Procès du meurtre de Tarzan: "Les accusés ont cherché tout et n’importe quoi pour s’en sortir"
Les plaidoiries ont débuté ce jeudi devant la cour d’assises au procès du meurtre d’Antoine Marchal avec la parole aux parties civiles.
Publié le 23-03-2023 à 20h09 - Mis à jour le 23-03-2023 à 20h10
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Le procès du meurtre d’Antoine Marchal, à Bomal le 31 août 2020, est entré dans sa seconde partie ce jeudi devant la cour d’assises du Luxembourg avec le début des plaidoiries. Trois accusés doivent répondre du meurtre de celui que l’on surnommait Tarzan: sa fille Mélissa Sauvage ; l’ex de celle-ci, Renaud Dessart et un copain Fabrice Duchesne. Un 4e accusé doit juste répondre du recel d’un GPS dérobé à la victime, lors de la virée des trois autres à Bomal.
Et de ce 4e accusé, il n’en a d’ailleurs pas été vraiment question lors des plaidoiries des avocats des parties civiles.
Première à prendre la parole, Me Stéphanie Coste a déploré que le procès soit parfois celui de la victime, que Mélissa Sauvage a accusé de fait de mœurs alors que ceci n’a jamais été étayé. "Antoine Marchal ne peut s’expliquer devant un juge et d’ailleurs pour ses proches, tout ceci ne colle pas", pointe l’avocate. Selon elle, la plus jeune fille d’Antoine Marcha, âgée alors de 13 ans qui a soutenu, avoir été violée par son père en en parlant à Mélissa Sauvage, était "influençable".
Mais pour Me Coste, le trio avait par contre un plan en se rendant chez Antoine Marchal. "Tout était là: les accusés avaient besoin d’argent car besoin de drogue ; et l’idée d’une fausse facture de vente de la voiture d’Antoine Marchal avait même été imaginée.", souligne-t-elle.
"Docteur Sauvage"
Me Antoine Rase a aussi abondé dans le sens du plan. Et de relever: "On avait même prévu comment se répartir le prix de vente de la voiture".
Me Laurent Pacolet, avocat de l’une des filles d’Antoine Marchal, a lui égratigné Mélissa Sauvage, la surnommant "Docteur Sauvage" vu ses confidences à des tiers pour présenter la victime comme pédophile.
"Elle est tellement menteuse qu’elle change son point de vue au fil du dossier, dit Me Pacolet. C’est un chat redoutable qui retombe sur ses pattes."
L’un "justicier" et l’autre a "besoin d’argent"
Après ce tout de chauffe de ses confrères, Me Alexandre Wilmotte a, lui, épluché le dossier devant la cour et le jury, tout au long de deux heures de plaidoiries. L’avocat hutois se plongeant dans les auditions des accusés et les pièces relevant des échanges de messages des accusés par téléphone y compris à des tiers.
"Mélissa Sauvage, quand elle incarcérée après son interpellation, crache sur celui qui est mort et rejette la faute sur les deux autres ", a d’abord épinglé Me Wilmotte. Le conseil décrivant Renaud Dessart comme "le justicier" prêt à suivre Mélissa Sauvage par amoureux. Une accusée qu’il estime avoir été l’instigatrice.
"Si on les suit, les trois accusés sont victimes des deux autres", relève l’avocat des parties civiles en évoquant le rejet de responsabilité des accusés ; aucun n’estimant être responsable des coups qui, selon l’accusation, ont causé la mort d’Antoine Marchal.
"Ils ont cherché tout et n’importe quoi pour s’en sortir et pour introduire chez vous un doute, mais un doute déraisonnable", a lancé le plaideur.
Si pour Me Wilmotte, Renaud Dessart a été guidé par amour, Fabrice Duchesne aurait agi pour obtenir de l’argent, grâce à la vente de la voiture d’Antoine Marchal emportée aussi lors de la virée du 31 août 2020 chez Tarzan.
"Il s’agit de voler la voiture et de la vendre, il a même déjà réfléchi à un acheteur avant les faits ", retient l’avocat. Me Wilmotte estime aussi que le trio savait "qu’il y aurait de la violence avant même que les faits se produisent".
Une "sorte d’alibi"
Mélissa Sauvage a admis à demi-mot avoir donné un petit coup lors de la virée à Bomal. Une "visite" qui, selon ce qu’elle soutient, avait pour but de soutirer des aveux de la victime sur des faits de mœurs. Mais selon l’accusée, cela aurait dérapé.
"Le fait qu’elle mette un coup encourage les autres à agir", en déduit le conseil des parties civiles, évoquant aussi une "sorte d’alibi " de Mélissa Sauvage qui a avancé que son père se serait suicidé.
"Elle parle du suicide de son père avant même que le corps soit découvert", dit encore Me Wilmotte.
Du côté des partics civiles, on retient une absence de désolidarisation du trio, qui savait très bien qu’Antoine Marchal était mort. Et pour les proches de la victime, les trois accusés se sont rendus coupables de meurtre.