Edmond, c’était « Monsieur François »
Edmond Leroy, de Nassogne, a été le chef de 493 agents répartis. Civil en 1940, il est devenu capitaine de la Résistance à la fin de la guerre.
Publié le 11-05-2011 à 09h40
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En 1940, Edmond Leroy est diplômé de l'école de mécanique de Seraing. Il trouve du travail à la saboterie mécanique de Nassogne. Il y entretient les machines. Il fera même un remplacement de fortune chez l'imprimeur local: « C'était à l'automne 1940. Les trois fils de l'imprimerie avaient été faits prisonniers. J'étais mécanicien et le clerc de notaire est venu me demander de faire une affiche pour une vente. J'ai accepté mais j'en ai vu du temps ! J'ai sué. Cette expérience allait me servir quelques mois plus tard ».
En 1941, le Nassognard trouve un job de traceur dans les ateliers du Chemin de fer, à Salzinnes (Namur). Il dessine des pièces pour le matériel roulant. Il comprend vite qu'il a les moyens d'enquiquiner les Allemands: « Bah, un trou au lieu de deux, des mesures qui ne collent pas, etc. C'était ma façon de faire de la résistance. »
Godefroid de Bouillon
Toujours en 1941, en septembre, le Nassognard est contacté par le service du renseignement de Salzinnes:« Pour me mettre à l'épreuve, je devais faire le relevé des fortins le long de la Meuse. Sur le coup, j'ignorais que c'était une sorte d'examen. J'ai compris plus tard que le Renseignement n'avait absolument pas besoin de ces informations. J'ai visiblement passé le test puisqu'on m'a confié ensuite de véritables missions: signaler les trains qui transportaient des troupes, le nombre de véhicules sur chaque convoi, etc. Je transmettais ces données sur des papiers. Ça me plaisait. Je n'ai plus eu aucun contact en 1942 parce que les trois chefs qui étaient au-dessus de moi avaient été arrêtés. Je ne les connaissais pas. Juste leur prénom. »
À la fin de l'année 1942, le Mouvement national belge (MNB) de Bruxelles crée un groupe en province de Luxembourg. Léo Kauten, de Warnach (Arlon) et Émile Benoît, de Nassogne, deux étudiants en droit qui se sont connus sur les bancs de l'université de Liège vont y jouer un rôle important: « Émile m'a contacté. Il voulait que je l'aide. Tout est donc parti de Nassogne. Puis, quelques semaines plus tard, Léo Kauten a déménagé le QG de Nassogne à Bure (Tellin) qui était à l'époque en province de Namur ! J'avais toujours souhaité prendre une part active dans la Résistance. J'ai donc accepté. »
Edmond Leroy était le chef du secteur 1 NMB-Lux qui englobait les cantons de Nassogne, Wellin, Saint-Hubert, Tillet et Lavacherie: « J'étais responsable de 493 agents. Dans chaque canton, il y avait un chef de brigade. Aucun d'eux ne me connaissait. Pour eux et pour tout le monde, j'étais le secrétaire de François. Ce François n'ayant jamais existé, ils n'en croyaient pas leurs yeux à la fin de la guerre quand je leur ai présenté François, c'est-à-dire moi-même. En 1942, pendant quelque temps, Léo Kauten signait « Godefroid de Bouillon » ; Émile Benoît était « Amand des Gaules » et moi, « solitaire de Freÿr ». On s'est vite rendu compte que c'était trop compliqué. Léo Kauten est devenu Pierre Marca, Émile signait Joseph et moi, François. »
À Wellin, se souvient Edmond Leroy, le chef de brigade était le curé de Chanly, l'abbé François: « Quand il participait à une mission de sabotage, il enlevait sa soutane et revêtait une salopette. Mais il n'y avait pas que les sabotages. D'ailleurs, je n'étais pas d'accord avec ces actions qui pouvaient avoir des conséquences graves sur la population. Mon passage un peu forcé par l'imprimerie m'a bien servi . J'ai réussi à créer des affiches clandestines, des pamphlets et un petit journal.Nous avons aussi réussi à cacher et à enrôler des réfractaires au travail obligatoire en Allemagne ».¦