La Rulles a coulé à flots le long de la Rulles
La fête de la bière rullotte a retrouvé ses lettres de noblesse comme avant la crise sanitaire: la qualité prime sur la quantité
- Publié le 06-06-2023 à 17h39
- Mis à jour le 06-06-2023 à 17h42
Ce week-end, la route entre Houdemont et Marbehan a été coupée à hauteur de la rue Michel Grévisse de Rulles, la circulation déviée par le haut du village.
Sécurité oblige, la fête de la Brasserie de la Rulles devait se dérouler dans des conditions optimales.
Marcel le Rullot, l’incontournable ambassadeur de la marque, présent sur toutes les étiquettes, avait invité ses amis, les inconditionnels de la Rulles et tous ceux qui avaient envie de passer un bon moment convivial en dégustant l’une ou l’autre des onze bières brassées par l’équipe de Grégory Verhelst.
L’odeur des saucisses et des grillades, le rock endiablé du groupe "Holy Hop Circus" le samedi et le groupe "The Unexpected" le dimanche ont donné à la fête tout son sens. Visiblement, les participants y ont trouvé largement leur bonheur. Les curieux avaient aussi la possibilité de visiter la brasserie artisanale et de découvrir les procédés de brassage sans que les secrets des recettes ne soient dévoilés.
"La Brasserie existe depuis l’année 2000, explique Grégory Verhelst, le fondateur et maître des lieux. Je suis originaire de Tournai et j’ai fait mes études d’ingénieur agronome à Gembloux, avec une spécialité en brasserie-malterie. C’était pour moi une idée fixe: je voulais créer ma propre bière en installant ma brasserie dans une ferme. Je partageais la vie d’une Gaumaise, mon installation à Rulles fut une évidence. J’allais pouvoir respecter mes valeurs: brasser des bières artisanales respectant l’authenticité dans l’esprit du mouvement craft (mouvement qui a pris sa source en Alsace, où des amateurs de bière ont développé des fêtes autour de leur passion)."
Son fils nourri à la bière dans le placenta de sa mère
23 ans plus tard, le Tournaisien n’a pas varié d’un iota par rapport aux valeurs de ses débuts. La crise sanitaire a pourtant joué un mauvais tour au secteur. L’annulation des fêtes de village et les manifestations diverses qui sont le principal pourvoyeur du business de Grégory Verhelst ont provoqué la chute du chiffre d’affaires. L’exportation a aussi connu un fameux coup d’arrêt.
"Je me suis remis en question, avoue-t-il. J’ai décidé de recentrer notre brasserie sur ce qui a fait sa réussite: un travail en profondeur sur la qualité du produit et sur la création. C’est devenu mon leitmotiv. Nous privilégions la qualité à la quantité. Nous avons besoin de produire 4 000 hectos pour continuer l’exploitation et garder les sept personnes qui y travaillent. Nous n’irons pas plus loin. Nous gardons nos clients les plus fidèles à l’étranger, mais le but n’est plus de courir après de nouveaux marchés exotiques."
La qualité de sa Rulles, qu’il appelle LA bière artisanale, avec un LA majuscule, devient l’atout majeur dans un marché qui, en vingt ans, a explosé. "Lors de la création de la brasserie de Grégory, il y avait six brasseries dans la province de Luxembourg. se souvient Jean-Luc Bodeux, une référence zythologique souvent appelée à faire partie du jury dans des concours internationaux prestigieux, Aujourd’hui, il y en a plus de quarante. Et plus de 400 en Belgique. Cela fait une fameuse concurrence."
Grégory Verhelst, qui, parallèlement à sa brasserie, développe d’autres activités, dont les produits de sa ferme en privilégiant les solutions respectueuses de l’environnement, pense également à la transmission de sa brasserie: "Mon fils est aussi passionné de bières. Il a été baigné dans le placenta de sa mère avant sa naissance. Elle était aussi branchée que moi par le produit. Il suit une formation dans ce domaine. Il pourra prendre le relais d’ici quelques années."