Élections communales à Marche-en-Famenne: un combat des chefs à fleurets mouchetés
À Marche, le combat des chefs aura bien lieu entre le bourgmestre André Bouchat et les ministres Willy Borsus et René Collin. Même si les intéressés se refusent à toute métaphore guerrière.
Publié le 17-09-2018 à 13h00
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S’il est bien une commune de la province dans laquelle les résultats risquent d’être analysés méticuleusement, c’est Marche-en-Famenne. La capitale de la Famenne vivra un véritable combat des chefs que n’auraient pas renié René Goscinny et Albert Uderzo, les créateurs d’Astérix. Jugez plutôt les forces en présence!
Au centre, la liste du Mayeur-cdH emmenée par le ministre régional René Collin et poussée par André Bouchat, bourgmestre indéboulonnable depuis 33 ans.
À droite, la liste Marche 2018-MR, reboostée et emmenée par le ministre-président de la Région wallonne, Willy Borsus.
Ajoutez encore, à gauche, le PS, emmené par le président du CPAS, Stephan de Mul, un partenaire qui a su se faire apprécier dans la majorité.
Un casting de rêve! Et pourtant même si les acteurs sont ambitieux, cette joute semble se jouer ces derniers temps à fleurets mouchetés. «Je pense qu'il est particulièrement injuste de réduire cette campagne communale à un match entre quelques personnalités, estime René Collin. C'est injuste par rapport à l'ensemble des candidats qui nourrissent tous des ambitions légitimes par rapport à la gestion communale».
Willy Borsus, tient sensiblement le même discours, axé sur le collectif: «Je préfère pour ma part insister sur mon équipe mobilisée, enthousiaste, disponible et renforcée par rapport à 2012».
André Bouchat, bourgmestre sinon rien!
La candidature du bourgmestre André Bouchat aurait-elle calmé les ardeurs? Les jeux seraient-ils déjà faits? André Bouchat l'a dit lui-même en juin dernier lors de sa candidature après avoir longtemps ménagé le suspense: «Je travaille main dans la main avec René Collin et notre équipe. Mais, même s'il convient à l'électeur de décider, si je me présente, c'est pour être bourgmestre. Et si ce challenge est réussi, j'exercerai mon mandat les six ans. Et, si par contre je n'y arrive pas, ce sera "amen" et je rentre chez moi», avait-il déclaré.
Ce scrutin communal se révèle pourtant crucial à bien des égards. Car, même si André Bouchat y jouera à n’en point douter un rôle en vue, l’enjeu de ces élections n’est rien moins que sa succession future. Et dans ce cadre, chacun place au mieux ses pions.
Au soir du 14 octobre, les résultats en voix de préférence des différents candidats seront particulièrement scrutés dans la capitale de la Famenne. Tant ceux de Willy Borsus et René Collin, que ceux au cœur de chacune des listes. Ainsi, sur la liste Mayeur-cdH, nombreux estiment d’ailleurs que cela pourrait se jouer dans un mouchoir de poche, derrière l’inamovible André Bouchat, entre les Collin, Piérard, N’Gongang, Grégoire, Lescrenier, Piheyns.
Cinq listes contre trois en 2012
Autre paramètre à ne pas négliger, ce seront cinq listes, au lieu de trois en 2012, qui seront sur la ligne de départ, avec le retour d’Écolo et l’arrivée de DéFI. Cette nouvelle donne n’entraînera-t-elle pas une certaine dilution des voix, profitable notamment à ces deux partis?
Autre question d’importance, celle des éventuelles alliances? À ce petit jeu, les partenaires cdH et PS ont déjà affirmé tous les deux leur satisfecit quant au six dernières années passées ensemble! Tout cela serait-il déjà cousu de fil blanc?….
Le MR veut faire entendre sa voix
C'est sans compter sur le MR, qui, fort du renouveau enregistré suite à l'arrivée de Willy Borsus veut faire entendre sa voix et ses idées. «Il faudra respecter le choix des citoyens. Notre objectif est résolument de participer à la gestion de la ville et nous venons les mains libres. Nous voulons apporter un renouveau, du changement pour notre ville».
Les pions sont placés et la partie commencera au soir du 14 octobre.
La majorité absolue, objectif du cdH

«Notre bilan, il est extraordinaire!», attaque d'emblée le bourgmestre André Bouchat, qui poussera la liste Mayeur-cdH. «Sans doute l'un des bilans les plus positifs de toute la Wallonie! Avec le boulevard urbain, cité en exemple, et dont plusieurs communes sont en train de s'inspirer. Certes, la mobilité y fait parfois débat, mais le très prochain bouclage du contournement de la ville permettra de régler bien des problèmes. Et alors, nous initierons une étude de mobilité complète, qui, comme le prochain Guide de l'Urbanisme, sera soumise à la population. Cette nouvelle philosophie me tient particulièrement à cœur. Je suis convaincu que beaucoup de citoyens veulent participer utilement à la vie communale en donnant leur avis».
La liste Mayeur-cdH, qui, il y a six ans avait obtenu une confortable majorité avec 16 sièges sur 25, sera cette fois conduite par le ministre régional René Collin. Une liste sur laquelle quatorze des membres étaient déjà présents en 2012 dont les cinq échevins: Piérard, N’Gongang, Grégoire, Piheyns, Lescrenier. Le cdH se déclare par ailleurs satisfait du PS, son partenaire depuis 2012
René Collin: «Je n’arrive pas comme Zorro»
«Nous entendons évidemment garder la majorité absolue en réalisant le meilleur score possible. Pas question de rivalités chez nous! Si le cdH de Marche m’a proposé de conduire la liste, c’est parce que tous mes colistiers me témoignent leur confiance. Je n’arrive pas comme Zorro!»
Et si la campagne semble pour l'instant policée, certains propos du MR sur «un urbanisme galopant à Marche» et une demande de moratoire sur l'immobilier ont été avalés de travers du côté cdH. «Le MR a perdu la mémoire, lance René Collin. Il semble oublier qu'ils ont voté tous ces travaux. Je les mets face à leurs contradictions. Pourquoi demander un moratoire qui stopperait l'évolution de la Ville, alors que partout ailleurs, les ténors libéraux parlent de développement économique et de création d'emplois?»
Côté programme, tant René Collin qu'André Bouchat, ciblent la création d'emplois, «notamment dans le domaine de la recherche et des sciences du vivant avec le parc Novalis et le CER»; mais aussi le développement des nouvelles technologies dans le cadre des Smart Cities. Ils souhaitent aussi mettre au plus tôt des terrains à bâtir à disposition des jeunes ménages. «Ce sera l'un des grands enjeux de cette mandature, selon André Bouchat, qui annonce que, «dans cette optique, la Commune se portera candidate pour l'achat de terrains mis en vente à Waha par la Famennoise, dans le triangle situé entre les rues du Macquis, des Champs et de la Carrière»
Avec Willy Borsus, le MR en renouveau

Crédité de trois sièges, le MR a été relégué dans l'opposition en 2012. Les cartes semblent aujourd'hui bel et bien redistribuées. Le MR se présente reboosté face à l'électeur. L'arrivée à Marche du ministre-président de la Région wallonne, Willy Borsus, n'est sans doute pas étrangère à cette embellie. Le nouveau chef de file fait l'unanimité derrière lui. «Notre objectif avoué est de faire mieux que le résultat de 2012, mais nous ambitionnons malgré tout une entrée en majorité. Nous n'avons aucune exclusive. Nous verrons les grandes tendances au soir des élections. Mais nous voulons être utiles à la commune».
Quant à être bourgmestre, Willy Borsus est clair: «Je suis transparent. Si les Marchois m'accordent leur confiance, je serai empêché dans un premier temps, mais avec la promesse d'exercer la fonction dans le courant de la mandature.»
Mobilité et immobilier, les enjeux
Le MR veut un renouveau. «Certes Marche évolue bien. Et il faut maintenir cette croissance. Il faut toutefois amorcer des changements notamment dans le domaine de la mobilité sur le boulevard urbain et la route industrielle. Nous pensons que le bouclage du contournement ne sera qu'une solution partielle et temporaire. Les nouveaux logements prévus, notamment dans le cadre du Quartier nouveau, modifieront déjà la donne. Il faut également limiter les constructions à haut gabarit dans le centre-ville. Certains tentent de caricaturer notre propos. Il faut que la ville continue à évoluer mais de manière raisonnée et raisonnable. Il faut que cette croissance soit acceptée par les Marchois et non pas subie. Le moratoire que nous proposons est à ce titre limité aux immeubles à haut gabarit et n'est pas rétroactif».
Côté programme, le MR dépose plus de 200 propositions, priorités et engagements. Parmi ceux-ci: «Nous souhaitons que le prochain plan de mobilité et le schéma de structure soient élaborés en concertation avec les villages et les divers quartiers de la ville, en ensuite soumis à consultation populaire». Le MR propose aussi un chèque de rentrée pour les familles. «Et, pour ramener le commerce au centre-ville, nous voulons également accorder une première heure de parking gratuite»
Le PS veut rester dans la majorité

«Ce sera un sacré challenge» estime d'entrée Stephan De Mul qui emmènera la liste du PS. Une liste qui, durant les six dernières années, a fait l'expérience de la majorité au côté du cdH. «En 2012, nous avions réalisé un résultat historique depuis la fusion des communes, forts d'un score de 25%. L'ambition est évidemment de renouveler ce résultat et on s'y attelle. Mais la donne a changé. D'une part, on dénombre cinq listes au lieu de trois. Et d'autre part, nous aurons aussi affaire à un MR en plein renouveau avec l'arrivée de l'expatrié Willy Borsus. Mais aussi à un cdH renforcé avec l'arrivée de René Collin».
Le cdH qui avait choisi en 2012 de s'allier avec le PS. «Nous pouvons dire effectivement que le partenariat s'est bien passé. Le partenaire a été loyal et nous avons bien entendu le cdH affirmer qu'il en était de même. C'est toujours plaisant à entendre. Nous n'avons ceci dit aucune exclusive. Et si, nous pouvons à nouveau entrer en majorité, pourquoi ne pas obtenir un deuxième représentant au collège?», espère Stephan De Mul Pour se démarquer dans cette campagne, le PS compte sur une équipe où cinq des six conseillers sont repartants. «Une équipe renouvelée également avec de jeunes candidats dynamiques. L'ambition est d'être le relais de la jeunesse».
Côté bilan, le président du CPAS sortant cible évidemment le redressement des finances de l'institution sociale. «Le home Libert (111 lits) est à nouveau sur les rails après les années de travaux et les 20 résidences services sont opérationnelles depuis un an. C'est maintenant un véritable quartier dédié aux aînés, avec en plus, un centre de jour et de soins».
Côté programme, le PS espère poursuivre le développement du quartier Libert en l'axant sur l'intergénérationnel et en développant l'e-santé, «ce qui permettrait d'aider les aînés à rester plus longtemps à leur domicile». Le PS veut aussi faire vivre les infrastructures. «Elles sont nombreuses. Fort bien! Mais il faut les faire vivre en développant l'associatif et les animations. Nous lançons également l'idée de conseils communaux décentralisés pour sensibiliser les villages à la gestion de la Ville. Et pourquoi ne pas envisager une liaison piétonnière entre la place roi Albert et la place aux Foires?»
Écolo fait son retour et vise deux conseillers

Écolo est de retour à Marche! Une section locale s'est relancée il y a quelques mois. Et en juillet, une liste a pris place dans les starting-blocks. La liste compte désormais 18 noms avec récemment sept nouvelles arrivées. La liste est emmenée par Nicole Graas et Olivier Vajda. «Notre espoir est de revenir au conseil avec deux conseillers, ambitionne Nicole Graas. C'est à la fois une ambition modeste, puisque nous serions moins de 10% du conseil; et grande, car c'est un score supérieur aux résultats obtenus par Écolo à Marche dans le passé. Mais l'accueil est bon sur le terrain. Nous n'avons aucun accord préélectoral et n'en aurons pas. Nous attendrons le verdict des électeurs».
Côté programme, Écolo cible la mobilité entre les villages, le centre-ville et les zones commerciales par l’aménagement de trottoirs, de pistes cyclables, de transports en commun, de covoiturage et de partages de véhicules. Des projets multiples qui visent à renforcer les liens entre les citoyens et les élus. Créer des liens: le leitmotiv de la liste.
Entrer au conseil: le défi de DéFI

Cinquième liste sur la ligne de départ: DéFI pour une première participation dans la capitale de la Famenne. «Nous y sommes présents depuis le lancement de la Fédération provinciale en 2009, indique celui qui emmènera la liste, Bertrand Aubry. Nous avons été de plusieurs combats phares comme, entre autres, la défense de la gare de Marloie et la ligne 43.»
DéFI aborde ce scrutin communal avec une équipe de 17 candidats. «Notre ambition est de faire notre entrée au conseil avec au minimum un conseiller. Cela nous permettrait un meilleur accès à l'information et favoriserait nos actions pour les Marchois. Quoiqu'il arrive, notre dynamique ne s'arrêtera pas au soir du 14 octobre.»
Le programme de DéFI comprend sept thématiques. Parmi les principaux projets, la liste veut associer les citoyens aux prises de décision (retransmission du conseil en direct, plateforme citoyenne pour déposer des projets…). Autre proposition: une aide communale pour les familles avec enfant lors de la rentrée scolaire.