L’écriture cursive meurt-elle ? Les États-Unis donnent le ton
45 États américains vont proposer l’écriture cursive en option.Les spécialistes sont divisés. Certains pensent qu’apprendre deux écritures est inutile.
Publié le 23-08-2013 à 06h00
Priorité: savoir utiliser un clavier.
Les États-Unis sont-ils occupés à signer l’arrêt de mort de l’écriture cursive? Ce qui est encore impensable chez nous, se concrétise de l’autre côté de l’Atlantique. Un total de45 États américains vont proposer l’écriture cursive en option. Ils doivent adopter des orientations de programmes scolaires communes pour 2014 en mathématiques et en anglais. C’est la maîtrise du clavier qui est prioritaire à la sortie de l’école élémentaire. Quelques États dont la Californie, la Géorgie et le Massachusetts, ont ajouté l’écriture cursive à leur programme. Mais la plupart des autres, comme l’Indiana, l’Illinois et Hawaï ont laissé le choix aux districts scolaires.
Chez nous en Belgique, les ordinateurs ont envahi les auditoires, les salles de presse et de réunions, mais pas encore toutes les classes des écoles secondaires et encore moins des écoles primaires. Outre-Atlantique, pour certains pédagogues, il est superflu d'apprendre deux façons d'écrire. Dans des articles de presse français, on apprend que Steve Graham, professeur de pédagogie à l'université Arizona State, s'est penché sur l'apprentissage de l'écriture. Il conclut: «Il y aura plein d'enfants qui n'apprendront pas la cursive. La compétence la plus importante maintenant, c'est de taper sur l'ordinateur.»
L'écriture, la vraie, a néanmoins ses partisans, dont la graphothérapeute Anne Zachary qui souligne ses bienfaits sur les capacités psychomotrices des enfants. Elle les relie aussi au passé, aux textes anciens, ou aux courriers de nos aïeuls. «Des scientifiques sont convaincus qu'à côté du numérique, il ne faut pas laisser de côté l'écriture manuscrite car elle favorise la pensée dans la spatialité, les prises de décisions rapides, l'anticipation et la faculté à élaborer des stratégies. Que restera-t-il de nous si nous n'écrivons plus rien, que nous nous contentons d'une signature en bas d'un texte? Notre écriture fait partie de notre identité .»
Dans un article du Figaro, Eldra Avery, professeur de langage et de composition dans un établissement californien, plaide également en faveur de l'écriture cursive pour la rapidité de rédaction. Eldra Avery doit réapprendre à ses élèves de terminale l'attaché, pour qu'ils réussissent mieux leurs examens de fin d'année. «Ils doivent écrire trois rédactions en deux heures. Ils ont besoin d'aller vite. La plupart ont appris l'écriture cursive en primaire et l'ont oubliée. Leur calligraphie est déplorable».
Dustin Ellis, enseignant à l'école élémentaire Big Springs, à Simi Valley en Californie, n'est pas de cet avis : «Quand un jeune peut écrire par texto 60 mots en une minute, cela signifie qu'on part dans une nouvelle direction. L'écriture cursive est de moins en moins importante.»
Par contre en Belgique, on est dans un scénario inverse. Peu d’élèves savent taper à dix doigts à la sortie des secondaires. Ce qui était la compétence des secrétaires est pourtant devenu une nécessité pour tous. Peut-être faudrait-il prévoir une heure obligatoire dès la fin des primaires, ou au début des secondaires, afin de développer une certaine agilité et rapidité dans la frappe. Entre le système américain et le nôtre, il y a certainement des paliers que l’on pourrait franchir sans nuire à l’écriture cursive.