Beho, annexé pendant la guerre: «ils» n’ont pas trahi
Joseph Neysen revient sur 50 destins d’habitants de Beho, commune annexée au Reich en 1940. Habitants qui n’ont pas voulu servir l’Allemand.
Publié le 12-12-2018 à 06h00
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Voici moins d'une décennie, le gouvion Joseph Neysen sortait un ouvrage remarqué: «1944-1945, dans l'enfer de Gouvy-Beho.» Dans ce dernier, il revenait sur l'offensive des Ardennes dans sa région, en y faisant la part belle aux témoignages. L'auteur s'attaque cette fois, toujours aux éditions Weyrich et toujours sous l'axe d'histoires vécues, à un autre thème touchant la Seconde Guerre mondiale. Un thème inédit, particulier: celui de l'annexion de l'ancienne commune de Beho au IIIe Reich. «Beho est sans doute la plus méconnue de ces dix communes de la vieille Belgique ayant subi l'annexion», note dans la préface Alain Colignon, bibliothécaire au CEGES.
«Record de réfractaires»
Une annexion qui aura comme conséquence directe l'obligation, pour les jeunes gens, de servir sous les armes, celles de la Wehrmacht en l'occurrence. Au sortir du la guerre, le ministre de la Justice Paul Struye lançait, à Beho: «Je crois ne pas trop m'avancer en affirmant que c'est Beho qui détient le record de résistants et de réfractaires.»
Réfractaire au service militaire dans l'armée allemande s'entend. «J'ai voulu vérifier ces propos. J'en suis arrivé à la même conclusion: il n'y a eu aucun jeune de Beho dans l'armée allemande, commente l'auteur qui revient sur la genèse de son travail. En passant devant le monument aux morts de Beho, je voyais cette liste de noms. Et une interrogation: où sont-ils morts, dans quelles circonstances?»
«Un puzzle»
Débute alors pour Joseph Neysen un travail de fourmi, des pièces de puzzle à (r)assembler pour partir sur les traces de ces réfractaires, de ces résistants, de ces instituteurs qui n'ont pas voulu servir l'occupant: «Je me suis adressé à la fondation MERCI qui m'a épaulé. J'ai poursuivi mes recherches au CEGES à Bruxelles. À l'aide des déclarations des principaux protagonistes, des PV établis pour vérifier leurs dires, j'ai retracé le destin de ces hommes et de ces femmes qui ont décidé de ne pas servir les Allemands, dans un contexte particulier, celui de l'annexion de leur commune par l'occupant.»
Au final, on retrouve plus de 50 portraits, tranches de vie, destins. Des portraits passionnants, émouvants, prenants. Certains parviendront à échapper aux recherches, à se cacher pendant toute la durée de la guerre. D'autres ne reverront jamais leur terre natale, trouvant la mort les camps de Buchenwald, de Langenstein. Tous ayant choisi, comme l'évoque le titre du livre de «Plutôt mourir que trahir.» L'auteur lançant une interrogation, toujours d'actualité: «Et nous, qu'aurions-nous faits à leur place?»