La pleine inclusion des personnes handicapées, dans la Constitution
La personne handicapée va faire son entrée dans la Constitution. Un texte de Philippe Courard sera voté à la Chambre cette après-midi.
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Publié le 11-03-2021 à 06h00
Sauf mauvaise surprise inattendue, la personne porteuse de handicap fera son entrée dans la Constitution belge.
Ce jeudi après-midi, la Chambre devrait voter à la majorité des deux tiers un texte reconnaissant que «chaque personne en situation de handicap a le droit à une pleine inclusion dans la société, y compris le droit à des aménagements raisonnables.»
La fin d'un long processus. Nous vous avions déjà parlé de cette avancéehautement symbolique en été dernier, lorsque le Sénat avait adopté cette révision de la Constitution, seuls les membres de la N-VA et du Vlaams Belang s'étaient alors abstenus.
«Une avancée historique»
«Ce sera une avancée historique pour le monde du handicap», lance Philippe Courard (PS), pas peu fier d'être à l'origine de ce texteavec deux sénateurs flamands, Bert Anciaux (sp.a) et Sabine de Bethune (CD&V). «Dans la vie d'un parlementaire, ce n'est pas tous les jours qu'on participe à la modification de la constitution», confie le sénateur et député wallon, qui sera attentif au vote cette après-midi en séance plénière.
Au-delà du symbole, le citoyen de Hotton y voit des avancées concrètes pour les personnes porteuses de handicap. «On parle d'inclusion, pas d'adaptation, c'est une nuance fondamentale, souligne-t-il. Ce n'est pas aux personnes porteuses de handicap de s'adapter, c'est à la société de les inclure.»
Et concrètement sur le terrain? «Cela veut dire que les efforts fournis en termes d'accessibilité (bus, train, trottoir, emploi, services…) vont être démultipliés, répond Philippe Courard. Sans quoi, une personne peut s'en référer à la Constitution et aller en recours, pour contester que des aménagements mettent de côté la personne en situation de handicap.»
«Il fallait rester raisonnable»
Le texte parle d'aménagement raisonnable, sans préciser ce qui est raisonnable ou ne l'est pas… «Sans ce mot, le texte n'aurait jamais été voté, commente le sénateur. Il fallait aussi rester raisonnable dans l'avancée. S'il y a de la mauvaise volonté, si les investissements ne suivent pas le sens de l'inclusion, ce texte reste un moyen de pression.»
Les différents niveaux de pouvoirs (Fédéral, Région, Fédération Wallonie-Bruxelles, Provinces, Communes) devront tenir compte de cette révision de la Constitution dans leurs actes législatifs. Ce qui renforcera encore ce «moyen de pression».
Pour cela, il faut que le texte reçoive au minimum une majorité des deux tiers à la Chambre, ce jeudi après-midi.

«L'inclusion de la personne handicapée, c'est quelque chose qui est en route de longue date, avance Pascal Derwael, directeur du service provincial d'accompagnement, dans les secteurs du handicap et de la jeunesse. Cette idée d'inclusion on la retrouve dans l'enseignement, le sport, la culture, les loisirs… Au niveau de la Province de Luxembourg, on pense inclusion depuis des années.»
Et Pascal Derwael de donner des exemples concrets: un parcours sensoriel dans des musées pour les personnes autistes, un parcours pour les malvoyants, des aménagements pour les personnes à mobilité réduite, un travail avec Vivalia pour des supports visuels dans le domaine de la santé,… «L'inclusion, cela profite à tous, explique-t-il. C'est une plus-value pour tout le monde. Un parcours sensoriel, des supports visuels? Cela profite au plus grand nombre.»