Aujourd’hui, Gouvy is gloomy… Adieu, Toots !
Claudy Lentz, organisateur du célèbre Gouvy Jazz & Blues festival, a connu personnellement l’immense harmoniciste belge Toots Thielemans.
Publié le 24-08-2016 à 06h00
«J'ai connu Toots Thielemans grâce à mon défunt ami Jacques Pelzer, un immense saxophoniste belge de renommée internationale, qui m'a aidé à mettre notre festival au goût du jazz en 1978, explique Claudy Lentz. Cela m'a permis, entre autres, de rencontrer cet artiste incroyable qu'était Toots Thielemans.» Il aura d'ailleurs été, mais bien des années plus tard, un invité de marque à plusieurs reprises lors du Gouvy Jazz & Blues festival.
«Si je devais qualifier Toots en un seul mot, je dirais adorable, confie Claudy. C'était vraiment un homme exceptionnel. Il était d'une gentillesse à la hauteur de son talent». C'est dire!
Le fondateur du Jazz Club de Sterpigny a croisé Toots Thielemans à plusieurs reprises depuis leur première rencontre via Jacques Pelzer. Et il se souvient que le virtuose du jazz était toujours de bonne humeur. «On voyait qu'il avait bon de vivre!, explique-t-il. Et il vivait pour la musique».
Claudy se rappelle que Toots avait toujours son harmonica sur lui. «Lorsque nous étions en pleine discussion, à tout moment, il pouvait sortir son instrument de sa poche pour improviser une mélodie que l'inspirait le sujet de conversation. Ainsi, il ne l'oubliait pas. Il était tout le temps en train de composer. Un véritable artiste.»
Un artiste humble et accessible
Tout le monde semble s'accorder à dire que, malgré son immense carrière internationale, Toots Thielemans a su rester humble et accessible. L'une de ses caractéristiques était d'aider les jeunes musiciens à se lancer en les invitant à jouer sur scène avec lui. «Qui fait encore cela de nos jours?, s'interroge Claudy Lentz. Cela témoignait encore une fois de sa générosité et de son grand cœur.»
Quatre années de suite à la Madelonne
Toots Thielemans était un artiste de renommée mondiale. Il a foulé les planches de grandes scènes à travers le monde. Et malgré cela, il regrettait de ne pas pouvoir jouer davantage dans son pays, dont il était fier. Du coup, lorsque le petit gars des Marolles en avait l'occasion, il en était le plus heureux. «Toots est venu quatre années de suite au Gouvy Jazz & Blues Festival, de 2003 à 2006. C'est le seul festival au monde auquel il a participé autant de fois. Et je pense que si je le lui avais encore demandé, il y serait encore venu des années et des années, affirme Claudy. Il adorait venir à Gouvy. Il adorait le style de notre festival, dont le leitmotiv est la musique. Sans espace VIP ou magasins de merchandising. Un festival très «années 60». Nous avons su rester simples, comme lui. Et c'est ce qui lui plaisait à Gouvy.»
Claudy, mon ami de Gouvy
«Quand j'étais amené à recroiser Toots Thielemans, il peinait parfois à retomber sur mon nom. Et pour s'en rappeler, il disait «allez, le festival que j'aime bien là… Ah oui, c'est Claudy, mon ami de Gouvy!», aime se rappeler l'intéressé avec amusement. L'artiste bruxellois n'aurait d'ailleurs raté le festival de son ami de Gouvy pour rien au monde.
Claudy se souvient d’ailleurs d’une anecdote que l’harmoniciste lui avait racontée.
Une année, le jour où Toots Thielemans devait se rendre au festival de jazz à Gouvy, il pleuvait des cordes partout en Wallonie. Son chauffeur, qui l’amenait de Bruxelles, peinait à conduire avec ce temps exécrable.
Au niveau de la Baraque de Fraiture, le jazzman aurait essayé de le rassurer, non sans humour, en lui disant: «Tu vois l'ouverture entre les nuages là-bas? Eh bien, le festival de la Madelonne se trouve juste en dessous. Tu peux continuer, pour être sûr d'arriver à destination. Et en effet, il ne pleuvait pas à Gouvy! Le chauffeur n'en revenait pas!», plaisante Claudy Lentz