Sextorsion et menace d’attentat terroriste pour un seul et même prévenu, un Libramontois
Il a menacé de faire exploser une mosquée à Bruxelles. En fouillant son PC, les policiers découvrent qu’il fait partie d’un réseau d’extorsions à la sextape.
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Publié le 21-02-2023 à 17h38
Affaire fort peu banale que celle prise ce mardi matin au tribunal correctionnel de Neufchâteau. Un citoyen de Libramont est poursuivi pour avoir escroqué des gens par le biais de sextape. Encore moins banal, il a menacé de commettre un attentat terroriste !
Commençons par le dossier "terrorisme". Le quadragénaire a menacé de faire exploser une mosquée de Bruxelles, à l’aide d’une bombe qu’il aurait fabriquée. Visant expressément "les Arabes de Belgique ", parlant de "racailles de musulmans" et autres vocables du même type. Des propos qu’il a tenu en chattant sur le web avec deux autres personnes. Et c’est l’une de ces personnes, un Québécois, qui a dénoncé ces menaces à la police canadienne.
Entendu par la police belge, l’homme dira que ce n’était que des menaces, qu’il n’y avait rien de vrai, mais ne cache pas son opposition à "l’islam et aux Arabes qui veulent dominer le monde."
Il se prélevait 10% de commission
En fouillant dans son PC, les forces de l’ordre découvrent qu’il est impliqué… dans un réseau d’extorsion à la sextape ! Autrement dit, de sextorsion.
Des Africains, se faisant passer pour des femmes, font en sorte que des hommes se déshabillent face à leur webcam. Ils enregistrent ces images à caractère sexuel, puis demandent de l’argent à leurs victimes pour ne pas diffuser ces images sur le web. Dans ce réseau, le Libramontois servait d’intermédiaire. C’est lui qui rédigeait le courrier de menace, se faisait parfois passer pour un avocat, et s’occupait des transactions. Il gardait pour lui une commission de 10%, et reversait le reste aux Africains. Entre 2014 et 2020, il aurait touché entre 10 000 et 15 000 €.
Le même réseau extorquait de l’argent se faisant passer pour des parents ne disposant pas de suffisamment de moyens pour s’occuper de leurs enfants handicapés.
Au total, trois ans de prison requis
Le procureur de division a requis deux ans de prison contre le Libramontois pour menace terroriste, regrettant son absence à l’audience, ce qui aurait permis "d’évaluer à tout le moins l’état d’esprit de monsieur." Pour les faits d’extorsion, au vu du système mis en place et des sept années durant lesquelles il a été mis en pratique, il demande une peine d’un an de prison, ainsi qu’une confiscation à hauteur de 10 000 €.
"Des menaces proférées dans un cadre privé"
Me Romain Schumer, l’avocat du prévenu, plaide un acquittement pour la menace terroriste. "On ne découvrira rien chez lui, pas de bombe, rien. Il n’a pas eu de début d’accomplissement, constate-t-il. Les menaces ont été proférées dans un cadre privé, un chat entre trois personnes, pour faire peur à une personne qui le harcelait."
Concernant les faits d’extorsion, "le dossier est éloquent", concède l’avocat, mais son client "ne servait que d’intermédiaire". Il plaide pour un sursis.
Le jugement sera rendu le 21 mars.