Quand hectares = dollars...

Des prix de location ont triplé sur le camp militaire. Des Grand-Ducaux achètent sur les frontières à des prix fous...

Quand hectares = dollars...
11751517 ©© EdA

Le milieu agricole est en constante évolution, le train de la concentration et de la libéralisation est en route.

Sous bail à ferme, le fermage légal est autour de 100 ¤, soit le revenu cadastral fois un coefficient légal : 2,8 en Famenne, 3 en Ardenne. Pour certaines parcelles militaires, le prix a grimpé au-delà de 300, dont 363 ¤ pour une prairie de haute valeur biologique. Les cinq cultivateurs évincés ont misé de 125 à 200, parfois 260. Pour eux, ceux qui ont emporté les soumissions à si hauts prix sont des «loups, des opportunistes». Une parcelle louée 38000 F l'an il y a neuf ans et partie à 23 000 ¤ : fois 24 en 10 ans!

Une telle flambée nourrit des rancoeurs compréhensibles. Les agriculteurs qui ont obtenu les prairies étaient déjà, eux aussi, locataires de l'armée. Pour certains, la nouvelle procédure et le délai très court pour rentrer les enveloppes scellées n'ont pas permis de contrôler l'évolution des prix. Pour d'autres, le besoin d'hectares supplémentaires pour s'agrandir a écrasé tout sur son passage. On parle même de déclarations de superficies pour une porcherie, alors qu'on ne peut rien épandre sur les prairies : paradoxale...

Requête auprès du ministre de la Défense, recours à un avocat spécialisé, on attend les suites juridiques pour les cultivateurs évincés. Sur un plan plus politique, cette situation est tout aussi paradoxale. Il existe une quasi-unanimité pour défendre les fermes familiales mais dans cinq ans, des industriels flamands pourraient tout aussi bien mettre le grappin tout à fait légalement sur ces prairies, qui peuvent être financièrement rentables même sans y faire quoi que ce soit! Il s'agira donc de revoir la législation en cette matière si les actions veulent coller aux discours...

Les Grand-Ducaux

achètent cher Le cas des locations du camp Roi Albert n'est pas isolé au rang des spéculations foncières. Tout le secteur agricole est soumis aux contraintes européennes et au système d'aides. Les hectares donnent des dollars, la chasse est ouverte! Et les frontières n'existent plus.

C'est ainsi que des agriculteurs grand-ducaux procèdent à des achats le long de la frontière belge. Certains ont même défriché des parcelles en zone forestière en toute illégalité pour obtenir surfaces et droit unique. Le pays de Gouvy y est particulièrement exposé. Le prix des terres y tourne autour de 12 ou 13 000 ¤ de l'hectare. Au Grand-Duché, on monte jusqu'à 22 000 ¤. Des Grand-Ducaux achètent donc à prix avantageux des terres agricoles en Belgique, en Allemagne et en France, notamment du côté de Longwy. E. Lk.

Pour accéder à cet article, veuillez vous connecter au réseau internet.
Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...