Anthonius cultivait dans un hall de Bovigny
Face à des finances délicates après son divorce, Anthonius a voulu faire des sous en fournissant des coffee-shops d’Amsterdam.
Publié le 09-04-2016 à 06h00
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Les halls d’Idélux, à Bovigny, inspirent décidément les cannabiculteurs. Après les faux douaniers de 2013, c’est un vrai entrepreneur qui a cultivé du cannabis dans un des anciens hangars de la base OTAN de Courtil-Bovigny, en 2015.
Anthonius (prénom fictif), sujet néerlandais, travaille dans son pays et en Ardenne dans la construction. Quand la police est descendue dans le hall qu’il louait à Bovigny, le 13 septembre dernier, elle a trouvé trois kilos de fleurs de cannabis qui terminaient de sécher sur neuf plateaux de tissu suspendus. La culture avait été pratiquée dans un conteneur casé dans un coin du hall. Se trouvaient là des lampes au sodium, du terreau usagé et du frais, cent vingt et un pots remplis de terreau, des produits fertilisants, des citernes d’eau.
Anthonius a refusé de parler de la plantation, comme le lui permet le code pénal: le droit au silence. Il est resté deux mois et demi en détention préventive.
Puis il s’est expliqué par un courrier. Pas d’histoire de trafic international, de mafia batave: Anthonius s’est retrouvé endetté après son divorce en 2013 et il a acheté le matériel d’occasion pour, lui qui ne fume rien du tout, cultiver du cannabis dans le seul but lucratif. Début 2015, sa première récolte ne fait qu’un kilo qui lui rapporte 2 800€. La seconde, qui aurait dû lui rapporter 9 ou 10 000€, a été saisie.
Matériel d’occasion
Il avait des contacts à Amsterdam pour écouler sa marchandise. «J'ai toujours travaillé seul. Aux Pays-Bas, la consommation est un peu banalisée, on laisse faire. Quand on se fait prendre avec une plantation, on paie une amende. Je n'ai jamais vendu à des consommateurs. Mon père est décédé et grâce à l'héritage, je n'ai plus de soucis financiers.»
Le substitut Antoine Nicaise glisse une mise au point: «L'amende, c'est pour les petites cultures…» Et il interroge le prévenu sur son investissement: «J'ai acheté le matériel d'occasion aux Pays-Bas, pour 2 000€, les lampes et l'installation, plus 1 000€ pour les plantes.»
Quinze mois requis
Un parquet qui rappelle l’impact des stupéfiants sur la santé publique, le caractère lucratif et professionnel de la culture, ce qui justifie une peine dissuasive de quinze mois de prison avec un sursis simple pour ce qui dépasse la détention préventive. Plus la confiscation des objets et des moyens financiers consacrés et gagnés.
L’avocat d’Anthonius vise la suspension simple. Ses arguments: les aveux complets, des causes exceptionnelles qui ne se reproduiront plus jamais, la détention préventive subie, le risque de déclassement social et aucun antécédent spécifique.
Jugement le 6 mai.