Maison incendiée à Sberchamps, le propriétaire a-t-il voulu escroquer son assurance?
Le propriétaire aurait mis le feu à sa maison, à Sberchamps, pour toucher l’argent de l’assurance. Dévasté, il plaide son innocence, lui qui a tout perdu dans cet incendie.
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Publié le 08-02-2023 à 06h58
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Le feu avait ravagé cette belle maison dans le centre du village de Sberchamps (Libramont), le 3 décembre 2020.
Aux yeux du ministère public, il est clair que le propriétaire a bouté le feu à sa maison, alors en vente, pour toucher l’argent de l’assurance. Il a été vu sur les lieux environ quinze minutes avant le début de l’incendie. Un incendie qui a pris très rapidement de l’ampleur.
Et puis il y a cette fenêtre de toit, fermée la veille, et étrangement grand ouverte dans cette maison inoccupée, abreuvant d’air un foyer qui n’en demandait pas tant.
La maison était en vente depuis août 2020, au prix de 395 000 €. En septembre, le propriétaire modifiait son contrat d’assurance sur base de la valeur à reconstruire.
La substitute a requis le minimum légal, tenant compte "des conséquences colossales" pour le propriétaire. Il n’a plus de maison, mais doit continuer à payer son emprunt. Le minimum légal, c’est tout de même un an de prison et 500 € d’amende (4 000 € avec les décimes additionnels).
« Ils sont écrasés par l’appareil judiciaire »
La défense ne partage pas du tout la même lecture de ce dossier "d’une infinie tristesse", commente Me Jean-Charles Mottet, l’avocat du propriétaire.
"Le 3 décembre 2020, la vie de cette famille a basculé. Depuis lors, ils sont écrasés par l’appareil judiciaire, par les experts et par la compagnie d’assurances, déplore-t-il. Ils sont démunis, devant un mur infranchissable. Ils ne comprennent pas ce qui leur arrive. Le Tribunal tient entre ses mains la vie et la survie de monsieur et de sa famille pour les années futures. Depuis l’incendie, ils sont dans une misère noire au niveau financier."
L’avocat a longuement défendu le père de famille. Pour lui, ce dernier n’avait aucun intérêt à mettre le feu à la maison. Le matin même, il a fait une contre-proposition à 360 000 € à de potentiels acquéreurs.
Quand bien même, s’il avait mis le feu, il n’aurait pas laissé le chien de famille à l’intérieur et n’aurait pas garé sa camionnette à la vue de tout le village.
La fenêtre de toit ? Les enfants ne la fermaient jamais complètement, ils la rabattaient. Elle aurait pu s’ouvrir sous l’effet de la chaleur, estime l’avocat.
Incendie volontaire ou feu couvant ?
Reste que pour les experts, seul un incendie volontaire aurait pu prendre une telle ampleur aussi vite. Et le seul à avoir été présent sur les lieux quelques minutes avant l’incendie est le père de famille. "Mais aucune trace de produits accélérants n’a été retrouvée dans la maison, ni sur monsieur. Le maître-chien a marqué un intérêt sur un matelas, qui n’est pas le foyer de l’incendie. Et si c’était un feu couvant que monsieur n’a pas vu quand il était dans la maison ? " Cette hypothèse de feu couvant a été écartée par les experts. Des experts pétris de certitude, qui n’ont pas toujours raison, commente l’avocat de la défense, signalant que le 2e expert a "bien inventé un 2e foyer d’incendie."
L’avocat pointe aussi l’étrange absence de la compagnie d’assurances lors de l’audience, "alors qu’elle a toujours voulu charger la mule", souligne-t-il. "Elle a compris qu’il n’y avait rien dans le dossier répressif. Elle veut éviter un jugement d’acquittement où elle est partie prenante", estime-t-il. Car outre ce volet pénal, il y a un volet civil, avec de gros enjeux financiers. L’avocat plaide donc un acquittement pur et simple de son client (et pas au bénéfice du doute) pour être dans la meilleure posture possible dans la procédure civile.
Le jugement sera rendu le 15 mars.