Elle bat son mari et prend un an de prison: «Je ne le frappe pas tout temps»
La Houffaloise bat son mari depuis plusieurs années. Elle écope d’un an de prison, avec sursis de trois ans.
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Publié le 12-11-2020 à 07h09
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Lorsqu’on parle de violence conjugale, on imagine un homme frapper sa compagne. En oubliant que les hommes peuvent aussi être victimes de violences au sein du couple. Des hommes battus par leur épouse, c’est une réalité dont on parle peu. Dont ils parlent peu. Il reste une forme de tabou, de gêne à confier qu’on est frappé par sa compagne.
Mardi, une Houffaloise a été condamnée à un an de prison avec sursis pour avoir porté des coups à son mari à de multiples reprises. Une dame toute petite, sèche, dont à première vue, on ne pourrait croire qu’elle soit en mesure de prendre le dessus physiquement sur un homme. Et pourtant, cela dure depuis des années.
C’est le patron du mari qui a donné l’alerte. Son ouvrier arrivait régulièrement avec des hématomes assortis de fausses bonnes explications.
«Je ne le frappe pas tout le temps»
La petite dame s'est présentée le mois dernier devant le tribunal correctionnel de Neufchâteau, sans saisir la gravité des faits. «Je ne le frappe pas tout temps, assure-t-elle à la juge Françoise Hertay. Quand il revient tard du travail, ça m'énerve.»
Les voisins, interrogés par la police, parlent de cris incessants, l’épouse hurlant sur son mari. Ils parlent aussi des coups. Dans le dossier, il est aussi question de bouteille cassée sur la tête, d’un coup de tournevis dans le bras.
Écrire que le contexte familial est difficile est un euphémisme. L’homme semble être sous l’emprise totale de son épouse.
Il n’a pas osé faire face à sa femme, au tribunal. Il est resté dans la voiture. C’est son avocat, Me Neuville qui a parlé en son nom. Il ne veut pas que son épouse aille en prison, il souhaiterait une séparation. Elle, n’en veut pas. Peut-être parce que c’est lui qui pourvoit financièrement au ménage, fait les courses, entretient les extérieurs.
La petite dame affiche un sale caractère, même devant le tribunal, interrompant un nombre incalculable de fois le substitut Pierre d’Huart et l’avocat de son époux.
Justice pénale ou sociale?
«Il n'est pas facile dans ce type de dossier de donner une réponse pénale adéquate», avance le substitut. Il requiert un an de prison, avec un sursis probatoire. Parmi les conditions: un suivi psychologique. «Hé, je ne suis pas malade!», lui renvoie la quadragénaire, revêche. Elle semble pourtant clairement avoir besoin d'aide pour gérer ses accès de colère et de violence.
Lorsqu'elle saisit qu'elle risque un an de prison, elle se met à sangloter. « Je ne ferai plus rien sur mon mari, je tiendrai mes promesses », assure-t-elle d'un ton larmoyant. Elle veut quitter l'audience. La juge l'en empêche, lui réexplique patiemment la situation et parvient à lui arracher à demi-mot son consentement pour un éventuel suivi psychologique.
Mardi, Françoise Hertay a rendu son jugement. La Houffaloise écope d’un an de prison, avec un sursis probatoire de trois ans. Elle devra se soumettre à un suivi psychologique. Si elle respecte les conditions de son sursis, elle n’ira pas en prison. Si pas, la détention lui pend au nez.