Claudy Lentz, le Yéti de la Haute Ardenne
Claudy Lentz a reçu les plus grands musiciens de jazz, dans son bled, à Sterpigny (Gouvy). Et ce n’est pas fini ! Portrait d’un costaudau cœur tendre.
Publié le 04-07-2011 à 13h58
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C’est lui qui a créé la plus grande boîte de nuit en plein air. Et c’est Von Freeman, le célèbre saxophoniste de Chicago, qui le dit. Il sait de quoi il parle. Une boîte de nuit, oui, mais au milieu de nulle part. Ce n’est autre que le fils du grand Duke Ellington qui l’affirme.
Avec un festival annuel, estival de jazz/blues et des concerts autour du feu de bois, en hiver, dans le fenil, on est où ? À la ferme Madelonne, à Sterpigny, connue aux quatre coins de la planète dans les milieux jazz et blues. Chez Claudy Lentz.
Le yéti de la haute Ardenne
Amoureux d’espaces et de nature, son autre passion est la musique. Ses caractéristiques, franc-parler et détermination. L’homme se définit lui-même comme le yéti de la haute Ardenne : « Je ne supporte pas qu’on me marche sur les pieds, mais moi non plus, je ne marche sur les pieds de personne. » Son premier festival était pop, c’était en 1970. Mais, avoue-t-il, « le pop attirait trop de monde. J’ai toujours privilégié la qualité à la quantité. » De fil en aiguille, en 1978, et sous l’impulsion de Nicolas Dor (RTBF) et de Jacques Pelzer, il passe au jazz : « Ils voulaient monter quelque chose, la wallonie était devenue un quasi désert en jazz et blues. Il n’y avait, mis à part les classiques, plus de musiciens sur scène. »
Vont s’enfiler une trentaine d’années de festival, dans sa ferme bucolique qui accueille le gratin : « Dans mon festival, il y a la vérité en plus. Où les virtuoses du jazz boivent leur pot au bar, trinquant avec le public. »
Claudy en est cette année à la 32° édition du Gouvy jazz/blues : « Avec un truc symbolique. » Difficile de faire dévier l’homme de ses passions. Une autre qu’il a encore, est celle pour les ânes : « Mis à part ma femme et mes enfants, j’ai toujours aimé m’entourer de trucs qui ne servent à rien. Et les ânes, c’est une responsabilité… à vie, car la bête peut vivre jusqu’à 60 ans ! »
« Je suis un grand sentimental »
Claudy – il en parle rarement – a commencé sa vie professionnelle dans une… banque :« J’y ai travaillé pendant six ans. Je me suis vite rendu compte que je n’étais pas fait pour ça. Un dimanche, je prends un verre à Vielsalm, je vois Marcel Remacle qui me dit, alors, vieux brigand, toujours à la banque ?Je lui dis non. Ah, dit-il, j’ai quelque chose pour toi, je cherche des éducateurs pour Wibrin.Après la banque, j’ai fait d‘autres boulots. Du débardage, par exemple. Avec Pierrot, mon cheval de trait. Mais je suis un sentimental et je débardais plus que le cheval. »
« C’est le dernier… »
Revenons à nos moutons : cette année, donc, le festival de Gouvy sera jumelé à celui de Comblain-la-Tour : « Chaque année, je dis que ce sera fort, mais cette année, c’est vraiment un pétard. Avec Michel Legrand, par exemple. Ou aussi, le vendredi, un jeune trompettiste repéré à Barcelone, Rainald Colom, très prometteur. »
Chaque année, traditionnellement, en fin de festival, face au public médusé, Claudy a pris l’habitude d’annoncer que c’était le dernier :« C’était décourageant. Je ne recevais pas de subsides, alors, quand je voyais que d’autres en avaient -et pas un peu – je pestais vraiment. Maintenant, je suis un peu aidé… »
Une taverne du chat qui fume
Aujourd’hui, un projet est sur le point de se concrétiser : « Dans les anciennes étables, on va ouvrir un bistrot, la Taverne du chat qui fume. En hommage à Georges Brassens. Mais si on m’emmerde trop avec tous les niveaux de réglementation, je laisse tomber. On va trop loin dans les exigences pour ceux qui veulent travailler. Ce sera culturel, musical, avec un coin lecture. Arthur Masson et compagnie. Une sorte de café littéraire.J’inviterai les copains de Brassens, à qui La Madelonne a rendu plusieurs fois hommage. Et ceux de Pierre Rapsaet à qui je dois beaucoup. Au début, quand j’avais quelques spec