Accident mortel à Marche: Valérie Lecomte, la bourgmestre de Somme-Leuze, demande encore son acquittement
La justice doit toujours se prononcer sur un accident de la route mortel impliquant la bourgmestre de Somme-Leuze, survenu le 16 juillet 2020, sur le boulevard urbain à Marche.
- Publié le 14-09-2023 à 14h36
- Mis à jour le 14-09-2023 à 14h37
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Le 16 juillet 2020, une piétonne octogénaire, Monique Doppagne (84 ans) avait été percutée par une voiture alors qu’elle traversait le boulevard urbain de Marche-en-Famenne pour rejoindre le Home Libert où elle résidait. Elle est décédée des suites de ses blessures. L’accident, en plus de son caractère dramatique, avait suscité nombre de commentaires car la conductrice était la bourgmestre de Somme-Leuze, Valérie Lecomte.
Un accident pour lequel la justice doit encore établir les responsabilités. Et il est beaucoup question d’un passage pour piétons dans le dossier. Car Valérie Lecomte ne conteste pas avoir percuté l’octogénaire. Mais elle a toujours réfuté toute responsabilité dans cet accident mortel. Selon ses explications, la victime a traversé la route en dehors d’un passage pour piétons et le choc a eu lieu au moment où elle l’apercevait.
Une expertise manquante au départ
Le jour de l’accident, bien qu’avisé, le parquet n’avait pas mandaté d’expert automobile pour tenter d’établir les circonstances. Le dossier de cet accident mortel avait été jugé une première fois par le tribunal de police de Marche qui avait estimé que la responsabilité de la bourgmestre était entière alors qu’elle-même avait demandé son acquittement. Selon l’analyse du tribunal de police, la victime traversait bien sur un passage pour piétons. Valérie Lecomte avait été condamnée 4 mois de prison dont 3 avec sursis.
Mais cette décision avait fait l’objet d’un appel du parquet pour une question purement de Droit. Le juge de police n’avait pas assorti la peine d’une obligation de repasser les divers examens relatifs au droit de conduire, une disposition légale.
Valérie Lecomte avait aussi pris la décision d’interjeter appel.
Et c’est le tribunal correctionnel de Marche, agissant comme juridiction d’appel du tribunal de police, qui a été saisi du dossier. Tribunal correctionnel qui, dans un premier jugement, a fini par ordonner une expertise automobile, manquante donc au départ.
Et ce jeudi, le dossier a de nouveau examiné.
"Il est regrettable qu’il n’y a pas eu d’expertise", a admis devant le tribunal, la représentante du ministère public, la substitut Pascale Robert. Mais pour la magistrate du parquet, la responsabilité de la conductrice reste engagée, car, notamment, une témoin dit que l’octogénaire se trouvait sur un passage pour piétons.
"On ne peut pas dire que la victime était invisible et ce n’était pas elle de se préoccuper de sa sécurité ; prononcez un acquittement reviendrait à dire que c’est la victime qui a causé l’accident", estime la substitut, en requérant 3 mois de prison, une déchéance du droit de conduire d’une durée de 6 mois et l’obligation de repasser les examens.
"Il n’y a pas d’éléments techniques"
Le conseil de Valérie Lecomte, Me Alexandre Wilmotte, se montre lui très critique vis-à-vis de l’expertise qui, selon, lui dirait une chose et puis l’autre. L’expert, souligne la défense, a estimé, en préliminaire que la victime pourrait avoir effectivement traversé en dehors du passage pour piétons mais conclut en précisant ne pas avoir d’éléments techniques pour réfuter les propos d’un témoin affirmant que l’octogénaire était sur un passage pour piétons.
"Nous pouvons arriver à la conclusion que tout ceci n’est pas clair et qu’il y a un doute raisonnable ; doute qui doit profiter à une personne prévenue. ", plaide Me Wilmotte face à l’absence d’éléments techniques dans une expertise réalisée plus de deux ans après le tragique accident.
L’avocat de Valérie Lecomte évoquant aussi des témoignages faisant état du fait qu’il arrive parfois à des résidents du home de traverser en dehors du passage pour piétons ou une configuration du boulevard urbain ne permettant pas toujours une bonne visibilité. Tout ceci, selon la défense, devant amener l’acquittement.
Les proches de Monique Dopppagne ne peuvent, eux, pas suivre une version selon laquelle l’octognéaire traversait en dehors du passage pour piétons.
"Un piéton qui traverse un passage est un obstacle prévisible, dit Me Michel Ghislain, avocat des parties civiles. Pour ce qui est de la visibilité, un conducteur doit toujours rester attentif. Comme déjà soulevé devant le premier tribunal, nous ne sommes pas en présence d’un enfant surgissant subitement sur la route pour rattraper son ballon."
L’expert automobile convoqué devant le tribunal ?
Le tribunal a de nouveau pris le dossier en délibéré. Mais une décision sur le fond pourrait à nouveau ne pas être rendue. Car l’avocat de Valérie Lecomte a suggéré au tribunal de convoquer l’expert automobile pour l’entendre directement à l’audience, Une demande pour laquelle la défense des parties civiles n’émet pas de réserves.
Le tribunal rendra son jugement le 12 octobre.