Benoît Toussaint à Limerle: un prof rebelle qui «montre le mauvais exemple»
Le prof s'est bien rebellé et a insulté la police : huit jours de prison avec sursis, et un jugement qui rappelle des valeurs.
Publié le 09-01-2010 à 10h00
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Le vendredi 27 novembre, la police procédait à la perquisition de l'école « Périple en la demeure », à Limerlé (Gouvy). Cette école expérimentale applique la pédagogie nomade, l'autogestion conjointe par les enseignants et les élèves.
Cette perquisition, consentie par la préfète de l'athénée de Vielsalm dont l'école est une dépendance, visait principalement à trouver de la drogue, dont la présence était fortement soupçonnée par police et parquet. Chahuts nocturnes et vols faisaient également partie des plaintes enregistrées dans le village à l'égard des adolescents de l'école.
Lors de la perquisition, Benoît Toussaint, professeur de français, a refusé de se redresser afin qu'un chien drogue le renifle, puis il a lancé son café et a insulté les policiers. Il a fait mine de partir et a été plaqué à terre et menotté.
Au-delà des arguments de droit, le jugement rendu ce vendredi à Marche-en-Famenne, huit jours de prison avec sursis d'un an, évoque un certain nombre de valeurs fondatrices de la société et du droit.
Le président Luc Riguelle, à propos de la peine, retient le manque de respect du prévenu pour les autorités, sa réaction déplacée à la perquisition, et le « mauvais exemple qu'il a montré à ses élèves auxquels il doit inculquer le respect ».
Pas résistant sous l'occupation ennemie ! Le juge recadre aussi l'action de la police et les dispositions légales qui la fondent : « Les dispositions légales ne sont d'ailleurs pas à ce point insensées et combattues par le consensus social, qu'elles mériteraient la désobéissance et la révolte au même titre qu'une occupation ennemie. » La peine modérée et avec sursis se veut relative à la gravité intrinsèque des faits, peu élevée, et veut, dit en substance, le jugement, « inciter le prévenu, qui n'a jamais manifesté aucun regret, à une réflexion rédemptrice. » « En outre, dit encore le juge, le battage médiatique autour de son comportement indigne constitue en soi déjà une peine . »
Lois contraignantes
En ce qui concerne l'outrage, l'injure n'était pas contestée mais aurait été prononcée sans but d'insulter ni cible précise : le jugement dit que Benoît Toussaint s'est manifestement montré insultant envers le maître-chien. Pour la rébellion, le juge évoque les divergences entre trois procès-verbaux sur la chronologie précise de la scène avec la projection de café. Mais malgré les variations, l'acte volontaire est retenu. Le président Riguelle rappelle aussi que la police peut recourir à la force pour rechercher la drogue, s'il n'y a pas d'autres moyens, et que le prévenu devait se plier aux lois.
Lors de sa comparution en décembre, Benoît Toussaint et son avocat Me Vincent Sauvage avaient plaidé l'acquittement, ce que ne rencontre absolument pas le jugement.
Le parquet, en la personne du substitut Émile Lelièvre, avait requis une peine de prison d'un mois avec sursis et une amende de 200 €.
Déjà en appel
Le jugement est bien en deçà de la réquisition mais tout aussi éloigné de la déclaration d'innocence : quelques minutes après le prononcé, M. Toussaint, seulement représenté par un avocat, annonçait déjà qu'il interjetait appel.