Élections communales 2018 à Libramont-Chevigny: avec quatre listes, difficile de faire une majorité absolue
Il nous semble que cela va être compliqué pour une des quatre listes de faire une majorité absolue vu la dispersion des voix. Difficile donc aussi pour Chevi 2018, en l’absence de 5 colistiers qui comptaient ensemble 7 500 voix.
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- Publié le 11-09-2018 à 10h37
Les jeux sont ouverts à Libramont. Davantage que voici six ans où il n’y avait que deux listes en concurrence. Les Libramontois avaient sanctionné le cartel cdH-PS, humanistes et socialistes purs et durs ne se retrouvant pas dans ce montage. Cela avait amené le raz de marée que l’on sait, avec 15 sièges emportés par la liste Chevi.

La liste Chevi2018 emmenée par le mayeur sortant Paul Jérouville risque bien de ne pas rééditer son score parce que des voix libérales pourraient se reporter sur le nom de Jacques Balon qui pousse la liste citoyenne Libr@Vous où figurent aussi les conseillers communaux (ex-Chevi) Frédéric Urbaing (1 039 voix) et Cécile Arnould Incoul (908 voix), et puis aussi parce que la locomotive Pierre Arnould (2 644 voix), l’ancien échevin Pol Lejeune (1 833 voix) et Isabelle Mars (1 089 voix) ne sont plus là. Notons encore que la liste Libr@Vous est tirée par Hélène Arnould, qui n’est autre que la nièce de Pierre Arnould (lire aussi la polémique ci-contre). Elle pourrait, elle aussi, bénéficier d’un transfert de voix libérales.
Seuls contre tous?
La liste Chevi 2018, comme les trois autres en lice, devra sans doute entrer dans une coalition au soir des élections, si elle veut rester au pouvoir.
Avec qui? On imagine mal le groupe Libr'Envol tiré par Jonathan Martin faire alliance avec elle quand celui-ci, vice-président de DéFI, ne cesse de répéter depuis des mois qu'il veut «mettre fin à 60 ans de règne libéral.»
Même si Hélène Arnould explique que «son groupe discutera avec tout le monde au soir des élections», c'est pour rester dans le politiquement correct, car on sait que Jacques Balon, qui risque de cartonner, n'a pas été désiré par certains cadors de Chevi 2018 qui craignaient, selon nous, qu'il fasse le meilleur score et rafle le mayorat.
Reste la liste Écolo qui pourrait apporter sa contribution, si c’est nécessaire, pour faire une majorité écartant Chevi 2018 de l’exécutif. La liste devra alors espérer décrocher un siège, voire deux.
Quand on étudie de près les dires des candidats des trois listes rivales de celle de M. Jérouville, le point commun c'est 'renouveau', 'changement', 'nouvelle gestion', etc. De quoi établir le socle d'une future majorité?
Les priorités de Libr’Envol

Jonathan Martin tire la liste Libr'Envol avec la volonté, dit-il, de changer d'attelage à l'exécutif après une présence de plus de 60 ans du parti libéral: «Il est temps de tourner le bouton et de passer à autre chose. Les Libramontois aspirent à une bouffée d'oxygène, du changement. Je ne cache pas qu'au soir des élections j'aurai un problème s'il faut parler avec la liste Chevi 2018. Je m'entends bien avec certains de ses membres, mais le souci, c'est la personnalité du bourgmestre. Et puis, d'un point de vue des programmes, je me sens plus proche de ce que veulent mettre en place les deux autres listes en termes de redynamisation du centre-ville, d'un moratoire sur le développement des enseignes, sur les circuits courts, sur la création d'un organe visant à aider les porteurs de projets à s'installer; je pense aussi à la création d'un commerce tremplin à la place du Sarma où des jeunes qui voudraient se lancer dans un commerce de proximité de qualité pourraient s'installer au début.»
M. Martin, s'il doit citer deux dossiers prioritaires, pointe tout d'abord «la mise en place d'une nouvelle philosophie visant à donner la parole aux citoyens en créant des organes consultatifs, en lançant la démocratie participative qu permettrait entre autres pour chacun des villages de disposer d'un budget communal pour réaliser un projet auquel tous les habitants adhèrent.»
Parc aquatique
Autre projet de longue haleine, celui-là: la création d'un parc récréatif aquatique sur le thème de la forêt: «On pourrait l'imaginer à côté du hall sportif, derrière le funérarium et en bordure de forêt. J'y vois la construction d'une pataugeoire pour les petits, d'un bassin sportif et d'un bassin ludique. Autour de cela se développeraient une cafétéria, un golf, une plaine de jeux, un bowling américain. Cela permettrait de donner aux jeunes un lieu de rencontre et de détente et aux familles de se voir. Cela crée du lien social et de l'emploi. Ce serait un partenariat privé/public», conclut M. Martin.
Une liste Écolo d’ouverture

Le groupe Écolo espère bien sûr sortir des élus: «C'est une chance qu'il y ait quatre listes, cela nous permettra, on le souhaite, d'avoir l'un ou l'autre élu qui pourra porter nos projets de renouveau pour la Ville et tous ses villages. Notre ambition est d'offrir une alternative aux électeurs avec des gens qui apportent des pistes concrètes de changement», concluent-ils.
Et justement, quels changements propose Écolo?
«Nous voulons une vue globale de la mobilité, de l’aménagement du territoire sur le long terme de telle sorte qu’on sait où on va. Nous voulons retisser du lien social, venir en aide aux aînés, aux jeunes et aux plus démunis. Jusqu’ici, la Ville n’a pas fait grand-chose pour soutenir les associations locales qui s’occupent des plus pauvres, pour le social.»
Écolo veut faire un état des lieux (états généraux) pour demander à tous les citoyens de quoi ils ont besoin: «On ne veut pas imposer quelque chose que ne veut pas la collectivité, justifient les deux têtes de liste. Il faut faire des efforts en termes d'énergies renouvelables et alternatives. Il n'y a par exemple pas de projet éolien sur Libramont alors qu'il y en a partout ailleurs. Il faut étudier la question. Le centre-ville doit redevenir un lieu de vie et accueillir des commerces de proximité à valeur ajoutée. Il faut aussi un plan global pour encourager la mobilité douce, éviter de faire de longues distances pour aller faire ses courses, mais aussi sécuriser les usagers faibles qui doivent se rendre dans les commerces de l'artère Libramont-Recogne.»

Néophyte en politique, Hélène Arnould a été désignée tête de liste par son groupe composé de citoyens et d'élus expérimentés: «Au départ, Guillaume Hotton et moi avons été approchés par les listes traditionnelles, mais nous n'avions pas envie qu'on resserve la même soupe; par contre on souhaitait renouveler la manière de gérer notre ville. On a lancé un mouvement et nous avons été suivis par de simples citoyens comme nous. On a fait quelques réunions de travail auxquelles tout le monde pouvait participer. Des gens ont souhaité être candidats. Nous en avions tellement que nous avons dû faire des arbitrages. Parallèlement à cela, nous avons été rejoints par Jacques Balon ou encore Marie-Ève Hannard ou encore Frédéric Urbaing et Cécile Arnould (pas parente, simple homonymie) qui ont été séduits par notre programme et façon de faire. Lors de la présentation de la liste, nous étions étonnés de voir autant de sympathisants, plus de 350», explique Hélène Arnould au nom de Libr@Vous.
«Nous n'avons pas la prétention de faire une majorité absolue, mais de faire partie d'une majorité la plus représentative possible de la population. Nous ne nous présentons pas contre une liste», ajoute-t-elle.
Quand on lui demande quelles sont les urgences, les priorités de la liste si elle arrive au pouvoir, Mme Arnould énumère: «Trouver une solution à la gestion, à la protection et à l'approvisionnement en eau; faire de Libramont la première ville santé de la province, que ce soit la santé mentale, le bien-être; les gens doivent se sentir bien dans leurs ville et villages; cela passe par des aménagements de services de proximité, de l'entraide entre les générations, de la mobilité douce, des pistes cyclables et de la sécurité. L'artère principale est dangereuse à pied quand on va faire ses courses; il faut que les enfants puissent se déplacer en toute sécurité à vélo, etc.»
La candidate souhaite aussi rendre vie à la place communale en y aménageant par exemple un kiosque où seraient organisés marchés du terroir, concerts, expositions etc., pour recréer en quelque sorte une sorte de forum à la romaine où tous les habitants se rencontrent et se parlent.

Même quand on sort la calculette et qu'on lui montre que par rapport à 2012, le fait de perdre cinq candidats (transfuges ou qui arrêtent la politique) signifie 7 500 voix en moins, Paul Jérouville rétorque: «Cela ne veut rien dire, car c'est la liste qui fait des voix et non les gens qui la composent. Or, on a un bilan exceptionnel dans tous les secteurs, l'électeur qui est intelligent sait que nous payons peu de taxes et que la fiscalité est dans la moyenne basse tout en faisant des tas de travaux, dont la voirie, le hall omnisports et en transférant cette année 1 million d'€ de l'ordinaire vers l'extraordinaire. On a fait 90% des égouts avec 70% de subsides. On veut créer du logement au Serpont, développer de l'activité économique à Wisbeley, créer une résidence-services, etc.»
Mais l'absence de Pierre Arnould est tout de même handicapante? «Oui, je ne le nie pas», dit encore le mayeur qui pointe du doigt la liste Libr@Vous: «Hélène Arnould chante partout qu'elle est la nièce de Pierre Arnould, c'est faux; c'est sa petite nièce. On profite du nom Arnould pour tromper l'électeur. Il a assuré son total soutien à Chevi 2018.»
M. Jérouville ne craint pas «l'effet Balon»: «Il n'y aura aucun transfert des voix libérales car aux communales, on vote l'homme. M. Balon était contre le cdH et le voici maintenant avec eux sur une liste d'opportunité…!»
Bref, pas de coalition possible avec Libr@Vous au soir des élections: «Si on devait perdre notre majorité absolue, ce qui est improbable, je pense que les autres feront alliance contre nous, à part peut-être Écolo qui parlerait avec nous.»
Quand on lui demande s'il siégera s'il est renvoyé dans l'opposition, le mayeur réplique d'un cinglant «oui, si ma santé le permet. Dans l'opposition? Ce cas de figure n'est même pas envisagé, parce que l'électeur est intelligent.»