Un retour aux sources pour Renaud Lequeux, le tombeur de Maxime Monfort
Voilà un peu plus de dix ans, le Léglisien Renaud Lequeux créait la sensation à Saint-Roch. Aujourd’hui, il revient au sport, mais au trail…
Publié le 03-02-2021 à 06h00
Renaud, le 27 août 2010 tient-il une place particulière dans votre mémoire?
Évidemment… C’est le jour où j’ai effacé des tablettes le record que venait à peine d’établir Maxime Monfort sur la montée de Saint-Roch à Houffalize. Dix ans plus tard, alors que j’ai quitté le milieu du vélo, on m’en parle encore. À commencer par mon voisin, Laurent Mars (rire).
En quoi consistait ce challenge?
En fait, avec une longueur d’avance, c’est un peu ce qui se fait aujourd’hui grâce à des applications comme Strava et ses KOM, à savoir signer le meilleur chrono possible sur un segment. À l’époque, le Département Tourisme de la Province, avec l’appui des Communes de La Roche et d’Houffalize, avait mis sur pied un chronométrage permanent sur les côtes de Haussire et de Saint-Roch. Pour lancer l’opération, il avait organisé le «défi Monfort». Quelques jours plus tôt, Maxime avait établi un temps de référence. Il était de 2’56 sur les 1 100 m de Saint-Roch (NDLR: pour un dénivelé moyen de 11%).
Vous avez amélioré ce chrono de deux secondes. Quelle avait été votre réaction quand vous en avez pris connaissance?
La surprise, évidemment. J’étais junior et je réussissais à faire mieux qu’un pro au sommet de son art. Et pas n’importe quel pro! De plus, je me souviens que je n’étais pas très motivé ce jour-là. Il n’y avait qu’une vingtaine de concurrents. Je me suis quand même bien échauffé, sur rouleau, près du centre sportif. Je me suis dit que plus vite, je serais au sommet, plus tôt je rentrerais à la maison…
Vous avez vu Maxime Monfort ce jour-là. Il ne vous en voulait pas trop?
(Rire). Je ne crois pas. Oui, il est venu à la remise des prix. Je me souviens qu’il m’a posé des questions sur la suite de mon programme. On a parlé de Ferrières-Remouchamps-Ferrières, qui venait dans la foulée. Je sais que Maxime avait tout de même été surpris de mon chrono. Il avait téléphoné à Laurent (NDLR: Mars) pour s’enquérir des roues que j’avais utilisées. Mais il ne m’en a jamais tenu rigueur. Au contraire. Cette même année, l’actuel directeur sportif de Lotto-Soudal m’a décerné à Houffalize le prix qui porte son nom. Et je peux même avouer que cette soirée tient une place beaucoup plus importante dans ma vie que ce record.
Un brin de nostalgie
Ce n’est pas indiscret de vous en demander la raison?
(Rire). Non, non. C’est au cours de cette soirée que j’ai rencontré ma compagne, Guillemine. Elle aussi est originaire de Nadrin. Elle est la sœur de Paulin Baland, qui a porté les couleurs du Chevigny. En débutants, Paulin a même remporté le Grand Prix de Francfort en 2011, un an après ma 2e place chez les juniors, derrière un certain Bob Jungels.
En cette année 2010, à 17 ans, vous étiez donc considéré comme une valeur sûre de la catégorie?
Disons que ce fut un très bon cru. Je l’évoque toujours avec un brin de nostalgie. Notamment parce que j’ai vécu quelques duels avec Bob Jungels. Il m’avait devancé à Francfort, mais j’avais réussi à prendre le meilleur sur lui à Ell, au Grand-Duché. Sincèrement, huit ans plus tard, quand je l’ai vu remporter Liège-Bastogne-Liège, j’ai ressenti une émotion particulière.
Réorientation professionnelle
Vous regrettiez d’avoir tourné le dos au vélo?
Sans doute, un peu. J’ai arrêté en cours de saison 2013, après mon abandon à Romsée-Stavelot-Romsée. Je voyais que je n’y arriverais pas alors que j’avais décidé de tout donner au vélo cette année-là. Pourtant, quand je revois mon parcours, il reste toujours une pointe d’interrogation. Ma vie aurait-elle pris une tournure différente si j’avais pu intégrer une formation comme Color Code ou une formation d’U23 qui constitue souvent un tremplin vers le monde professionnel? Certes, au final quand je vois que de brillants éléments tels Laurent Mars, Boris Dron, Gaëtan Bille, Thomas Deruette ou Jean-Albert Carnevali se sont cassé les dents chez les professionnels, alors, je tourne rapidement la page. Quand je pense à tous les sacrifices auxquels ils ont dû consentir!
Vous avez pourtant opté pour un métier qui en exige peut-être davantage?
Exact, mais ça va changer dès cette semaine (rire). Depuis sept ans, j’exerçais le métier de chauffeur pour une grande marque de distribution. Un chouette boulot, mais quand vous partez à 4 h du matin pour revenir à 18 h, il ne reste plus beaucoup de place pour le reste. Qui plus est, j’ai pris une bonne dizaine de kilos. Je pratique bien la course à pied depuis trois ans, j’ai disputé quelques trails, mais sans entraînement ou presque. J’ai donc décidé de réorienter ma carrière professionnelle. Et je vais travailler très prochainement dans un magasin de sports à Arlon (NDLR: Decathlon).
Avec un Laurent Mars comme voisin, vous allez pouvoir vous remettre au vélo…
Juste pour le plaisir. Celui qui veut réussir dans le sport cycliste doit y consacrer 20 h au minimum par semaine. Par contre, pour la course à pied ou le trail, avec deux sorties, soit 7 ou 8 h semaine, on peut arriver à quelque chose de bien. C’est mon objectif. J’aime me retrouver dans la nature et courir à pied, surtout quand ça grimpe…
Vous savez que Maxime Monfort est passé maître dans la discipline. L’heure de la revanche pourrait donc bientôt sonner?
(Rire). Tout dépend de son programme de courses. Je l’ai déjà rencontré à l’entraînement du côté de Nadrin. Mais si nous nous retrouvons au départ de la même course, j’ai intérêt à retrouver mon poids de forme. Actuellement, il n’y a pas photo. Maxime est bien plus affûté.