« Jeune, j’étais naïf et faisais tout ce qu’on me demandait »
Des souvenirs, il en a plein la tête, Claudy. Il les raconte avec verve et couleurs.
Publié le 30-06-2011 à 05h00
Une année, il avait logé le saxophoniste américain, Sexter Gordon, dans un hôtel de luxe de la région: «J'étais jeune et naïf, je faisais encore tout ce qu'on me disait et me demandait. S'il fallait 3 pommes et 8 fraises, je les prévoyais…
L'hôtelier m'avait dit, si ton musicien fait du raffut, je le vire. La nuit, il me téléphone, ton artiste réveille tout le monde avec son saxo. J'ai pris ma voiture, j'ai récupéré mon gars sur le trottoir. Il pleuvait.On est entré dans un bar, et v'là des gens qui arrivent avec leurs 33 tours, pour les autographes…
On rameute des musiciens de Saint-Vith, et tout le monde a joué ! Génial. En pleine nuit et en pure improvisation.»
«T’emmerdes tout le monde ici»
Ou l'histoire de bluff avec Phil Woods, considéré comme le plus grand saxo blanc: «C'est déjà un exploit qu'il arrive à Gouvy, dans mon bled. Je le loge dans un petit hôtel. Et v'là qu'il râle parce qu'il n'a pas CNN à la TV. On lui monte unebouteille de whisky pour le calmer.
Rien n’y fait. Je saute dans un taxi et j’arrive à l’hôtel. Je lui lance, range tes affaires, je te ramène à l’aéroport. Il voyait le taxi en bas. T’emmerdes tout le monde, ici. Tant pis pour le concert. Ici, t’es à la campagne. Mon coup de bluff a marché. Il s’est calmé. Et a raconté l’histoire au tout New York musical.»
La dernière, pas piquée des vers: «Dizzy Gillepsie, trompettiste américain, s'était mis à faire de la gym sur le balcon, mais à l'extérieur. Il y avait un attroupement aux pieds de cet hôtel de Vielsalm… J'arrive. Et pas démonté du tout, il me dit que la semaine précédente, il était monté sur le sommet d'un gratte-ciel à New York et y avait joué au tennis avec des copains. Bonjour les balles qui tombaient…
C'est lui qui – je le ramenais à l'aéroport -, a transformé ma voiture en bac à herbes. Il en cueillait à tout bout de champ, en disantqu'il n'en voyait jamais, à New York…»
Tout truculent qu’il est, le bouillant Claudy Lentz prend pourtant un air grave et sérieux quand on lui demande ce qu’il pense de la Belgique d’aujourd’hui. Son avis est tout en nuances. Sur notre pays mais aussi sur les banques et sur la spéculation qui menace le monde.
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A. V.