Les organisateurs de stages en grande difficulté depuis le Covid : "le nouveau rythme des congés est un coup de plus sur la tête"
BDK, organisme bien connu, alerte sur les difficultés qui se multiplient pour les organisateurs de stages. Et le nouveau rythme scolaire n’aide pas.
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- Publié le 31-05-2023 à 09h37
- Mis à jour le 31-05-2023 à 09h48
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Si le nouveau rythme des vacances scolaires pose des soucis aux parents, notamment au niveau des stages, c’est également le cas pour les organisateurs de ceux-ci. Une épine de plus aux pieds de ces derniers, qui enchaînent les difficultés depuis le Covid, comme en témoigne l’équipe de BDK, qui organise des stages depuis 35 ans et est impliquée dans le Mouvement pour l’Extrascolaire et Stages (voir ci-contre).
"Tout était beau jusqu’au Covid, mais depuis, les situations compliquées se succèdent, note Dominique Gardeur, fondateur de BDK. Durant le Covid, nous avons poursuivi nos activités autant que nous le pouvions, mais il a fallu jongler avec des règles parfois absurdes, et en réalisant des investissements pour les suivre. Tout en ayant une baisse du nombre de participants. Sans parler d’une certaine perte de qualité au niveau des animateurs car beaucoup de formations et recyclages ont dû être annulés à cause de ce Covid."
À peine les restrictions liées levées que les organisateurs ont, à l’instar de tous les secteurs, dû faire face à l’explosion des prix de l’énergie. "Le coût des locations de salles et écoles a augmenté de 25 à 41% environ, puis les salaires ont augmenté, précise le patron de la structure qui emploie sept personnes. Cela a aussi eu un effet sur les finances des familles, et sur la part réservée aux stages. L’augmentation des coûts liée au nombre moindre de stagiaires, c’était un moment très difficile à passer."
Si les prix de l’énergie ont, depuis, retrouvé une certaine raison, les organisateurs de stages doivent désormais s’adapter au nouveau calendrier scolaire, qui a vu les congés d’été amputés de deux semaines, pendant que les congés d’automne (Toussaint) et de détente (carnaval) ont été prolongés d’une semaine chacun.
"C’est un nouveau coup sur la tête dont nous nous serions bien passés, souffle Dominique Gardeur. Ce que nous perdons en été, nous sommes loin de le récupérer sur les autres périodes. Durant les congés d’automne et de détente, une seule semaine sur deux a fonctionné. Cela a aussi été le cas pour Pâques cette année, sans qu’on se l’explique. Et actuellement, pour nos stages en Belgique cet été, nous avons 50% d’inscriptions en moins que l’an dernier à la même époque. N’avoir que sept semaines en été est compliqué. Il n’y a plus guère de places pour les stages après les vacances, les scouts, etc. Puis avoir placé les congés de Pâques si proches de l’été, 6 à 7 semaines plutôt que 11 ou 12 avant, n’aide clairement pas. Et c’est le cas partout, pas seulement chez nous. "
Souci au niveau des participants, mais aussi pour trouver des animateurs à ces nouvelles dates, "car l’enseignement supérieur, où nous en avons beaucoup, est décalé dans les congés. C’était donc plus difficile de trouver des gens disponibles. Même si ça doit normalement changer. Et nous avons aussi désormais un rythme différent de la France et du Grand-Duché, ce qui n’aide pas non plus. Au final, nous avons perdu sur tous les domaines." Tout cela en prenant une autre donnée en compte, "l’augmentation, depuis le Covid, du nombre de structures qui organisent des stages, même si cela risque de se réguler".
L’exception étrangère
Tout n’est pas noir pour autant et BDK peut en témoigner puisque leurs fameux stages à l’étranger retrouvent, eux, leur succès. "Nous devrions arriver à 700 participants cet été, soit un chiffre proche de l’avant Covid, constate Dominique Gardeur. Il faut dire que c’est une institution. Mais en 2020, il y avait 131 participants et 426 en 2022…"
Quoi qu’il en soit, une nouvelle menace plane sur ces organisateurs, un projet de plafonnement du prix des stages qui serait dans les cartons de la ministre Caroline Désir. "L’ONE, qui gère cela, ne se rend pas compte de nos frais ! Ce serait très compliqué si ça arrivait, voire plus pour certains", déplore le fondateur de BDK, qui précise que leurs stages en Belgique tournent autour des 100 € par semaine.
Pour tenir face à tous ces défis, ces organismes doivent donc faire preuve d’abnégation, mais aussi "d’originalité et d’ouverture". Du côté de BDK, cela passe par la création de nouvelles formules, à l’instar de ROFT, "une branche qui offre un accompagnement aux écoles pour les voyages scolaires avec un projet pédagogique. Nous nous investissons aussi dans l’extrascolaire, car des ATL communales nous ont sollicités et nous avons l’équipement pour." BDK offre même une promo 3 stages + 1 gratuit pour un enfant sur l’été. "Nous n’aurions jamais imaginé faire cela voici cinq ans, mais nous devons être imaginatifs pour attirer les gens et remplir nos stages sans être en déficit", termine le boss de BDK.
Le MES rassemble 60 organisateurs de stages
Le MES (Mouvement pour l’Extra-scolaires et Stages) a été créé en 2021 par 26 ASBL concernées. Elles sont désormais une soixantaine et ouvertes à de nouvelles venues. Les discussions ont été lancées durant le Covid, via Whatsapp, quand les organisateurs voulaient comprendre les protocoles et partager leurs expériences. Avant de franchir concrètement le pas avec cette nouvelle ASBL. "Nous en sommes coprésidents avec Marc Nibus, de Dimension Sport, précise Dominique Gardeur. Nous nous sommes rendu compte que les difficultés rencontrées sont similaires dans toute la Belgique, même dans les plus petites structures. Il est donc important de se rassembler pour avoir plus de poids dans les discussions et être réellement impliqués dans celles-ci au niveau de l’ONE et de l’ATL entre autres. Ce qui n’était pas du tout le cas auparavant."
