VIDÉO | Florence Mendez, l’humour noir qui veut répandre l’amour
Elle manie aussi bien l’humour noir que la culture: la talentueuse Florence Mendez a conquis Libramont. Une première hilarante.
Publié le 29-01-2020 à 06h00
Si vous ne connaissez pas Florence Mendez, cela risque bien de ne pas durer! Jeudi, le public libramontois a, en tout cas, été conquis par la pétillante et talentueuse humoriste bruxelloise, qui venait pour la première fois avec son spectacle «Delicate» en province de Luxembourg. Un public séduit par l’humour noir, jamais gratuit, mais teinté de culture et d’un message… de paix de cette ancienne prof de néerlandais qui s’est lancée dans le stand-up en 2016. Et qui a fêté ses 33 ans sur la scène du centre culturel, avec un gâteau surprise offert par l’organisation.
Florence Mendez, comment a été le public libramontois?
Déjà, je ne pensais pas avoir autant de gens (plus de 300), car j’ai un humour particulier. Il faut parfois attendre un peu avant que le rire n’arrive. Les gens sont étonnés du décalage entre la personne que je suis sur scène et ce que je raconte. Et là, on était en phase avec les gens, c’était vraiment chouette.
L’humour noir est votre marque de fabrique, mais il y a également un message, positif, derrière…
Oui, j’essaye, c’est important. Mon spectacle se divise en trois parties. La première est plus facile d’accès, avec mes expériences de maman et d’enseignante. La deuxième est plus personnelle, avec des thèmes comme la vie amoureuse et la maladie qui m’a touchée. Et la dernière partie est plus engagée, ce qui me correspond. J’ai souvent un sentiment d’impuissance avec ce qui peut se passer dans la société et dont je suis en désaccord. À mon échelle, c’est important de pouvoir dire aux gens d’arrêter de se détester. C’est un continuum avec ce que je fais en radio, qui vise à faire réfléchir.
Qu’est-ce qu’on en a faire que des gamins se déguisent en princesse? Comment on en vient à tant de haine?
Il faut pouvoir rire de tout, mais j’essaye que ce ne soit jamais gratuit. Quand je parle de la maladie mentale dont j’ai souffert, le trouble panique, j’ai trouvé un moyen d’en rire. Faire du stand-up m’a d’ailleurs aidée à aller mieux. Et je sais que des gens apprennent ce que c’est car j’en parle dans mon spectacle.
Il y a une partie humour, où l’objectif est de faire marrer, mais j’ai aussi pour but de faire réfléchir un minimum, c’est comme ça que je fonctionne, je suis assez cérébrale.
«Des réactions d’une violence….»
Vous utilisez aussi pas mal de références culturelles, de Malala à Nietzsche. N’est-ce pas parfois se compliquer la tâche envers le public?
Dan Gagnon me l’avait demandé, si je n’avais pas peur de perdre des gens en route. C’est un risque, mais je ne veux pas changer ça. L’humour reste de la culture, si les gens possèdent les références, c’est super cool. Sinon, j’ai bon espoir qu’ils se renseignent (sourire). Et je pense qu’ils le font. On peut aussi apprendre des choses à un spectacle d’humour, je trouve ça plutôt bien.
Vous parlez des réactions haineuses. Vous devez en recevoir pas mal sur les réseaux sociaux…
J’ai plus de réactions positives, des nanas qui me disent merci car depuis qu’elles me suivent, elles essayent de moins se laisser faire. Quant aux réactions négatives, c’est d’une violence. Sur la vidéo youtube de mon passage à Montreux, c’est très violent. Pour eux, je reste une jolie fille donc que je ne suis pas censée ouvrir ma gueule. Même ceux qui ne se pensent pas sexistes, ils agissent de manière biaisée car je ne corresponds pas aux codes donnés.
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Ces réactions doivent aussi vous donner envie de continuer, non?
Clairement. Mais je dois souvent me tempérer, car j’ai tendance à répondre sur les réseaux sinon j’ai l’impression de leur laisser un sentiment d’impunité complet. Et vu que j’ai de la chance d’avoir de la repartie, c’est souvent efficace.
Plus on me dira de me taire, plus je l’ouvrirai. Je finirai peut-être par le payer un jour, mais je préfère être comme ça.
Pour conclure, le public luxembourgeois pourra-t-il vous revoir prochainement?
Oui, j’espère bien. Enfin, tout Libramont était déjà dans la salle jeudi, non? (rire) C’est un chouette public et l’organisation… Le gâteau d’anniversaire, c’était vraiment très mignon. Cette soirée valait clairement l’heure et demie de route (sourire).
«Mon ex m’a dit que je n’étais pas drôle»
Son fils Dans son spectacle, Florence Mendez parle de son fils, n'hésitant pas à égratigner ses cadeaux, dessins et spectacles de fin d'année.
«Il a vu le spectacle plein de fois, il adore. Il sait que ce n'est pas lui en particulier, mais sur la maternité en général, explique-t-elle. On a beaucoup parlé du second degré, comme pour le portrait qu'il avait dessiné petit, dont je me moque. Quand je lui ai remontré son dessin, il a rigolé et l'a aussi trouvé plutôt moche. Mais je garde le dessin car ça vient de lui. En fait, mon fils de 9 ans a plus d'humour et de recul que bien des adultes.»
Les Belges «Les humoristes belges plaisent en France car ils osent plus de choses. Puis, on a le droit d'être à côté de la plaque car on est Belge (rire). Le Kings of comedy club, à Bruxelles, est une chance incroyable pour la jeune génération, un vrai incubateur. On a ainsi pu faire les premières parties d'artistes comme Alex Vizorek ou Guillermo Guiz. On est soudé.»
Rêve «Mon rêve, c'était d'avoir un jour mon propre spectacle. Quand je me suis lancée, mon ex me disait que je n'étais pas drôle. Je n'avais pas forcément la même confiance en moi. Je n'aurais jamais donc imaginé en arriver là où j'en suis. Mais je veux encore aller plus loin, je crois en moi. Et si j'ai mis du temps à le roder, je suis fière de mon spectacle à 100%.
Ce que l’on peut me souhaiter en 2020? Que ça fonctionne en France. Et pour la suite, faire du cinéma! C’est un rêve de gosse. Et quand on en réalise un, on se rend compte que tous les autres sont possibles.»
Pure FM Elle réalise une chronique hebdomadaire sur Pure. Elle est aussi engagée par Canal + et a rejoint le Bureau des Auteurs à Paris.
Bastogne, ce coup de boost
Florence Mendez s'était déjà produite une fois en province de Luxembourg, lors du concours des jeunes talents du festival du rire de Bastogne en 2018.?Avec succès puisqu'elle y avait remporté les prix du public et de la presse. « Ils m'avaient été remis par Vérino, un artiste que j'admire, se rappelle Florence Mendez.?C'est le premier prix que je gagnais avec un trophée à la clé (rire) ! Gagner les deux a représenté quelque chose, car avec mon humour clivant, je ne gagne pas le prix du public normalement. C'est un prix d'autant plus important que je sortais d'une période compliquée suite à ma maladie. ».
