1 000 l de lait = 150 € perdus par jour
Marc Grandjean est agriculteur à Courtil (Gouvy). Il trait chaque jour 70 laitières à perte et l'Europe ne veut rien entendre.
Publié le 27-06-2009 à 06h00
La ferme de Marc Grandjean abrite 70 vaches laitières. Ce cultivateur témoigne de la crise que traverse toute la profession : « Notre quotidien est catastrophique : on est payé à 20 centimes du litre et notre coût de revient est de 30, 35 centimes. En Wallonie, un quota moyen est de 1 000 litres par jour. Dans ce cas, la perte journalière est de 150 €. » Et pas besoin d'être commissaire européen pour faire la règle de trois : 4 500 € de perte par mois !
« Les trésoreries sont mises à mal, poursuit l'agriculteur gouvyon, il y a les banques, mais le climat est dégradé... On a déjà grignoté sur tout pour réduire les coûts de production. Et puis il y a les aléas climatiques et sanitaires... » Les manifestations se sont succédé, dont celle de Luxembourg, avec quel effet ? « L'Europe ne veut rien entendre, mais il faut adapter l'offre à la demande. Tant qu'il y a trop de lait, les prix sont bas. Mais les manifestations ont eu un autre effet : des agriculteurs ont fait des centaines de kilomètres pour venir manifester, la solidarité s'accroît dans la misère. » Y a-t-il d'autres pistes que l'Europe pour rétablir un prix rémunérateur ? « Il faut cibler la grande distribution car le prix au détail n'a pas bougé, lui. » L'impact de cette crise laitière est très concret, elle touche des familles, des exploitants ne vont pas résister et vont cesser la ferme : « Avec le nombre de fermes qui diminue, assure Marc Grandjean, c'est l'autonomie alimentaire qui est en péril, c'est la production de qualité qui est menacée. On ne sait pas arrêter la production comme ça. Nous devons payer les investissements qui sont pesants. On a remarqué que les gens, quand le prix du litre de lait se situe entre 20 et 25 centimes, augmentent leur production pour maintenir leurs rentrées. Quand le prix passe sous les 20 centimes, ils arrêtent. En Europe, la Belgique est un des pays où le lait est le moins cher ! Il faut un prix équitable. Si on revenait à un prix rémunérateur, cela aurait un tout petit impact sur le portefeuille des consommateurs : moins sur une année qu'un verre entre copains le samedi soir ! » Et puis Marc Grandjean constate autour de lui que le métier se rétrécit : « En Région wallonne, on dénombre 2 000 fermiers de plus de 65 ans et 1 000 qui ont moins de 35 ans... » E. Lk.