Claude Lentz, grand fan de celui qui aurait fêté ses 100 ans ce 22 octobre : « Brassens traversera les siècles »
Brassens aurait eu 100 ans ce 22 octobre. Dans une semaine, cela fera également 40 ans qu’il est décédé. Souvenirs du poète, avec Claude Lentz.
Publié le 22-10-2021 à 06h00
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«L'Homme est capable du meilleur comme du pire. C'est la folie.» Ces mots ne sont pas ceux de Georges Brassens, mais ceux de Claude Lentz. Quelque peu teintées de misanthropie, ces deux phrases ressemblent étrangement à celles du poète, «Les hommes sont tous frères, et les frères se battent». Témoin d'un certain rapprochement idéologique et libertaire entre le Sétois et le Gouvion? Peut-être. Pourtant, jamais ils ne se sont rencontrés, au grand dam de Claude Lentz. «Mais je suis certain que nous aurions été amis, clame-t-il. Nous partageons la même vision sur plusieurs choses, comme la bouffe ou la race humaine.» Étaient-ils donc du même bois, un peu rustique, un peu brut?
Rencontre avec Gibraltar
Sans même voir Brassens en concert, le Gouvion le plus connu du monde a réussi à entrer en approche avec l'héritage de son artiste favori. Comment? Grâce à des rencontres aussi grandioses qu'inoubliables. Comme celle de Valérie Ambroise par exemple. «Elle fut la première interprète de Brassens après sa mort et elle joua avec Pierre Nicolas, le célèbre contrebassiste du chanteur, explique Claude Lentz, qui a reçu Valérie Ambroise deux fois à la Madelonne. Elle s'est tellement plu chez nous qu'elle m'a dit: «Demande-moi ce que tu veux.» Je lui ai répondu «que je voulais visiter la maison de Brassens à Paris». Voilà comment Claude Lentz s'est retrouvé un jour à l'impasse Florimont. «En arrivant devant la maison, une voisine me prévient que personne n'ouvrira. Mais Valérie, étant sur place, m'a fait rentrer. C'est là que j'ai rencontré Pierre Onténiente, dit Gibraltar, le secrétaire et ami de Brassens.» En entrant dans la demeure du chanteur, le Gouvion resta de marbre. «La femme de Gibraltar a cru que j'étais muet, sourit-il. Je ne savais plus parler tant l'émotion était forte. Tout à l'intérieur est resté identique. C'est comme quand un croyant va à Lourdes, il y a une foi immense qui se dégage. Et qui laisse coi, ça va de soi.»
Des chats sur la maison de Brassens
Cette visite sacrée a débouché sur une proposition de Claude à l'ami de Brassens. «Je lui ai dit: "Pierre, je vais mettre des chats en terre cuite sur la maison de Brassens".» Une proposition qui plut à Pierre Onténiente. Ces chats y sont d'ailleurs toujours installés. «J'aimerais en disposer un autre sur la tombe du chanteur, à Sète. Mais cela requiert une autorisation de son neveu étant son seul héritier.»
Une œuvre universelle
L'héritage artistique de Georges Brassens est, lui, plus solide que jamais. À tel point que pour Claude Lentz, Brassens est immortel, même 40 ans après sa mort. «Brassens peut être repris en rock, en jazz, en reggae, bref, à n'importe quelle sauce. Cela le rend universel. C'est pour ça que les hommages affluent encore. Il traversera les siècles, j'en suis sûr, car son œuvre n'est pas figée. Ses chansons sont encore tellement actuelles. C'était un avant-gardiste qu'il faut savoir écouter avec du recul, sans quoi on ne l'apprécierait pas.» Ne prenons pour preuve que «Les Trompettes de la renommée» pour vérifier les dires de Claude. Une analyse qui ferait plaisir au chanteur lui-même, effrayé à l'idée que ses textes tombent dans l'oubli. «René Iskin, son premier interprète, m'a dit un jour que Brassens était très inquiet sur la pérennité de son œuvre. Il se réjouissait donc de voir ses chansons reprises par Maxime Le Forestier, par exemple.» Avec 700 interprètes rien qu'en France, l'artiste n'a pas de souci à se faire. Et Claude Lentz d'ajouter: «Dommage qu'il n'était pas Belge hein!»