La bière et le trail font-ils bon ménage? Florentin Gooris nous parle de "sa" THArée (vidéo)
Les chemins de Haute Ardenne mènent inévitablement vers la THArée, la bière créée par des traileurs. L’occasion d’aller en boire une avec Florentin Gooris, coureur reconnu qu’on retrouve derrière ce projet valorisant à la fois un territoire et une pratique.
Publié le 25-03-2022 à 09h38
Florentin Gooris, fondateur de la bière des traileurs: «Je voulais que la THArée me rappelle ces forêts que j’aime»
Que serait la pratique du sport sans sa troisième mi-temps? Pour bon nombre de sportifs, se retrouver autour d’un verre est une manière de prolonger l’aventure et l’effort dans un moment de convivialité. La course à pied n’échappe pas à ces moments festifs, plus que les disciplines issues de l’athlétisme plus "sobres" sur l’après effort. Par contre, dans la course à pied populaire comme les joggings et les trails, la bière y coule régulièrement à flots…
C’est donc du côté de la Haute Ardenne que nous avons été à la rencontre de Florentin Gooris. Trailer reconnu avec un solide palmarès, l’Ardennais a aussi lancé une bière au joyeux nom de la THArée. La THArée, c’est une bière qui fleure bon le douglas local et qui a aussi son groupe de coureurs éponyme ainsi qu’un magnifique trail au cœur des deux Ourthe. Sur les contreforts et dans les talus autour de Vielsalm et de Gouvy, nous avons donc décapsulé une THArée en sa compagnie.
Florentin, quelle est l’histoire de la THArée?
"À la base, je souhaitais créer une bière autour de la Haute Ardenne. Les premières bouteilles sont arrivées en magasin le 16 décembre 2016. Mon idée, c’est: je cours en forêt, je suis en forêt et je suis toujours le nez dans les odeurs, dans les essences… J’avais envie que ma bière soit tout ça."
Comment avoir intégré la Haute Ardenne dans une bouteille de bière?
"J’ai commencé à sentir l’écorce, la tourbe, le hêtre, l’épicéa, le bouleau. Et puis le douglas… Et là, je me suis dit "waouw", c’est de la bombe! J’ai ramené ces idées à Laurent Léonard (associé au projet avec Laurent Maréchal) qui est prof de sciences. De la mi-juin à la mi-juillet, on va donc en forêt récolter des jeunes pousses de Douglas. La première récolte avait été effectuée dans le massif de Cedrogne et on continue à perpétuer la tradition. Cela reste une quantité négligeable dans la bière mais ça représente des heures de cueillette."
La THArée goûte le sapin?
"On voulait que ça reste très subtil et que ça ne ressemble pas à un bonbon vosgien."
C’est aussi une bière de traileurs…
"THArée signifie "Traileurs de Haute Ardenne". On voulait associer à la bière et la marque aux valeurs outdoor. Le trail, c’est ma vie et ce côté nature est hyper important pour moi."
Au niveau marketing, il y a une volonté de faire de la THArée la bière de tous les traileurs?
"Non, on ne veut pas être visible sur toutes les courses et tous les podiums. On préfère des partenariats de qualité et de belles relations humaines. Par exemple comme avec le team trail Jardin Divers."
Les THArés, qui sont-ils?
"On est un groupe qui partage des chemins, des valeurs. On boit un verre ensemble et on organise quelques sorties en Haute Ardenne."


S’il y a bien une bière qui aura marqué les après courses, c’est la Céleste, du nom des coureurs qui sévissent du côté de Soiron, en province de Liège. Derrière la bouteille de blonde de 75 cl titrant à 6,5 %, on retrouve Bernard Godon et Bernard Schmetz. Ce dernier, alias Glacé, peinait à suivre ses compagnons de virée qui étaient plutôt portés sur la pils. “Et moi, je n’aime pas. Alors je buvais des bières spéciales; on imagine les dégâts…”
La Céleste est née en 2007 dans la brasserie du Grain d’Orge à Hombourg. “On voulait une bière pas trop alcoolisée et qui se démarque d’une pils. On a commencé par un petit brassin de 800 litres…”
Avant le Covid, deux brassins de 2000 litres étaient produits pour satisfaire les after des coureurs. “On a fait directement le choix de faire une bouteille de 75 cl pour la convivialité : on va la chercher au bar et on la partage.”
Beer lover’s marathon : 42,195 km et 15 bières…
Le Beer lover’s marathon, c’est un peu le Marathon du Beaujolais version belge. La 6e édition aura lieu le 22 mai et les coureurs auront la chance de pouvoir bénéficier de 15 dégustations de bières belges et autres produits régionaux. Est-ce juste une grosse guindaille comme les Liégeois savent en proposer? Un peu mais il faut quand même tenir le rythme. La barrière horaire a été fixée à 6 h 30, soit environ 6,4 km/h. Jouable à condition de tenir le cap jusqu’à la fin…
Le regard du nutritionniste: Damien Pauquet

Boire et courir, faut-il vraiment choisir? Damien Pauquet est nutritionniste du sport et aussi coureur. Il analyse les effets néfastes de la bière sur la pratique du sport mais aussi ses bons côtés…
Le plus
• La bière comme dopant
Damien Pauquet rappelle qu’un "des premiers dopants dans le cyclisme, c’était la bière. Elle avait un effet désinhibant et antidouleur. La bière, c’est 90% d’eau. Donc ça hydrate. C’est aussi très riche en micro-nutriments. On y retrouve du potassium, du magnésium et beaucoup de vitamines B. C’est une source non négligeable de sucre et c’est clairement nourrissant." De là à en remplir ses bidons…
Le moins
• Encrassant
Il faut tenir compte de l’aspect diurétique et déshydratant de l’alcool. Mais aussi de son aspect acidifiant et encrassant. "On dit souvent qu’il faudrait boire deux verres d’eau pour un verre de bière."
• Calorique
Et si la bière était vantée auparavant pour son côté énergétique, on risque aussi d’en payer le prix. "Une bière spéciale, c’est pas loin de 300 kcal. Si tu vas courir 20 bornes et que tu bois 3 bières, tu auras tout repris…"
Une bière en trois temps
Avant la course
"Quand on fait une ‘dure’la veille, on a parfois une énergie d’enfer parce qu’on a fait le plein de glycogène. C’est comme si on avait fait le plein de pâtes. Mais on a une chance sur deux que ça fonctionne… Ca dépend de la capacité de chacun car c’est le foie qui détoxifie l’alcool."
Dans les semaines précédant un objectif, il vaut mieux lever le pied sur l’alcool. "Pour purger son corps et être à 100%, il faut trois semaines sans boire une goutte. Ça relaxe terriblement, on dort mieux et on risque moins de blessures (tendons, articulations…)"
Pendant l’effort?
Certaines disciplines de la course à pied peuvent toutefois tolérer des écarts plus larges. Et pourquoi pas même s’enfiler une chope en plein milieu de l’effort. Sur des ultra trail, la pratique n’est exceptionnelle et le rythme lent tolère ce type d’écart.
Soigner l’after
Le nutritionniste n’est pas contre l’une ou l’autre bière en after. Mais il pose des balises. "L’idéal pour récupérer, c’est d’attendre une demi-heure après l’effort. Il vaut mieux prendre une boisson isotonique ou un shake de protéine. C’est à ce moment, quand ‘le moteur est encore chaud’, que les cellules musculaires vont le mieux assimiler les minéraux (sucre, eau, acides aminés). Si on boit une bière, les muscles vont l’assimiler et ce n’est pas bon si on veut éviter les courbatures et les contractures."