Des paquets alimentaires souillés par des rongeurs mis en vente dans les Aldi d’Athus et Florenville
Des déjections et des traces d’urine de rongeurs, des souris mortes, et même des paquets alimentaires en rayon rongés par des nuisibles… Les faits remontent entre 2020 et 2022. Aldi doit en répondre devant le tribunal correctionnel de Neufchâteau.
Publié le 07-02-2023 à 18h53
:focal(544x290:554x280)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/DE2J2LGNWNEFBNYTEGLNS5EDV4.jpg)
Entre 2020 et 2022, des présences répétées de petits rongeurs ont été détectées dans plusieurs magasins de la chaîne Aldi, ainsi que dans son immense centre logistique de Villeroux, sur la commune de Vaux-sur-Sûre.
Il est question de déjections et de traces d’urine au sol ainsi que sur les étagères de plusieurs magasins, de souris mortes dans des réserves et même pour les magasins d’Athus et de Florenville, de paquets alimentaires rongés, et donc contaminés, mis en vente en rayon. À Bütgenbach, l’Afsca a également détecté la présence de saletés dans les unités de congélation.
Sont également concernés par la présence de rongeurs, les magasins de Lontzen et Eynatten (Raeren) en province de Liège.
Tous ces magasins dépendent du dépôt de Vaux-sur-Sûre, qui a également dû faire face au même type de problématique.
Aujourd’hui, ces problèmes sont réglés. Mais ils se sont posés de manière récurrente entre septembre 2020 et juillet 2022. À tel point qu’une procédure pénale a été ouverte et des poursuites engagées contre la chaîne de supermarchés hard-discount.
Des discussions autour d’une transaction pénale étaient en cours. En clair, Aldi aurait pu payer une certaine somme d’argent qui lui aurait évité un procès. Un accord financier n’a visiblement pas été trouvé, puisque le hard-discounter
se retrouve aujourd’hui devant le tribunal correctionnel de Neufchâteau.
Une amende de 20 000 €
Le ministère public a requis une amende de 2 500 € (qui pourrait s’élever à 20 000 € avec les décimes additionnels), signalant qu’Aldi avait déjà payé toute une série d’amendes administratives.
"Nous ne contestons pas qu’Aldi a fourni des efforts pour régler les problèmes, mais ils auraient dû être fournis dès le départ, souligne la substitute du procureur du roi. La récurrence des préventions au niveau des magasins et des dates prouve que ce n’était pas le cas."
Le Parquet estime que la problématique venait du dépôt de Vaux-sur-Sûre, et que des produits Albona et Délipain contaminés n’auraient pas dû se retrouver en rayon. Et pointe donc des manquements dans l’autocontrôle.
Aldi, par la voix de son avocat, Me David Verwaerde, sollicite son acquittement (lire ci-dessous). Ainsi que l’irrecevalibité des poursuites. En évoquant simplement l’existence d’une transaction pénale en cours lors d’une précédente audience, Me Verwaerde estime que le ministère public a entaché les droits de la défense. Un argument balayé par la substitute soulignant que la confidentialité porte sur les discussions, pas sur le principe de la transaction.
Le jugement est attendu pour le 15 mars.
Aucun manquement selon Aldi
Aldi, par la voix de son avocat, Me David Verwaerde, plaide son acquittement. La chaîne ne nie pas la problématique, mais conteste tout manquement. "La seule présence de nuisibles ne justifie pas à conclure que des méthodes adéquates n’ont pas été mises en œuvre pour lutter contre leur présence ", avance l’avocat du barreau de Bruxelles, soulignant que c’est un problème bien connu au sein de la grande distribution.
Me Verwaerde a détaillé tous les efforts fournis par Aldi et les sociétés spécialisées qu’elle a engagées pour lutter contre les rongeurs.
"Un trou de 0,6 cm peut permettre l’accès de nuisibles. Les dépôts de la grande distribution sont un terrain adéquat pour leur développement. Un couple, au terme d’un an, peut engendrer 2000 individus", contextualise-t-il, pour faire comprendre à quel point il est compliqué d’éradiquer le problème. D’autant plus qu’il est interdit d’utiliser certains moyens efficaces, comme des plaques de colle ou des biocides.
"Ma cliente a mis en place des mécanismes de lutte préventive, Avec des procédures prévues en cas de présence de nuisibles", explique-t-il.
Multiples pièges posés, colmatage des points d’intrusion identifiés, nettoyages multiples… Et malgré tout, il reste encore et toujours des petits rongeurs. Aldi fait alors appel à une seconde société spécialisée, qui a repassé tous les magasins problématiques au peigne fin, ainsi que les 42 000 m2 du dépôt de Villeroux, à Vaux-sur-Sûre. Des capteurs "smart-eye" ont été posés qui détectent les passages et envoient une alerte.
"Tout cela porte ses fruits, la situation a été réglée", souligne l’avocat.
Comment expliquer que des paquets rongés et donc contaminés se soient retrouvés dans les rayons des magasins d’Athus et Florenville ? Le Parquet pointe des problèmes d’autocontrôle, estimant que les paquets, provenant du centre logistique de Villeroux, étaient souillés avant leur mise en rayon. "Rien ne prouve que la contamination venait du dépôt de Vaux-sur-Sûre, avance pour sa part Me Verwaerde. On ne peut pas assurer avec certitude que les produits visés étaient contaminés au moment de leur entrée en magasin".
On reproche aussi à Aldi la présence de saletés dans des unités de congélation et dans des réserves. Sur ce point aussi, l’avocat plaide l’acquittement de la chaîne de magasins.