L’étudiant infirmier a maintenant droit à l’erreur
Pour éviter de poser les premiers gestes sur un patient, la Haute école Robert Schuman propose un centre de simulation à ses futurs infirmiers.
Publié le 08-11-2018 à 06h00
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Vingt mille erreurs médicales par an en Belgique. C’est le constat dressé par le SPF Santé Publique en 2007. Pour lutter contre ce chiffre, la formation des jeunes infirmiers est primordiale. C’est pourquoi la Haute école Robert Schuman (HERS) s’est dotée d’un centre de simulation pour la grosse centaine d’étudiants qu’elle forme en deuxième et troisième années. L’objectif: développer des automatismes techniques mais aussi des compétences relationnelles comme la communication, le travail en équipe ou la gestion des risques.
En pratique, le centre de simulation ressemble trait pour trait à une chambre d’hôpital: des cathéters aux pantoufles en passant par le lit électrique, récupérés dans les hôpitaux de Vivalia. La seule différence: le patient est un mannequin. C’est sur lui que les étudiants poseront les bons ou les mauvais gestes, en suivant un scénario établi par les enseignants.
Des situations très réalistes
Pas besoin d'un automate hypersophistiqué, tout l'intérêt de la simulation réside dans le réalisme de la situation. «Derrière le mannequin, il y a quelqu'un qui parle et qui va s'adapter aux réactions de l'étudiant, explique Marie-Paule Cornette, professeur à la HERS. Le mannequin peut parfois mettre une barrière mais l'étudiant doit s'y habituer. »
Cette barrière, Christine Palizeul, une autre enseignante, se charge de la briser quand elle joue la voix derrière le mannequin. «Parfois, je pleure presque, parce qu'il faut vraiment faire passer l'émotion. Neuf étudiants sur dix tombent dedans! Ils s'immergent complètement. »
La simulation n’a pas pour objectif d’effrayer les étudiants. C’est en fait tout l’inverse: avant d’entrer dans la salle, les étudiants sont mis à l’aise par les formateurs. Des règles de base sont établies: la confidentialité de l’exercice, le non-jugement, le respect, la bienveillance, l’écoute… Après l’entraînement, on débriefe calmement sur ce qui s’est passé dans la chambre.
Compenser la diminution des stages
La simulation permet de démystifier les premiers instants avec un patient. «Il a fallu trouver des outils pour que les étudiants soient à l'aise en arrivant sur les différents terrains de stage », explique Christine Palizeul.
L'exercice est d'autant plus important depuis le changement de cursus. «Avant, les étudiants allaient beaucoup plus en stage en première année. Maintenant, ils y vont durant un mois. Certains deuxièmes années partent seulement en stage maintenant, en novembre. Cela veut dire qu'ils n'ont plus touché un patient depuis mars de l'année dernière, en maison de repos. »
Le centre de simulation lutte aussi contre certaines peurs des stagiaires: appeler le médecin et, surtout, savoir dire «non». «Quand on sait, on fait, quand on ne sait pas, on ne fait pas. On veut leur apprendre le ''no-go'' pour résister à la pression et oser dire à l'infirmière qui encadre le stagiaire qu'on n'a pas les compétences pour faire ce qui est demandé. »
Désormais, les étudiants en soins ont aussi le droit de se tromper.