Cancer: bientôt une maison de ressourcement en province de Luxembourg ?
Notre province ne compte aucune maison de ressourcement pour les personnes atteintes d’un cancer. Cela pourrait bientôt changer.
Publié le 30-01-2023 à 06h00
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Que ce soit à Liège, Verviers, Mons, Tournai, Mouscron, Namur ou encore Charleroi, la Wallonie compte plusieurs maisons de ressourcement dédiées à accompagner les personnes souffrant d’un cancer. Mais la province de Luxembourg, quant à elle, n’en compte aucune. Le projet est néanmoins dans les esprits.
Une réflexion en cours à Libramont
Plusieurs acteurs aimeraient voir ce projet sortir de terre en province de Luxembourg. Une réflexion est d’ailleurs entamée, notamment par le Dr Forget, chef du service oncologie de l’hôpital de Libramont et Mireille Lobet, ancienne enseignante et sensible à la cause.
" L’idéal serait d’avoir une maison avec des pièces suffisantes afin de créer des endroits pour les soins et les activités, explique-t-elle, pensant déjà à la vie dans ce bâtiment. Il pourrait y avoir des soins esthétiques ou énergétiques pour apporter du bien-être aux personnes touchées par la maladie comme de la sophrologie, de la réflexologie, du reiki, etc. Des ateliers sur comment porter la perruque ou le foulard. Nous savons aussi que la chimiothérapie altère le goût. Souvent, la nourriture a un goût métallique ou de papier. Il pourrait donc y avoir un atelier où les personnes réapprendraient à cuisiner, reprendraient du plaisir à manger. Il pourrait y avoir un tapis de marche ou un vélo d’appartement parce que c’est connu, le sport peut aider à la guérison."
La maison de ressourcement se voudrait aussi être un lieu d’échanges pour toutes les générations et entre personnes malades. En effet, les proches qui ne sont pas touchés par la maladie peuvent s’avérer maladroits. Ici, les personnes concernées pourraient discuter et comprendre l’autre.
" Idéalement, cette maison de ressourcement se situerait en dehors de l’hôpital, reprend Mireille Lobet. Ces personnes ont été laissées en souffrance pendant la pandémie. Un endroit en dehors permettrait de continuer à se réunir avec des normes de sécurité différentes de celles d’un hôpital. Il faudrait un endroit centralisé, avec les transports en commun à proximité. Libramont est bien desservie par les bus et dispose d’une gare. Il y a également la forêt pour aller se balader et un hôpital en cas d’urgence. Libramont réunit beaucoup de critères."
«Médicalement parlant, c’est primordial»
Au sein de la clinique de Libramont, le projet d’une maison de ressourcement est important. Le Dr Forget, chef du service oncologie, s’explique: " En tant que spécialistes, nous suivons des groupes d’experts, le plus souvent américains. Ceux-ci disent clairement que les soins qui accompagnent la prise en charge médicale sont à privilégier. On ne parle pas du tout de médecine alternative mais bien de médecine complémentaire."
Le médecin va plus loin dans ses explications: " Si l’on prend des femmes atteintes d’un cancer du sein, il va y avoir un pourcentage qui va abandonner la chimio car il y a trop d’effets secondaires. Cela augmente le risque de rechute, c’est prouvé. Mais lorsqu’on les accompagne et que l’on améliore leur qualité de vie, elles ont plus de chances de s’en sortir. C’est scientifique et purement médical. Il y a donc une justification d’avoir un soutien. Notre public cible serait donc principalement des femmes pour qui il y a tout un processus qui se fait, où la féminité est attaquée, où l’image de la femme est altérée avec parfois une mutilation de la zone concernée et une répercussion psychologique. Ce type de projet est, selon moi, totalement justifié."
La structure ne serait cependant pas dédiée qu’aux femmes. Toute personne souffrant d’un cancer quel qu’il soit serait la bienvenue.
Une réunion prévue entre les acteurs concernés en février
Les autorités provinciales se penchent aussi sur le sujet. Une réunion est d’ailleurs prévue dans les semaines à venir pour en discuter.

Du côté de la Province, la réflexion se fait également. "Qu’il n’y ait pas de maison de ressourcement en province de Luxembourg n’est pas un choix, non, affirme le député provincial en charge du social et de la santé Stéphan De Mul. Il y a une réflexion qui a déjà été faite l’an dernier. Nous avons rencontré plusieurs associations, plusieurs personnes qui travaillent dans ce type de concept et qui se rapprochent de maison de ressourcement, notamment sur Libramont et sur Marche-en-Famenne."
La Province a en effet rencontré le chef du service oncologie de l’hôpital de Libramont et la Plateforme des soins palliatifs avec laquelle certaines infirmières de l’hôpital de Marche-en-Famenne ont des projets. Les deux communes sont donc dans les esprits mais il faudra s’adapter à la vaste province qu’est le Luxembourg.
«Personne ne fera 50 kilomètres pour ça»
"Il faut un hôpital pour ce genre de projet, reprend Stéphan De Mul. Le but est de pouvoir créer une certaine activité d’accompagnement, mais les personnes atteintes de cancer ne feront pas 50 kilomètres pour ça. Si nous réalisons ce projet à Libramont, les personnes d’Arlon ne se déplaceront pas jusque-là, tout comme les Libramontois ne se déplaceront pas jusque Marche-en-Famenne." L’idéal serait donc d’avoir plusieurs implantations et une reconnaissance de la Région wallonne. "Nous devons également penser au projet Vivalia 2025 et à l’hôpital qui sera prochainement situé à Houdemont. Tout cela est à discuter. Il faut un projet commun, avec un fonctionnement à déterminer, que ce soit géographiquement parlant ou encore avec les personnes qui souhaitent entrer dans le projet."
Prochainement, la Province va à nouveau prendre l’initiative de mettre les personnes concernées autour de la table. Une réunion est d’ailleurs prévue courant février. "Nous avons un coordinateur au niveau provincial qui a déjà une belle vision de ce qui se fait dans les maisons de ressourcement existantes", explique encore Stéphan De Mul. Idéalement, la Province souhaiterait qu’un projet concret voie le jour en 2024.
La Fondation contre le cancer regrette cette absence
La Fondation contre le cancer, qui soutient financièrement ces maisons de ressourcement, regrette que la province de Luxembourg ne possède pas encore sa propre structure. " Il est vrai que dans le sud du pays, rien n’est encore établi, explique Ludovic Garcet, coordinateur pour les provinces de Namur et Luxembourg. L’idéal serait que cela existe aussi pour cette population. Il y a des réflexions menées avec les soins palliatifs via la plateforme de la Province mais pour l’instant, nous sommes plus dans une démarche d’initiatives plus périodiques et spontanées mises en places par les hôpitaux ou ASBL. Nous sommes tributaires des moyens mis en place."
Ludovic Garcet explique encore que la création d’une maison de ressourcement ne dépend pas de la Fondation contre le cancer. " Nous avons envie de soutenir de tels projets, c’est évident, reprend-il. Nous soutenons déjà les maisons existantes dans les autres provinces, mais nous n’avons pas le pouvoir de créer une telle structure. Cependant, nous sommes là financièrement et même logistiquement parlant, en organisant des moments d’échanges et en mettant notre personnel à disposition."
Ce type de projet comprendra des frais, comme tout projet, mais le Dr Frédéric Forget se veut confiant. " Il y a des subsides qui peuvent s’obtenir, dit-il. Mais une chose après l’autre. Nous allons d’abord nous réunir avec les personnes compétentes, trouver un endroit ensuite et puis trouver des fonds. Au niveau de l’équipe, nous souhaiterions partir sur du bénévolat en grande partie. Mais il faudrait aussi une secrétaire à temps plein qui serait rémunérée. Il faut que tout cela se discute."