La centenaire Marie, rescapée de Briscol, s’en est allée
Marie Collas, âgée de 101 ans, vient de s’éteindre dans sa maison natale de Briscol (Érezée). Elle a connu le massacre de Briscol en 1914.
Publié le 06-08-2014 à 06h00
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Il y a un peu plus d’un an, Marie Collas fêtait son centenaire. Cette dame alerte, au caractère déterminé, s’en est allée le 4 août en soirée. Juste aux débuts des commémorations de la Grande Guerre. Elle qui est née peu avant la Première Guerre mondiale, le 8 juillet 1913, à Briscol, dans la maison natale de Mélanie Breuskin et d’Hector Collas, ses parents. Dans laquelle elle habitait toujours.
À peine un an plus tard, la guerre éclate. Les Allemands incendient presque toutes les maisons de Briscol. Pour échapper aux flammes, Mélanie, sa maman, s’enfuit en tenant dans ses bras Marie. L’envahisseur, tirant sur tout ce qui bouge, atteint les deux malheureuses. Une balle transperce le flanc de la maman et Marie sera touchée à la plante du pied. Elles seront soignées par un médecin allemand. La famille s’agrandit ensuite avec Albert, Marie-Madeleine et puis Jeanne.
En 1926, sa maman Mélanie meurt alors que Marie n’a pas encore 13 ans. L’aînée de la famille doit quitter l’école pour aider sa grand-tante à élever ses petits frère et sœurs.
Elle a protégé une enfant juive
En 1940, la guerre éclate à nouveau et Hector, le papa, rescapé du massacre de Briscol, prend peur et fuit vers la Bretagne avec ses trois filles, dans le village de Plogoff.
Le papa Hector y trouvera la mort dans un accident agricole. Désormais orphelines, elles rentrent seules à Briscol en septembre 1940 et Marie devient chef de ménage, son frère Joseph étant prisonnier en Allemagne.
Marie épouse Thomas Peter, rencontré avant le début de la guerre, en 1941. Joseph naît en 1942 et Christiane en 1944. Malgré l’occupation allemande, Marie et Thomas protègent une enfant juive, Élisabeth Lemberger, qui lui a ensuite écrit chaque année depuis les États-Unis. Ils viennent en aide également aux citadins qui souffrent de la privation de nourriture. Ils cachent aussi des gens de l’armée blanche.
La paix revient enfin et la vie reprend doucement son cours.
En 1946, Jean-Claude naît puis, en 1948, les jumeaux Suzanne et André. La petite dernière, Bernadette, arrive en 1955.
La vie se poursuivra dans la ferme familiale, au gré des évolutions du secteur.
Quinze petits-enfants viendront égayer de nouveau le foyer de Marie et Thomas qui, en 1991, fêteront leurs noces d’or. Cinq ans plus tard, malheureusement, Thomas décédera.
Marie surmontera sa tristesse grâce au bonheur apporté par ses enfants, ses petits-enfants et ses dix-neuf arrière-petits-enfants.