Une présence humaine il y a 6 000 ans à Buzenol
En Gaume, une datation au radiocarbone révèle qu’un rempart a déjà été construit 4 000 ans avant J.-C. En plein néolithique. La présence humaine la plus ancienne en Luxembourg.
Publié le 20-08-2019 à 06h00
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Anne Cahen-Delhaye, archéologue et ancienne conservatrice en chef des musées royaux d’art et histoire, a déjà une longue carrière derrière elle. Mais la découverte scientifique qu’elle vient de faire à Montauban-Buzenol (Étalle) est sans précédent pour elle.
«Alors que je pensais toujours que la fortification de la tranchée des Portes entre Étalle et Saint-Léger était un exemple type des forteresses de l'âge du fer (VIIe ou VIe siècle avant J.-C.), nous avons obtenu récemment les résultats de trois échantillons de charbons de bois prélevés dans l'ancien rempart. Notre surprise est énorme. La datation au radiocarbone révèle que le rempart initial a été construit entre 4 000 et 3 790 avant notre ère, soit plus de 3 000 ans avant notre estimation», affirme Anne Cahen-Delhaye.
Cette découverte est assez extraordinaire. Elle révèle pour la première fois la présence d’une forteresse à l’époque du néolithique, l’âge de la pierre polie qui précède l’âge du bronze. C’est la place forte la plus ancienne en province de Luxembourg. Il y en a d’autres de cette époque, dans la vallée de la Meuse, à Bruxelles, en provinces de Hainaut et de Liège, ainsi qu’en Flandre.
Cette forteresse ancrée sur un éperon barré à l’est de Montauban (Étalle) s’appelle la tranchée des Portes et s’étend sur une superficie de 100 hectares. L’équivalent de 200 terrains de football. À l’époque, cet aménagement a nécessité une main-d’œuvre nombreuse.
La tranchée des Portes n’est pas un refuge comme le site voisin de Montauban, mais un oppidum, un site fortifié où l’on s’installe sur le long terme avec son bétail et ses cultures.
C’est une fortification qui doit son nom au profond fossé (5 m) qui précède son rempart. Constitué d’une levée de terre de plus de 3 m anciennement surmontée d’une palissade, ce barrage, percé de trois portes, s’étend sur plus d’1km.
Les révélations nouvelles au radiocarbone indiquent donc, de façon définitive, que la forteresse a été occupée durant trois périodes distinctes.
À l’époque du néolithique tout d’abord, 4 000 ans avant notre ère. Puis à l’âge du fer, lorsque les Celtes ont élevé le barrage vers le VIe siècle av. J.-C. et ont occupé la forteresse des Ve et IVe siècles jusqu’au Ier siècle après J.-C. Les fouilles ont révélé des ossements humains et animaux, des silex taillés, de la céramique ainsi qu’une sépulture à incinération (un bûcher).
Plus tard encore, du Ier au IIIe siècle de notre ère, des vestiges d’habitat gallo-romain ont été retrouvés sur place.