Aides aux migrants à Léglise: ils ont peur d’être pris pour des passeurs
Des citoyens qui apportent de l’aide aux migrants s’inquiètent d’être pris pour des passeurs. Ils demandent l’appui de la Commune de Léglise.
Publié le 30-01-2020 à 10h08
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On a rarement vu autant de monde assister au conseil communal de Léglise. Rendez-vous compte, près de soixante personnes dans le public! Ce petit monde est venu assister à une grande première au sein de l’assemblée: une interpellation citoyenne.
Christine Leclercq, d’Assenois, a interpellé les membres du conseil communal sur un sujet qui lui tient à cœur et qui tient à cœur à une cinquantaine d’autres citoyens de Léglise et Neufchâteau: la solidarité avec les migrants.
Depuis février 2019, des habitants de ces deux communes viennent en aide aux migrants qui «campent» dans des conditions plus que précaires le long de l’autoroute. Ils déposent des caisses à proximité des camps contenant provisions, couvertures,… Des habitants ouvrent leur habitation pour permettre aux migrants de se doucher, de charger leur GSM. D’autres organisent le ramassage des déchets dans les zones de camp.
Être un jour potentiellement considérés comme agissant dans l’illégalité au travers de notre action de solidarité nous révolte
«Aujourd'hui, le groupe de citoyens se rend compte que son action de solidarité, pourtant indispensable en termes d'aide à des personnes vulnérables, ne peut se poursuivre sans l'aide des pouvoirs locaux, aussi pour leur propre sécurité», interpelle Christine Leclercq.
En fait, ces citoyens ont peur d'être apparentés à des passeurs. «Être un jour potentiellement considérés comme agissant dans l'illégalité au travers de notre action de solidarité nous révolte», insiste Christine Leclerq.
Le collectif demande la création «d'une zone neutre», dans laquelle personnes migrantes et citoyens sont protégés. Il demande un «réel appui moral et logistique des pouvoirs locaux que sont la Commune, la Police et le CPAS, pour soutenir la dynamique solidaire et collective, sécuriser l'action des citoyens et surtout aides ces personnes migrantes.»
Une aide pourrait-elle créer un appel d'air? «Nous pensons qu'une aide coordonnée localement aux migrants ne favorise pas ce phénomène, avance Christine Leclerq dans son interpellation. Phénomène qui n'a d'ailleurs jamais été prouvé et qui est pour nous le reflet d'une parole populiste et xénophobe, attisant le repli sur soi.»
Pas de bâtiment vide
Message reçu 5 sur 5 par le Collège et le CPAS répond en substance le bourgmestre Fancis Demasy, mais il prévient d'emblée: «la Commune ne dispose pas de bâtiment vide».
Il avait déjà été interpellé l'an passé sur le sujet par la conseillère de l'opposition Marie-Paule Huberty. À l'époque, la réponse avait été: «on ne dispose pas de levier légal pour les aider, autre que le CPAS». Cette fois, le bourgmestre propose de constituer un groupe de travail avec des représentants du collectif, avec le Collège et un représentant de chaque groupe politique, «pour aller de l'avant», tout en remerciant les bénévoles pour leur engagement.
Le collectif accepte chaleureusement cette main tendue, et propose que la Police soit également représentée dans ce groupe de travail. «Nous entendons bien les questions par rapport à la légalité, ce sont les mêmes que nous nous posons, poursuit Christine Leclercq, qui rappelle, ce n'est pas nécessairement un copier-coller de ce qui est fait à Habay qui est demandé ici (NDLR: mise à disposition d'un local d'accueil).»
Elle nous explique qu’une des solutions pourrait être d’autoriser un privé à mettre à disposition une infrastructure de fortune, comme une grange, qui pourrait servir d’abri.