La plaignante aurait dit oui à l’un, pas aux deux
Deux jeunes gens sont poursuivis pour viol et attentat devant le tribunal correctionnel de Neufchâteau. Selon le parquet, ils ont profité de l’état d’une jeune femme sous influence.
Publié le 13-05-2022 à 06h00
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Un matin de septembre 2018, une jeune femme, en se réveillant nue, a été surprise de se trouver à côté d’un garçon qu’elle ne connaissait pas dans une chambre d’hôtel.
Dans ses souvenirs, elle se rappelait que la veille en soirée, elle avait rencontré un autre garçon lors d’une sortie dans un café. Elle avait accepté de passer la nuit avec lui. Et cette histoire resterait, comme convenu, sans lendemain. Pour le reste, la jeune femme dira par la suite avoir eu un trou noir. Mais en cherchant à savoir ce qui s’était réellement passé durant la nuit, elle a compris qu’elle avait eu des relations sexuelles à la fois avec le garçon, rencontré au café, mais aussi avec le copain de celui-ci qui les a véhiculés vers la chambre d’hôtel.
La jeune femme avait finalement décidé de déposer plainte à la police, précisant qu’elle n’avait jamais été d’accord pour un rapport sexuel à trois. Il est apparu que la jeune femme était sous influence de l’alcool, car elle avait bu dans la soirée, et qu’elle avait aussi pris de la cocaïne.
Elle avait également des bleus sur le corps, pouvant être la conséquence d’une chute sous influence de l’alcool et des rapports sexuels.
Près de 4 ans après les faits, les deux jeunes gens doivent répondre de viol et d’attentat à la pudeur devant le tribunal correctionnel de Neufchâteau. Tout l’enjeu du dossier étant de savoir si la jeune femme était en état de marquer son consentement. Pour son conseil, Me Marie Vandenplas, la jurisprudence est claire et des décisions de justice ont déjà été rendues en ce sens: il ne peut y avoir de consentement lorsqu’une personne n’est plus en état de l’exprimer.
«Un trou noir»
Une vision que soutient aussi la substitut Anne-Sophie Guilmot pour le parquet.
"Tout cela se passe dans l’intimité d’une chambre et le dossier est délicat dans le sens de la charge de la preuve dont ma fonction est d’apporter des éléments en ce sens" reconnaît la représentante du ministère public. Pour la substitut, les faisceaux de présomption se trouvent dans le fait que la jeune fille était "dans un état second" et que son "trou noir n’était pas feint" . Tout consentement est dès lors exclu. "Le trou noir peut être considéré comme une infirmité temporaire et la victime n’a pas consenti à un plan à trois. Et quand bien même, elle n’était plus en état de consentir" retient la substitut.
La magistrat du parquet ne fait pas de distinction entre les prévenus; réclamant 18 mois de prison envers les deux jeunes gens tout en ne s’opposant pas au sursis.
Du côté de la défense, les avocats des prévenus, Me Ronan Vilaine et Me Marie-Christine Germain, plaident l’acquittement; estimant que la jeune fille avait bien été consentante. Les avocats déplorant aussi que leurs clients aient été avertis, seulement après plusieurs mois après le dépôt de plainte, qu’une enquête était ouverte. La défense avançant que des éléments auraient pu être recoupés plus tôt. "On peut s’interroger sur une forme de contradiction et de crédibilité de la jeune femme, plaide aussi Me Vilaine. D’un côté, elle dit ne se souvenir de rien mais de l’autre, elle dit qu’elle n’a pas marqué son consentement."
Jugement le 9 juin.