Gouvy : il avait provoqué l'incendie
Il a voulu brûler les souvenirs de son couple, le bâtiment à appartements a été détruit, mettant 20 personnes en danger.
Publié le 23-01-2010 à 06h00
La substitut du procureur du Roi Françoise Choque a réclamé, vendredi, sept années et demi de prison ferme contre Farid Moussaoui, 33 ans : six ans pour incendie volontaire, la nuit, d'un bâtiment habité ; un an pour vol et six mois pour destruction de sa cellule.
C'était le 10 mai dernier, jour de fête des mères, à Gouvy. Récompense de sa bonne conduite, Farid Moussaoui est en congé pénitentiaire et de retour. Sa femme lui apprend qu'elle rompt et il réalise qu'elle l'a trompé pendant son incarcération. Son monde s'écroule : vers 1 h, 1 h 30 du matin le lundi 11, il va à l'appartement du couple, rue du Chêneux, et met le feu avec un briquet à la couverture du lit et au divan. C'est la police, en patrouille, qui appellera les pompiers de Vielsalm. La vingtaine d'occupants des appartements est évacuée, les dégâts ne seront que matériels, mais quels dégâts !
Brute caractérielle et macho irrécupérable ou homme en reconstruction lâché par sa femme et anéanti ? Les deux thèses s'opposent, le président Luc Riguelle tranchera pour le 12 février.
« J'ai craqué »
« Je reconnais mes erreurs, mes torts, mais ils sont partagés, a expliqué l'incendiaire, pour conclure les débats. C'est mon épouse et elle ne m'a pas soutenu quand j'ai obtenu le bracelet électronique. Elle m'a trompé, j'ai été humilié. Je vais vous dire, M. le président, j'ai mis le feu au lit pour qu'elle ne baise plus jamais dans ce lit-là. J'ai craqué. » Plus tôt, il avait aussi insisté sur le fait qu'il a agi sur un coup de tête mais sans avoir jamais voulu mettre des gens en péril : « Je suis resté caché dans le jardin pour m'assurer que tout le monde était sorti de l'immeuble. En ressortant, j'ai poussé sur toutes les sonnettes. Après, j'ai réalisé. » Après, ça a aussi été une cavale de quelques jours avec la voiture de sa femme, l'arrestation et le retour à la case prison. Il reconnaît l'incendie, chipote sur les menaces aux copains de sa femme, sur les coups à celle-ci, nie le vol de la montre d'un autre détenu, une histoire de stups qui le mettait en rogne dit-il. Et il a bien saccagé sa cellule, mais parce qu'il déprimait et était sous un traitement lourd, les souvenirs le hantaient.
L'avocate de la belle-mère, de l'épouse et d'un copain le voit comme rejetant toujours la faute sur les autres, un jaloux maladif qui trouvait toutes les tenues de sa femme provocantes, qui surveillait ses SMS. Ils s'étaient mariés en prison où elle avait fait sa connaissance en allant voir un autre détenu. Un macho pur jus, selon une expertise.
La position du parquet est claire : « Et même si votre femme vous trompait, vous ne pouviez pas mettre le feu », lui a rappelé Mme Choque. La magistrate voit en Moussaoui « une véritable bombe à retardement qui peut, même en détention préventive, exploser à tout moment ». Son casier montre un passé extrêmement violent, notamment avec une fusillade dans un dancing en 2004. Il aurait menacé sa précédente femme, à ce qu'elle a raconté, de la découper, la donner à des cochons qu'il aurait fait manger par ses parents...
Son avocate a habilement plaidé la reconstruction de celui qui a eu une enfance de homes, qui a réussi des formations en langue, informatique et comptabilité, avec une conduite exemplaire. Et une femme qui a épousé ce prisonnier peut-être par jeu sans réaliser son importance. Obtiendra-t-elle de l'indulgence ?