Un contexte irrationnel et lourd
Le contexte irrationnel de cette audience et des faits évoqués aura finalement été aussi important que les faits et l'audience en eux-mêmes.
Publié le 12-12-2009 à 06h00
Un car et une camionnette, des voitures : élèves, profs et parents étaient une centaine à l'audience de vendredi matin. « Pas pour faire une quelconque pression, a assuré l'avocat du prof, mais pour appliquer la pédagogie horizontale. » Cette pédagogie met sur pied d'égalité profs et élèves, c'est l'une des originalités de l'école nomade, comme on l'a surnommée, par contraction avec la pédagogie nomade.
Les propos entendus vendredi sont clairs : un fossé sépare cette école de la justice. Pour Benoît Toussaint, les policiers sont venus perturber les cours ; pour son avocat, un seul aurait suffi pour perquisitionner.
Le substitut a cru bon de rappeler qu'on avait écrit n'importe quoi sur cette affaire, singulièrement sur internet : gifle à la démocratie, dictature digne du 111e Reich, etc. Il a rappelé les multiples plaintes dans le village de Limerlé, que la perquisition visait à vérifier. Ce jeune hospitalisé après une prise de champignons hallucinogènes, ce vendeur de cannabis très sollicité à Limerlé, les dégradations, vols, tapages nocturnes. La perquisition de l'école et de trois gîtes a ramené des pacsons vides, des hachoirs, des feuilles et des graines de chanvre ; un prof a été reniflé positif par un chien-drogue. Un policier a entendu un ado dire : « Heureusement qui n'sont pas venus lundi, les pacsons auraient été pleins. »
« Personne n'est au-dessus des lois à Limerlé », a martelé M. Lelièvre, choqué d'avoir vu la préfète insultée, et un élève cracher devant elle. Me Sauvage, lui, doute notamment que le chanvre trouvé soit stupéfiant. Des profs et des élèves affirment qu'on cherche à nuire à leur école.
La justice fera la part des choses.