personnel par l'atelier de menuiserie, abus dans les services demandés aux détenus comme demander à ces derniers de brosser les pucerons des rosiers avec une brosse à dents, or nous n'avions même pas de rosiers !
Quant aux meubles, il s'agissait d'armoires encastrables, qui sont restées dans les logements et réalisées avec l'accord de mes supérieurs hiérarchiques à l'époque.
C'est toute une vie et aussi votre carrière professionnelle qui basculent ?Dès l'inculpation en mars 2003, j'ai été suspendu de mes fonctions et obligé de quitter le logement de la prison.
J'ai été directeur pendant 31 ans, sans aucun problème, et du jour au lendemain, nous nous retrouvons sans rien et nous sommes traités comme de vulgaires malfrats. Nous nous retrouvons isolés du monde.
À Neufchâteau au tribunal, nous étions sur les mêmes sièges que Dutroux. C'est une honte pour nous parents et grands-parents. Nous avons été traînés dans la boue.
L'angoisse, le stress, des pleurs, des hospitalisations, des problèmes cardiaques, etc.
Nous avons été détruits !
De par votre formation et avec le recul, comment analysez-vous votre vécu ?C'est de l'acharnement sur base de témoignages que je classe en 3 groupes : les personnes honnêtes et intelligentes, qui relatent les faits tels qu'ils se sont passés ; les témoins qui se font manipuler et enfin, ceux qui veulent nuire.
Certains membres du personnel qui veulent être califes à la place du calife, ou qui veulent se venger.
Heureusement que durant ces 7 années, nous avons été soutenus par notre famille, quelques amis et maître Dermagne.
Aujourd'hui, vous vous intéressez toujours à la prison de Saint-Hubert ?Non, j'en ai été dégoûté. Fin 2003, j'ai pris ma retraite.
Pourtant, j'aurais aimé travailler encore 5 années, jusqu'à mes 65 ans. Je n'ai plus aucun contact avec la prison, mais le tam-tam fonctionne encore.
Je réapprends une chose ou l'autre de temps en temps.
Et quel est votre sentiment sur la situation actuelle avec le Centre fermé pour jeunes notamment ?Je ne souhaite pas émettre d'avis à ce sujet, mais je trouve que c'est très bien pour Saint-Hubert, cela crée de l'emploi. Autant ici qu'à Everberg .
Le calvaire de la famille Meeus a duré sept ansJacques Meeus était directeur de la prison de Saint-Hubert depuis 27 ans. À son arrivée, il s'installe avec son épouse et leurs deux enfants à l'époque, dans un logement de fonction dans l'enceinte de la prison, où ils seront en permanence en contact avec les détenus et le personnel. Une situation pas toujours facile pour l'épouse du directeur.
Tout commence le 28 février en 2003 suite à la venue de l'OCCR pour une enquête sur un détournement de « palettes » de la part de détenus et de membres du personnel. Jacques Meeus n'est pas concerné par cette histoire. Le couple Meeus et ses trois enfants vont à la côte belge comme prévu. Un séjour qui se termine en cauchemar, le 7 mars 2003. Durant sept longues années, la famille Meeus, toujours domiciliée à Saint-Hubert, se dit avoir été victime d'un acharnement judiciaire. Du 7 mars 2003, jusqu'à l'acquittement définitif par la Cour d'Appel de Liège, le 17 décembre 2009, la famille a vécu le calvaire. Aujourd'hui, le couple demande réparation à l'État.