Un Chestrolais lance son t-shirt 100% recyclé
Créer des vêtements sans créer de problème, c’est le concept que tente de mettre une place un jeune Chestrolais expatrié à Bruxelles.
Publié le 27-07-2021 à 06h00
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Jean Seyll, originaire de Marbay (Neufchâteau), habite Bruxelles. Après un master en développement durable, il lance une marque de vêtements composés entièrement de matières recyclées et produites en Belgique appelée Lucid.
«Nous vivons dans une société de surconsommation, explique Jean Seyll. Les gens peuvent acheter des vêtements à bas coût et se permettent donc de les changer régulièrement. L'industrie de la mode propose jusqu'à 24 collections par an avec une qualité de produits en constante diminution. On produit trop de vêtements alors qu'on en jette de plus en plus.»
Le jeune homme pointe les conditions dans lesquels ces vêtements sont réalisés: «Les grandes marques utilisent des sous-traitants qui font travailler les personnes dans des conditions et pour des salaires inacceptables. De plus, cette surproduction à un impact non négligeable sur l'environnement. Le coton requiert énormément d'eau alors qu'il est principalement produit dans des pays où il en manque déjà. Le polyester, lui, implique une production uniquement basée sur une énergie fossile: le pétrole.»
Plus rien n'est produit ici, tout est délocalisé en dehors de l'Europe. «Si la logique derrière la délocalisation est la baisse de coût, cela implique aussi le risque de perdre du contrôle sur la chaîne de production (ex: le travail des enfants) ainsi qu'une hyperdépendance aux pays producteurs (souvenez-vous de la pénurie de masques au début du Covid)», souligne-t-il.
Mais son réel déclic face à ce phénomène est venu d'un vêtement reçu il y a 6-7ans: «J'ai reçu un vêtement dont une partie était réalisée en bouteilles plastiques recyclées. Je me suis donc intéressé au sujet et plus particulièrement à l'économie circulaire. Un déchet redevient un matériau.»
Il a donc l’idée de créer un vêtement 100% recyclé et confectionné en Belgique. De cette manière, il évite de produire de nouvelles matières vierges en utilisant des matières déjà existantes, considérées comme des déchets et vouées à être détruites.
Pour ce faire, il se ravitaille en fil du côté de l’Espagne, où une entreprise se charge de transformer des déchets de coton issus majoritairement de chutes industrielles en fil réutilisable pour confectionner des vêtements.
Ce fil est renforcé par du polyester recyclé issu de bouteilles plastiques pour augmenter la résistance du fil et donc du vêtement. Le fil est ensuite transformé en textile du côté d’Amiens en France.
«Par après, toute la réalisation se réalise en Belgique. La confection du t-shirt est réalisée dans l'atelier protégé CARP à Philippeville. Les étiquettes des vêtements sont réalisées à Bruxelles et le logo est brodé dans les vêtements à Namur», souligne le Chestrolais.
Au final, on a un vêtement qui a un impact environnemental très faible, résistant, qui soutient l’économie locale, donne de l’emploi à des personnes porteuses d’un handicap, et qui offre une grande transparence concernant la manière dont il a été produit.
Des t-shirts en testing
Pour le moment, trois t-shirts ont ainsi été créés. Deux modèles pour femme et un autre pour les hommes. Jean a travaillé avec des designers: «Le t-shirt homme est terminé. Celui pour dame est en cours de finalisation.» Lorsque les modèles seront terminés, une production de 50 pièces par modèle va être lancée. «J'ai créé une communauté sur les réseaux sociaux, explique le Chestrolais. Lorsque les 100 pièces seront finies, elles seront proposées à la communauté qui aura pour mission d'évaluer le produit.»
Prix, matière et design seront en autres évalués par ces testeurs. Un feedback sera ensuite réalisé afin de voir si des modifications sont à apporter pour proposer le t-shirt le plus convaincant.
La dernière étape du projet sera le crowdfunding pour lancer le produit fini. L'argent ainsi récolté permettra de produire davantage et d'investir dans de nouveaux projets comme des designs différents. «À long terme, l'idée et de réaliser d'autres vêtements, souligne Jean Seyll. Je souhaite également diversifier les matières comme avec le chanvre de lin issu de l'agriculture belge. Et bien entendu, avoir à long terme toute la chaîne de fabrication en Belgique.»