Gouvy: une famille intégrée menacée d’expulsion
Il travaille dans la construction et est sur le point de décrocher un CDI. Son fils fréquente l’école du village. A Gouvy, on se mobilise pour que la famille ne soit pas expulsée.
Publié le 07-10-2021 à 18h25
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«Inhumain», «incompréhensible», «injuste». Les mots ne manquent pas pour décrire la situation vécue par une famille salvadorienne, bien intégrée à Gouvy, et qui est menacée d'expulsion.
Giovanny Sotto Ramos, son épouse et leur fils de 10 ans, vivaient jusqu’il y a peu au centre Fedasil de Bovigny.
Vendredi, ils ont appris que le statut de réfugié était refusé à Giovanny Sotto. Mercredi, la famille allait être transférée dans un centre de Jodoigne, avant d’être expulsée.
Sauf qu’à Gouvy, la mobilisation citoyenne a permis de donner du répit à la famille.
Giovanny Sotto travaille chez René Lejeune et Fils, à Cherain, une entreprise spécialisée dans les toitures et l’installation de panneaux photovoltaïques.
Quand Benoît Lejeune a appris la mauvaise nouvelle, il a immédiatement décidé de venir en aide à la famille, révolté par cette menace d’expulsion.
Il travaille dans un secteur en pénurie
Le Salvadorien est un ouvrier modèle, compétent et qualifié.
«Il termine sa formation le 18 octobre, explique Benoît Lejeune. Ensuite, je lui proposerai un contrat à durée indéterminée. Quelle image donne-t-on en renvoyant dans son pays un homme parfaitement intégré et formé pour exercer une activité professionnelle, dans un secteur en pénurie?»
L'entrepreneur ne comprend pas. «Les métiers de la construction sont en pénurie. Il y a un an, j'étais obligé de refuser de nombreux chantiers par manque de personnel. Je travaille désormais en partenariat avec Fedasil afin de recruter de futurs talents. Cette intégration de demandeurs d'asile au sein de mon équipe est très bénéfique pour la dynamique de mon entreprise.»
Benoît Lejeune n’est pas resté les bras croisés. Afin d’éviter à la famille d’être délogée à Jodoigne, il a multiplié les contacts pour lui trouver un toit, puisque le centre Fedasil de Bovigny ne peut plus héberger la famille.
Une solution transitoire a été trouvée dans un gîte. «On va leur trouver un logement», assure Benoît Lejeune.
L’école aussi se mobilise
Des dispositions ont également été prises pour que Giovanny Gabriel, le fils du couple, puisse continuer de se rendre à l’école de Bovigny.
L'association de parents de l'école s'oppose, elle aussi, aux mesures prises à l'encontre de cette famille. «Giovanny Gabriel est intégré dans l'école et il y est fort apprécié, souligne l'association. Il est perçu par ses camarades d'école comme un garçon gentil et serviable, à l'image de ses parents. Ils ont fait, tous les trois, d'immenses efforts pour s'intégrer et ils y sont parvenus. Nous ne pouvons pas cautionner cette décision de les renvoyer dans un pays qu'ils ont fui par crainte pour leur sécurité. Nous ne pouvons pas accepter qu'un enfant soit à nouveau déraciné.»
La bourgmestre Véronique Léonard se dit, elle aussi, interpellée. Elle a contacté plusieurs Communes afin de se renseigner sur la façon dont les élus locaux peuvent soutenir une famille menacée d’expulsion.
À Gouvy, Benoît Lejeune et d’autres citoyens cherchent des pistes juridiques pour permettre à la famille salvadorienne de rester dans la région.