Vendre nos bois en France : les exploitants locaux pestent
La Communede Nassogne et le DNF comptent vendre un lot de bois de qualité en France. Les exploitants locaux pestent.
Publié le 10-11-2012 à 07h00
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Ça chauffe dans les bois de Nassogne. Pas question de feu déclaré, mais plutôt d’un début de braises à étouffer. Au centre de l’attention, un lot de onze bois de bonne qualité (huit de la Commune de Nassogne, deux de Saint-Hubert et un de LaRoche) qui pourraient être cédés via une vente à Saint-Avold, en France.
Réunis jeudi au Hall sportif de Nassogne pour une vente de bois communaux, les exploitants de la région ont voulu faire entendre leur point de vue. «Du lot 24 que vous proposez aujourd'hui, vous avez retiré huit bois pour les vendre en France», lance François De Meersman, secrétaire général de la Fédération Nationale des Négociants en Bois, à l'adresse du bourgmestre et des membres du DNF. «Et vu leur qualité, ces huit bois valent plus que les quarante autres que comprend le lot», ajoute Yvon Collard, exploitant forestier arlonais. «C'est un lot qui a été séparé des feuillus pour qu'il soit uniquement composé de chênes», précise François Dewez, ingénieur du DNF. «Le but est d'avoir une idée plus précise de la valeur de bois de très haute qualité , commente Étienne Gérard, directeur des ressources forestières du DNF. Évidemment, ça augmente la concurrence entre les acheteurs et donc le prix.»
Et les exploitants locaux ?
Bien plus que la vente de quelques bois, c'est la façon d'agir qui dérange les exploitants. «Nous regrettons que les bois ne soient pas vendus aux exploitants locaux», remarque François De Meersman. Des exploitants qui réagissent. «Pour acheter ces bois, nous devrions parcourir plus de 200km, peste l'exploitant arlonais. Oui, nous allons parfois acheter du bois en France, mais quand nous avons de la qualité en Belgique, ils veulent le vendre en dehors.»
La démarche n'a pas démarré de la Commune, mais est soutenue par son premier homme. «C'est une proposition de l'administration centrale wallonne, explique Marc Quirynen, bourgmestre de Nassogne. C'est le prix du marché qui veut cela. L'idée peut être séduisante si le marché est ouvert, que tous les exploitants aient l'occasion. Pour moi, il l'est au final, donc pas de soucis. Si les exploitants par ici veulent ce lot, ils peuvent tout à fait l'avoir.» Il leur faudra juste rouler 200km.
La grande peur des exploitants est de voir ce système se perpétuer dans le temps. «C'est vraiment un test pour un volume limité, tempère le directeur. Les exploitants ne doivent pas être effrayés. C'est légitime pour un propriétaire de vouloir collecter des informations plus précises. Nous tirerons les conclusions ensuite en ayant tenu compte des frais qu'engendre ce mode de vente. Si ça tombe, nous ne le ferons plus l'an prochain. Cette année, c'est en bonne voie.» Dans une profession dont la relève laisse pas mal à désirer, les exploitants l'ont assuré, ils comptent bien rester sur leurs gardes.