« Je serais mieux au ciel »
Publié le 12-05-2011 à 07h00
Pour que la discipline règne au camp de Deutz, la SS faisait régner la terreur. Les prisonniers jugés récalcitrants étaient enfermés dans un réduit, sorte de guérite:« Il était impossible de s'asseoir. On n'avait rien à manger, ni à boire. On devait rester là, le temps que cela leur plaisait ».
Irène et les siens sont restés un mois et demi au camp de Deutz. Les Américains les ont bombardés lors d'un raid sur Cologne:« On a été emmené dans les caves, sauf une femme qui était dans la guérite à ce moment-là. Elle est morte brûlée. Après l'attaque, tous les baraquements étaient rasés. On a dû rester dans ces sous-sols sans sanitaires et où il y avait des flaques d'eau croupie. Pour manger, on nous servait un bol d'eau avec trois navets qui flottaient à la surface ».
Irène et sa sœur Rosine ont bien essayé de s'enfuir:« On voyait des gens mourir tous les jours, femmes ou enfants. On a tenté le coup une seule fois. C'était un acte désespéré. Ma sœur n'allait pas bien. Elle déprimait. Elle n'arrêtait pas de dire qu'on n'allait jamais s'en sortir. Elle était tellement déprimée qu'elle aurait dit n'importe quoi aux gardiens. Je lui disais que si elle faisait cela, elle serait tuée. Elle me répondait qu'elle s'en moquait ; qu'au moins elle serait mieux au ciel. »
Irène Frères fait une pause. Émue, elle révèle que son père est décédé le 28décembre 1944, à l’âge de 60 ans. Il était affaibli et, à la suite d’un refroidissement, il était tombé gravement malade. Il est mort faute de soins. Joseph a lui aussi essayé de s’enfuir en passant par les barbelés. Il a été surpris par un garde et fusillé sur place.¦
Ph.C.